Afab
La contractualisation encore loin de satisfaire
Alors que le marché céréalier fait de nouveau preuve de sa grande volatilité et se déconnecte toujours plus des prix de la viande, la contractualisation est au cœur des préoccupations de l’Association des fabricants d’aliments du bétail (Afab). Et pour cause, lors de la conférence de presse de l’association qui s’est tenu le 16 juin dernier, Yves Tregaro, chef du bureau prospective chez FranceAgriMer a rappelé qu’ « auparavant, lorsque le prix de l’aliment était élevé, le prix de la viande l’était aussi. Cette synchronisation a perduré jusqu’en 2005-2006. Depuis, les prix s’agitent et varient fortement, et de manière totalement opposée ». Evidemment, pour pallier à cette déconnection, mais aussi au manque de visibilité des éleveurs, la contractualisation semble s’imposer. Yves Tregaro a d’ailleurs tenu à préciser que « la contractualisation dans le porc et le secteur de la volaille est une chose qui existe depuis longtemps aux Etats-Unis mais aussi en Europe ».
Différents types de contrats
En effet, outre-Atlantique, 92 % de la production porcine sont liés à la notion de contrat. Les 8 % restants constituent un marché spot, indispensable pour « maintenir un équilibre offre et demande », selon Yves Tregaro. Mais la contractualisation est une notion vaste qui regroupe en réalité plusieurs types d’accords. Dans un contrat de marché par exemple, l’acheteur interfère peu sur l’éleveur. Le contrat qui le lie à l’acheteur ne définit que la date de livraison, le prix de sa viande, et des caractéristiques sur le produit fourni. Alors que « le contrat de production lui laisse moins de liberté. La date de livraison et le prix de vente sont également fixé à l’avance, mais les intrants lui sont fournis. L’éleveur intervient donc de moins en moins dans les décisions, il est soumis aux directions données par l’intégrateur avec la fourniture du porcelet par exemple, de l’aliment, de la génétique, des aspects sanitaires, etc. », explique Yves Tregaro. Le chef du bureau prospective ajoute d’ailleurs que « plus on avance vers l’intégration total d’un contrat de production, plus c’est la structure d’aval qui va prendre l’ensemble des risques ».
Et en France ?
Loin de cette intégration totale, la contractualisation est tout de même d’actualité dans l’Hexagone avec le projet de loi de modernisation agricole et de la pêche. Dans ce cadre, une liste de produits sur lesquels sera imposée la contractualisation paraîtra le 1er janvier 2013. Lesdits contrats auront une durée minimale comprise entre un et cinq ans, et définiront les caractéristiques du produit à livrer, le volume total, la répartition au cours de l’année, ainsi que les modalités de livraison et de collecte du produit. Mais pour obtenir des marges de production rentables, les éleveurs attendent avant tout une contractualisation qui fixe les prix d’achat de leurs viandes, or la grande distribution ne semble pas prête à intégrer le processus, selon les participants de la table ronde qui a conclu la conférence. Yves Tregaro avertit d’ailleurs que « dans le secteur bovin il y a une diversité qui rend difficile toute notion de calibrage, par rapport a une volaille ou même un porc, raison pour laquelle les industriels sont très réticents à la mise en place de contrats ».