Meunerie / Boulangerie
La Bleuette, pour faire un acte citoyen en achetant son pain
En optant pour la baguette développement durable initiée par la Générale des farines, le boulanger s’engage à sensibiliser ses clients.
« C’EST à LA boulangerie que les enfants réalisent leur premier acte d’achat », observe Jean-Marie Poncey, directeur général de la Générale des farines, groupement de meuniers indépendants à l’origine de La Bleuette. Ses instigateurs ont voulu exploiter et conforter le statut de « lieu de pédagogie » de ce commerce de proximité et permettre aux boulangers qui le souhaitent de « se positionner comme promoteur du développement durable ».
Environ 300 artisans séduits en deux ans
Avec La Bleuette, « les boulangers peuvent revendiquer 100 % de pains avec une approche développement durable », se réjouit Jean-Marie Poncey. Les artisans peuvent en effet proposer une gamme entière issue de blés CRC (cf. n°3934), en élaborant un pain courant à partir de la farine Bleuette, et une baguette de tradition française avec l’autre farine phare du groupe, La Bagatelle (15.000 t/an), deux T65. Et depuis septembre 2011, ils disposent de La Bleuette épeautre, la version rustique. Simple moyen de se démarquer ou reflet d’une conviction, La Bleuette séduit. Lancée en décembre 2009, elle représente un volume de « 7.000 t de farine par an livrée à près de 300 boulangeries artisanales. Et le développement continue », indique Jean-Marie Poncey. Chaque mois, 5 millions d’unités sont consommées « un peu partout en France ». Au-delà de la logique de gamme, « les professionnels étaient demandeurs de démarches autour du pain courant», rapporte le président de la Générale des farines. Sur la dernière décennie en effet, la communication a surtout porté sur la tradition. « De plus en plus de boulangers proposent exclusivement cette baguette, mais ce n’est pas toujours le cas. » La démarche suppose en effet une remise en question du travail de l’artisan et des moyens suffisants. Le pain courant représente encore 2/3 des ventes et n’est donc pas à négliger, précise Caroline Benaroch, responsable communication de la Générale des farines.
Des engagements économiques et sociaux
La Bleuette n’est pas qu’un complément de gamme. Elle va plus loin en se positionnant comme la première baguette développement durable. En choisissant de fabriquer ce pain, les boulangers s’engagent à respecter certains principes ayant trait à l’environnement, mais aussi sociaux et économiques. Ils deviennent par la même, comme tous les opérateurs de la filière, partenaires du label Alliance durable (charte couvrant l’ensemble des composantes développement durable liées au groupe).
Sur le plan économique, nous avons « un pacte avec le boulanger pour un prix équivalent à celui d’une baguette classique », entre 0,85 et 0,95 €/t, explique Jean-Marie Poncey. Ce produit ne devait pas être élitiste mais « accessible au plus grand nombre », insiste Caroline Benaroch. A l’initiative des maires, jugeant le bio trop onéreux au quotidien, certaines cantines se tournent d’ailleurs vers La Bleuette.
Le volet environnemental repose en premier lieu sur l’utilisation de blés CRC, garante de pratiques culturales et d’une sécurité alimentaire. L’accès à un approvisionnement de proximité s’inscrit aussi dans cette logique. Il est garanti par le maillage national des 10 moulins du groupe. Le boulanger est par ailleurs tenu d’utiliser des étuis et mousselines fabriqués avec du papier recyclé ou issu de forêts écogérées, et imprimés avec des encres non polluantes. Il propose aussi à ses clients des sacs à pain en coton bio certifié issus du commerce équitable. L’artisan doit d’une manière générale utiliser des matériaux recyclables ou biodégradables, et assurer une gestion durable de ses déchets.
Concernant la composante sociale, Alliance durable a reversé en 2011, 10.000 € (calculés sur la base du CA généré) à des associations caritatives. L’artisan est par ailleurs sensé sensibiliser au développement durable. Le premier message certainement relayé s’appuie sur le nom même de la baguette : dans les champs de blés CRC, les bleuets, fleurs sensibles aux excès de désherbants, réapparaissent ! La boulangerie, premier lieu d’achat des enfants, qui sont aussi souvent « prescripteurs des choix » du foyer, exploite ainsi sa vertu de lieu pédagogique, explique Caroline Benaroch. En plus des explications au quotidien, deux événements sont proposés en boutique, à la rentrée des classes et lors de la semaine du développement durable, en avril. « Nous proposons des animations ludiques pour sensibiliser à la biodiversité, la solidarité ou la gestion des déchets, sans ennuyer ». En 2012, année internationale des énergies durables, l’accent sera mis sur le réchauffement climatique. La démarche vise juste « à montrer que chacun peut faire un effort pour améliorer la situation. Ce n’est pas que le problème des autres. »