Nutrixo
« Il faut exporter la french touch de l’amont à l’aval »

La Dépêche-Le Petit Meunier : De nombreux pays ou organisations prennent en main la culture de terres qu’ils louent ou rachetent à l’étranger, en Afrique ou dans les pays de l’Est par exemple. Y a-t-il des opportunités à saisir pour la France ? Et pour votre entreprise ?
Hubert François : Meunerie et agronomie ont une carte maîtresse à jouer sur le créneau international. Il faut exporter la french touch. Aujourd’hui les structures qui achètent des terres ne sont pas organisées. Les petits paysans vont en effet devoir céder la place à des systèmes bien plus importants. De plus, après la mise en valeur des terres, viendra celle des produits qui seront vendus et rachetés par d’autres pays. C’est là que nous pouvons intervenir. Les connaissances acquises par les coopératives en matière de conseil peuvent se décliner au delà des frontières. La France a historiquement l’expertise de l’agronomie. Mais nous souhaitons aller plus loin en travaillant sur l’ensemble de la chaine, de l’agronomie à la transformation. Nous avons lancé une équipe sur ce sujet au sein de la structure GMP expertise dont l’un des métiers de base est le conseil, à travers des missions en conception et amélioration de moulins, de sélection variétale... Nous en sommes au stade agronomique via Champagne Céréales (voir encadré). Dans le futur, des coopérations techniciens Champagne Céréales/meuniers Nutrixo, dans le cadre de contrats avec les pays qui achètent des terres du type Arabie Saoudite ou Sénégal, sont tout à fait envisageables. Les investisseurs vont également installer des usines de transformation, et une collaboration à ce sujet serait intéressante. Ce développement est en tout cas basé sur le long terme.
LD-LPM : Plus généralement, comment jugez-vous cette tendance à l’achat de terres ?
H F : L’achat de terre est une vraie problématique au niveau mondial. Ainsi, beaucoup de terres ne produisent qu’un vingtième de ce qu’elles pourraient fournir. Je pense qu’il peut y avoir un potentiel important de croissance dès qu’on alliera des connaissances à la fois en agriculture et stockage. Car le problème, selon moi, est que les initiatives actuelles, de la Chine ou de l’Arabie Saoudite, n’impliquent pas forcément une bonne connaissance de l’agronomie. De plus, même si la Chine cultive du blé en Afrique, il n’est pas du tout sûr qu’il revienne en Chine un jour. A mon sens, leur idée n’est pas forcement de sécuriser leur approvisionnement mais plutôt leurs prix. Si les cours explosent, les investisseurs sont en quelque sorte protégés. Ce qui explique le fait que ces initiatives aient fleuri durant la crise financière.