Guerre en Ukraine : « Nous avons besoin d’un moratoire de quelques mois au moins sur le maïs énergie »
Nicolas Coudry-Mesny, président d’Eurofac, estime nécessaire un moratoire sur la production européenne d’éthanol à partir de maïs.
Nicolas Coudry-Mesny, président d’Eurofac, estime nécessaire un moratoire sur la production européenne d’éthanol à partir de maïs.
Acheteur pour Soal (Maïsadour), Nicolas Coudry-Mesny tirait, dès le 26 février, la sonnette d’alarme au niveau européen sur les difficultés d’approvisionnement de l’Europe du Sud en maïs. Par ailleurs président d’Eurofac qui regroupe les syndicats français de la nutrition animale pour les représenter au niveau européen, et également vice-président de la Fefac, il estime nécessaire un moratoire sur la production européenne d’éthanol à partir de maïs, au moins pour quelques mois, afin que l’UE ait le temps de reconstruire des filières d’approvisionnement en maïs d’Amérique du Sud et du Nord pour remplacer les volumes origine mer Noire et mer d’Azov, indisponibles. « Le maïs est réellement l’urgence pour l’instant dans l’UE, surtout pour nos collègues fabricants d’aliments pour animaux du Sud qui sont dépendants de leurs importations. L’Espagne en importe par exemple 5 Mt par an et l’Italie 2 Mt. Nos collègues vont être en rupture dès le mois d’avril.»
Autoriser l'importation de maïs argentin et états-unien
« Nous avons donc demandé, au niveau européen, un assouplissement ponctuel des limites de certains pesticides. Ces mesures sont encadrées et discutées avec la direction générale Santé et reprennent les niveaux maximum du Codex Alimentarius afin d’avoir la possibilité d’importer des maïs d’Argentine. De même pour pouvoir importer des maïs états-uniens, porteurs d’empilement d’évènements OGM autorisés individuellement. Mais, même si des bateaux peuvent charger rapidement, il y aura toujours les délais d’acheminement, soit une trentaine de jours. Et, dans le même temps, nous voyons des acheteurs du Nord de l’Europe qui viennent acheter tous les volumes disponibles non pas pour l’alimentation animale ou humaine, mais pour produire de l’éthanol. Il est même question de bateaux de 25 000 t qui partent de Bretagne ! Se pose la question de priorité d’usage en cas de crise entre le Food & Feed face aux autres utilisations industrielles. »
La tension sur le maïs pourrait donc très bien impacter les productions françaises d’aliments pour animaux dès cet été. La substitution du maïs par le blé reste en tout cas difficile dans un marché très tendu.