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Guerre en Ukraine - Les surfaces de tournesol reculeraient de 35%

Les récoltes ukrainiennes de tournesol devraient fortement décrocher d'un an sur l'autre, d'après Ukragroconsult. En revanche, celles de colza se hisseraient à des niveaux habituels, à 2,88 Mt, les semis ayant été faits en hiver dans près de 95% des cas.

© TheOtherKev-Pixabay

Les assolements de tournesol 2022 en Ukraine (campagne commerciale 2022/2023) sont attendus à 4,4 Mha, contre 6,75 Mha en 2021, soit un repli annuel de 35%, rapporte au 6 avril le cabinet d'analyse Ukragroconsult lors d'un webinaire. Ceci en raison notamment de la guerre qui y fait rage, sachant que bon nombre de zones traditionnellement productrices de tournesol se trouvent à l'Est, là où l'activité militaire est la plus élevée.

 

 

En termes de volumes, la récolte nationale 2022 tomberait à 10,35 Mt, contre 16,48 Mt en 2021. Les rendements reculeraient légèrement, le tournesol n'étant guère exigeant en termes d'intrants, passant de 2,46 t/ha à 2,38 t/ha, d'après l'analyste.

 

Des exportations d'huile de tournesol en hausse entre 2021/2022 et 2022/2023?

Toutefois, malgré cette chute de production, les expéditions d'huile de tournesol pourraient fortement progresser entre les campagnes commerciales 2021/2022 et 2022/2023. Le potentiel d’exportation était prévu pour 2021/2022 par Ukragroconsult à 7 Mt. Or, seules 2,941 Mt sont effectivement sorties du pays entre septembre et février, plus 106 000 t en mars. Sur avril-août, l’analyste ukrainien table sur des expéditions de 553 000 t, laissant un stock potentiellement exportable de 3,4 Mt environ fin 2021/2022. Par conséquent, l'analyste ukrainien table sur des exportations d'huile de tournesol à 6,5 Mt en 2022/2023, contre 3,6 Mt lors de la campagne antérieure !

Les raisons justifiant ce constat de lourds stocks d’huile et de grains : basiquement les mêmes que pour le maïs, à savoir les difficultés pour les agriculteurs ukrainiens de vendre leurs graines lors de la campagne 2021/2022, faute d'usine de trituration capable de recevoir les marchandises (fermetures, voire destructions par les combats), et le blocage des ports rendant impossible les expéditions en masse, sachant que le tournesol (son huile surtout) est essentiellement destiné à l'exportation. « Les stocks de graines de tournesol sont très élevés, entre 6,5 Mt et 7 Mt, car bon nombre n’ont pu être vendues et triturées, faisant pression sur les prix du marché physique local. Il faudra faire attention à la qualité. Un stockage trop prolongé peut engendrer des moisissures, des baisses de taux d'huile dans les grains... Et les combats peuvent détruire des silos », alerte Serguey Feofilov, dirigeant d'Ukragroconsult, illustrant les difficultés d'établir des prévisions fiables.

 

 

Laurent Berthelier, directeur trading de Feed Alliance, a précisé qu'environ « 10 usines de trituration sont encore fonctionnelles dans le pays, qui en compte aux alentours de 70. La plupart d'entre elles sont situées dans l'est du pays, là où l'activité militaire est la plus intense », lors des journées matières premières de l'Aftaa (Association française des techniciens de l'alimentation et des productions animales) le 7 avril.

« Nous avons une usine de trituration de graines de tournesol autour de Kherson en joint-venture. Les semis, la trituration et l’accès aux ports vont être extrêmement compliqués », ajoute le même jour Jean-Christophe Bodénan, trader de Cargill.

 

Production de colza en légère baisse en 2022 après le haut niveau de 2021

Concernant le colza, les inquiétudes quant aux assolements, les exportations et la future récolte sont bien moins vives que pour le tournesol, « plus de 95% des cultures ayant été semées en hiver », explique Serguey Feofilov. Dans le détail, la surface nationale atteindrait 1,1 Mha cette année, contre 1,15 Mha l’an dernier d’après Ukragroconsult. Les rendements passeraient d’un an sur l’autre de 2,92 t/ha à 2,62 t/ha, et les volumes passeraient de 3,06 Mt à 2,88 Mt, à un niveau jugé habituel, et les exportations de graines de 2,685 Mt à 2,650 Mt. « Environ 300 000 ha se trouvent dans des zones d’intense activité militaire », prévient Serguey Feofilov.

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