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Grippe aviaire : l’évolution de l’épidémie

SELON LE DERNIER rapport du Conseil international des céréales (CIC), la plus récente flambée du virus hautement pathogénique de la grippe aviaire (H5N1) a débuté en 2003 et est vite devenue le cas le plus grave jamais enregistré lorsqu’elle s’est rapidement propagée en Asie de l’Est. La Corée du Sud a signalé une épizootie en décembre 2003, suivi du Viet Nam, du Japon, de la Thaïlande, du Cambodge, du Laos, de l’Indonésie, de la Chine et, en août 2004, de la Malaisie. La Russie et le Kazakhstan ont signalé leurs premiers cas au milieu de 2005 puis ce fut le tour de la Turquie et la Roumanie en octobre.

Asie de l’Est, gros impact

La Corée du Sud a signalé un foyer de grippe aviaire en décembre 2003 et a détruit quelque 4 millions d’oiseaux aux termes de mesures de contrôle sur un cheptel national de 109 millions. Le secteur avicole avait déjà accusé une petite dépression du fait du ralentissement de l’expansion économique et d’un essoufflement de la demande des consommateurs mais ce phénomène a été exacerbé par les épizooties. La production d’aliments composés pour les poulets a chuté de 5 % entre janvier et juin 2004 mais elle s’est redressée depuis tandis que les craintes des consommateurs se dissipaient. Le maïs est le principal ingrédient céréalier dans les aliments composés pour animaux en Corée du Sud ; il est estimé que son utilisation dans l’alimentation animale a chuté à 6,4 Mt (6,7 Mt) en 2004/2005, avec une modeste reprise à 6,5 Mt, projetée pour 2005/2006. Le blé est aussi utilisé en quantités non négligeables, en fonction de la relation de prix, et le volume d’utilisation est placé à 1,4 Mt 2004/2005 (1,1 Mt) et 1,6 Mt en 2005/2006.

Le Viet Nam a signalé une épizootie de grippe aviaire au début de janvier 2004 avec des récurrences constantes. Quelque 60 millions de poulets ont été abattus aux termes de mesures sanitaires sur un cheptel total d’environ 260 millions. Toutefois, l’impact sur le total de l’utilisation dans l’alimentation animale a été limité du fait de la forte croissance des autres secteurs de l’élevage, notamment le secteur porcin. Les estimations de la filière suggèrent que la production commerciale d’aliments pour animaux n’a chuté que de 4 % en 2004, pour tomber à 3,7 Mt, du maïs et de la farine de soja pour l’essentiel. Les importations de céréales fourragères sont relativement modestes avec des achats annuels de l’ordre de 0,1 Mt.

Une épizootie de grippe aviaire a été signalée au Japon début janvier 2004, ce qui a entraîné l’abattage de 300.000 oiseaux mais n’a eu qu’un impact limité sur les besoins locaux en aliments pour la volaille. Si la consommation a accusé un net recul en 2004, ceci traduisait principalement la perturbation des importations, provoquée par des épizooties de grippe aviaire chez les pays fournisseurs traditionnels, notamment la Thaïlande et la Chine. Ces pays sont à l’origine d’environ 70 % des importations japonaises de volaille.

En Thaïlande, la maladie a été confirmée dans des élevages de poulets à la fin de janvier 2004, avec de nombreuses récurrences depuis. L’épidémie a eu un impact marqué sur la filière, entraînant des abattages massifs de cheptel et un effondrement de la demande, notamment à l’exportation. La croissance rapide du secteur au cours des dix dernières années avait été dopée par un rapide essor des exportations, qui arrivaient en quatrième position du palmarès mondial en 2003. Bon nombre de pays ont imposé des interdictions sur les importations de viande de poulet thaï suite aux épizooties de grippe aviaire, mais les échanges de produits volaillers cuisinés ont repris rapidement, même si les expéditions restent à des niveaux très inférieurs. Le maïs est la principale céréale fourragère en Thaïlande et il est cultivé localement pour l’essentiel, avec une utilisation moyenne de l’ordre de 4 Mt par an. La part du maïs dans l’alimentation animale en 2003/2004 aurait chuté à 3,1 Mt avec une hausse limitée depuis.

En Indonésie, la grippe aviaire a été officiellement signalée au début de février 2004 et, du fait des récurrences généralisées, elle est désormais considérée comme endémique. L’abattage des élevages et un programme de vaccination a permis de réduire le nombre de cas, mais la maladie reste difficile à contrôler chez les producteurs de petite taille, très nombreux en Indonésie. La production et la consommation de volaille sont jugées avoir chuté d’environ 14 % en 2004, et toute reprise est entravée par l’apparition de nouveaux foyers. L’utilisation de maïs dans l’alimentation animale est estimée être tombée à 3,5 Mt (4,1 Mt) en 2004/2005, avec un niveau analogue projeté pour cette année. Les importations ont dégringolé à moins de la moitié du record de 1,7 Mt enregistré en 2002/2003.

La Chine a signalé un foyer de grippe aviaire au début de février 2004 et a mis en œuvre un abattage systématique et une vaccination obligatoire ; à la fin du mois, quelque 8 millions de volailles avaient été détruites et 10 millions vaccinées. Cette phase initiale de la maladie n’a eu qu’un impact modéré sur l’énorme secteur avicole de la Chine, la production et la consommation se redressant rapidement et l’utilisation d’aliments pour animaux retrouvant rapidement son niveau normal. De surcroît, des récurrences à moindre échelle ont été signalées tout au long de 2004 et durant la première moitié de 2005. Une attaque plus grave en octobre 2005 est signalée avoir freiné la demande des consommateurs et nui aux ventes d’aliments pour volaille. La Chine a récemment décidé de vacciner l’intégralité de son cheptel de 14 milliards d’oiseaux. La part du maïs dans l’alimentation animale est estimée à un chiffre record de 100 Mt (99 Mt) en 2005/2006, principalement à destination des porcins et de la volaille, mais ce chiffre pourrait bien être révisé à la baisse si l’épizootie actuelle de grippe aviaire empire.

Europe, des broutilles

Des épidémies de grippe aviaire en Russie, au Kazakhstan, en Turquie et en Roumanie entre juillet et octobre 2005 ont nécessité l’abattage d’un nombre relativement modeste de poulets. Néanmoins, les épidémies ont eu un impact disproportionnellement élevé sur la demande des consommateurs en viande de volaille, aussi bien dans les pays touchés que dans la plupart des pays d’Europe. Dans plusieurs Etats membres de l’UE, les ventes de viande de volaille ont chuté semble-t-il de 20 à 50 % courant octobre, suite à une couverture médiatique très vive mais la demande semble à présent se redresser.

L’impact à l’échelle mondiale de cette épidémie de grippe aviaire sera étudié en détails dans notre prochaine édition.

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