Soja non déforestant : « Le flou bloque les marchés de l’alimentation animale »
Le règlement européen sur la déforestation importée doit entrer en vigueur au 1er janvier 2025. Si la Commission européenne a présenté une feuille de route sur le sujet fin juin, l’interprofession de la nutrition animale dénonce le flou sur les modalités d'application de la mesure du côté du gouvernement français et appelle à un report de quelques mois.
Le règlement européen sur la déforestation importée doit entrer en vigueur au 1er janvier 2025. Si la Commission européenne a présenté une feuille de route sur le sujet fin juin, l’interprofession de la nutrition animale dénonce le flou sur les modalités d'application de la mesure du côté du gouvernement français et appelle à un report de quelques mois.
Les acteurs du marché plaident pour un délai supplémentaire de quelques mois avant la mise en application du règlement, le temps que lumière soit faite sur les procédures de traçabilité. « Nous avons besoin d’une règle du jeu qui soit claire et mise en application correctement de la part du gouvernement français », demande François Cholat, président du Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (Snia).
« Nous avons besoin d’une règle du jeu qui soit claire et mise en application correctement de la part du gouvernement français »
La Fédération européenne des fabricants d’aliments composés (Fefac) doit encore se prononcer sur le sujet.
Le marché des tourteaux de soja largement perturbé
Cette incertitude sur les conditions d’importation de soja dans l’Union européenne perturbe les approvisionnements depuis plusieurs mois. En effet, « il est impossible de trouver des offres de tourteau de soja sur l’année 2025. Elles s’arrêtent toutes au 31 décembre 2024 », déplore François Cholat.
« il est impossible de trouver des offres de tourteau de soja sur l’année 2025. Elles s’arrêtent toutes au 31 décembre 2024 »
Les acheteurs ont vent de certains niveaux de prime. Celle-ci se portait à « 100 €/t il y a quelques mois, puis est descendue à 85-90 €/t, pour atteindre un niveau plus raisonnable à 40 €/t aujourd’hui », toujours selon François Cholat.
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La demande est pourtant présente notamment du côté des fabricants d’aliments à la ferme, nous révèle un courtier anonyme. L’absence d’offre est d’autant plus pénalisante pour les opérateurs que « dans l’élevage, on doit s’engager sur la durée. Cette incertitude bloque nos marchés de commercialisation », insiste François Cholat. Et ce, alors que le soja n’est pas substituable dans les formulations, au vu de sa teneur protéique.
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Un échéancier présenté par la Commission européenne
La Commission européenne a apporté quelques précisions sur les procédures liées à la mise en place du règlement sur le soja non déforestant, le 20 juin dernier, rapportent nos confrères d’Agra. Un échéancier a été présenté, avec en premier lieu « des vidéos informatives sur le fonctionnement des procédures » au cours de l’été, puis « des instructions détaillées pour les utilisateurs » en septembre, « des sessions de formation pour les parties intéressées » en octobre avant la mise en place du système de déclaration en ligne pour les importateurs le 2 décembre 2024, toujours d’après Agra.
Une mesure qui soulève l’inquiétude des industriels et des éleveurs
La présentation de ce calendrier intervient après la publication par le Snia et La Coopération agricole Nutrition animale d’un communiqué de presse le 6 juin dernier, appelant les autorités françaises à « clarifier les conditions d'application du Règlement contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) au plus vite et [en] assurer une mise en œuvre pragmatique ».
« Les volumes nécessaires sont disponibles au Brésil »
Le suivi informatique qui permet la traçabilité n’est pas encore au point
Si le marché français est prêt en termes de bilan global, car « les volumes nécessaires sont disponibles au Brésil », précise un courtier anonyme, le problème se situe plutôt au niveau du processus informatique de suivi de la traçabilité.
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« Les données existent, mais sur des sites différents, et les triturateurs français ont du mal à y avoir accès », révèle-t-il. Ce problème de suivi informatique serait encore plus prégnant dans d’autres pays européens, selon notre source anonyme.
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