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Fnams : la Pac assombrit l’avenir de la multiplication semencière

Le développement de semences devrait se révéler très bon, voire trop bon pour 2005. Le secteur pourrait dépasser de 20 % les quotas en fourragères. Un handicap de plus pour la filière

APRÈS DEUX ANNÉES «désastreuses» comme les caractérise Robert Pellerin président de la Fnams (Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences), le développement des semences a été satisfaisant en 2004 avec 22.000 agriculteurs contractualisés et 340.000 hectares consacrés à cette activité. Un bon résultat qui ne suffit pas à la sérénité du secteur. Les incertitudes liées aux applications de la Pac et d’autres réglementations pénalisantes s’avèrent en effet préoccupantes. Ces inquiétudes alimenteront, à n’en pas douter, les débats de l’assemblée générale de l’organisation qui se tiendra le 14 avril prochain à la maison de la Chimie. Ce rendez-vous revêt cette année un caractère singulier puisque la Fnams fête ses cinquantaine ans. Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture, et Henri Nallet, un de ses prédécesseurs aujourd’hui conseiller d’Etat, interviendront pour l’occasion.

L’application de la Pac pénalisera les semences non aidées

Avec l’application de la Pac, «la situation pourrait se révéler catastrophique pour les cultures de semences non aidées», comme les potagères et les betteraves, qui vont perdre leur atout par rapport aux productions bénéficiant auparavant de subventions. Très inquiète, la Fnams a alerté le gouvernement et proposé l’attribution de DPU (droits à paiement unique) via la réserve nationale. La fédération est dans l’attente d’une réponse. Le ministre aurait évoqué le problème dans un discours politique, les dirigeants du syndicat y voit le signe d’une prise de conscience de ce besoin de soutien. «Nous espérons qu’il ne laissera pas tomber les agriculteurs à forte technicité», confie Robert Pellerin. Mais, même si l’Etat décide d’intervenir, tout ne tournera pas rond : les producteurs n’auront pas de référence historique pour le calcul des aides.

Bonne multiplication de fourragères en 2005

Si la production 2004 a été bonne, la commercialisation l’a été aussi, avec d’importants besoins de reconstitution des stocks après une multiplication médiocre en 2003. Résultat : en 2004/2005, les volumes pourraient conduire à un dépassement des quotas autorisés. En effet, dans le cadre des aides Feoga (maintenues en 2005 avant le découplage total), chaque secteur se voit attribuer une enveloppe (calculée sur la base des aides perçues au niveau national au titre des récoltes 2000 à 2002) qui ne doit pas être dépassée. Les aides susceptibles d’être perçues au titre de la production 2005 risquent de surpasser les 16,6 millions d’euros accordés à la France. Cette situation est notamment liée au bon développement des semences fourragères dont la sole serait supérieure à 55.000 hectares, avec de fortes progressions en luzerne, ray-gras anglais et italien, dactyle et fétuque rouge.

Les aides Feoga pour la récolte de fourragères, lin, chanvre, riz et épeautre, devraient donc être réduites. La pénalité encourue est de l’ordre de 15 à 20 % en montant d’aides. «Si celle-ci devait être supportée par les seuls agriculteurs, la rentabilité des cultures fourragères ne serait plus assurée en 2005», s’alarment les dirigeants de la Fédération. Mais face à cette tendance, «certains multiplicateurs auraient anticipé les risques de surproduction et renoncé à une partie des semis de printemps». Cette inconnue pourrait limiter la casse. Les producteurs vont de surcroît devoir supporter un écueil supplémentaire : le retard du versement des aides. Celles de la récolte 2005/2006 ne devraient en effet être payées qu’après certification, soit en 2006/2007.

En 2006, il n’y aura plus d’incitation à la multiplication de fourragères

Autre échéance, autre problème. Pour 2006, il faudra s’adapter au découplage des aides qui sera total pour la production de semences fourragères. Ceux qui en cultivaient déjà bénéficieront donc des aides. En revanche, il n’y aura plus d’encouragement au démarrage de cette production. Dans le cas «des vesces, qui avaient un taux d’aides élevé, le marché ne pourra, à mon avis, pas compenser cette perte», explique le président de l’organisation. Et pour les multiplicateurs qui auront toutes leurs aides, ils auront tout de même plus d’intérêt à faire du blé —bénéficiant d’un recouplage de 25 %— que des semences fourragères. Reste a savoir comment vont réagir les agriculteurs qui semblent fidèles à ces cultures demandant une vraie technicité. Et les aides ne sont pas les seuls critères incitant à se tourner vers les fourragères : elles sont plébiscitées pour leur place dans les rotations.

Des études techniques à mener sur les cultures mineures

La mise en place de l’écoconditionnalité, avec notamment l’application de la directive phytosanitaire, limitant le nombre de produits autorisés, pose de grosses difficultés aux agriculteurs multiplicateurs, notamment pour le désherbage.

Un important travail sur les homologations de produits phytosanitaires doit alors être mené par les services techniques de la Fnams. «On développe aussi les solutions alternatives comme le désherbage mécanique ou la lutte biologique», explique Daniel Dattée, directeur général du syndicat.

La Fédération va également se pencher sur le dossier de la rationalisation des différentes interventions. Cela passe, à titre d’exemple, par l’établissement de diagnostics parasitaires.

Concernant les apports azotés, là aussi le service technique a du pain sur la planche. Il faut étudier les doses à utiliser pour chaque culture. Un paramètre qui n’est pas encore maîtrisé pour les cultures mineures. En effet, leur diversité et leur faible étendue font que le secteur ne dispose pas de référence pour chacune d’elles.

Le secteur va par ailleurs être amené à demander de nombreuses dérogations que ce soit pour les traitements azotés d’automne, aujourd’hui interdits et pourtant nécessaire à certaines cultures, ou encore pour le brûlage, qui reste parfois indispensable.

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