Interview
[Covid-19] : « Être agile, réactif et rapide face au virus »
En cette crise sanitaire du coronavirus, c’est le leitmotiv de Jean-Philippe Puig, PDG de Groupe Avril*, pour assurer la continuité d’activité, tout en assurant la sécurité de ses salariés.
En cette crise sanitaire du coronavirus, c’est le leitmotiv de Jean-Philippe Puig, PDG de Groupe Avril*, pour assurer la continuité d’activité, tout en assurant la sécurité de ses salariés.
La Dépêche-Le Petit Meunier : Au 25 mars, où en sont les activités de Groupe Avril ?
Jean-Philippe Puig : Nous avons été confrontés au Covid-19 dès février puisque le groupe possède des activités en Chine et en Italie. Il a fallu être agile, réactif et rapide dans nos décisions. Sur le terrain, tout se concentre autour des patrons de sites de production chez qui remontent les informations et difficultés. Nous avons instauré le télétravail pour ceux qui n’ont pas besoin d’être sur site. Nous avons connu un pic de la demande au tout début de l’épidémie en France et nous sommes revenus à la normale depuis. Par exemple, pour notre branche Œufs frais (25 % de part de marché), nous avons eu des pics de +15 % en production. Sur la filière Ovoproduits, en revanche, nous avons arrêté trois sites, au vu de l’obligation d’arrêt d’activité de certains de nos clients. Les stocks ont été distribués pour éviter les pertes. Compagnie des Saveurs (huiles, sels et moutardes) est à l’arrêt mais nos activités Huiles d’olive en Italie fonctionnent normalement. Pour la branche Huiles et tourteaux, nous avons connu aussi un à-coup. Les éleveurs ont réagi comme les consommateurs et ont eu tendance à acheter un peu plus. On revient, là encore, à la normale. Côté biodiesel, le site de Saipol à Rouen est à l’arrêt, suite au départ d’incendie du 13 mars, mais devrait redémarrer dans les jours qui viennent. L’usine de Coudekerque fonctionne même le samedi pour reconstituer les stocks. Sur une semaine, la consommation de diesel en France a reculé de 30 à 40 %. Nous étudions la possibilité d’une réduction des activités.
LD-LPM : Quel est l’état d’esprit des salariés ?
J.-P. P. : Pour le moment tout va bien. Nous notons un peu plus d’absentéisme mais sans trop. En fait, nos personnels se sentent comme investis d’une mission, celle de nourrir la population. Et la solidarité n’est pas un vain mot. Sur certains sites, des commerciaux ont prêté la main à la production. Les usines entre elles ont aussi fait preuve d’entraide : le gel hydroalcoolique fabriqué en Belgique a ensuite été distribué sur les sites du groupe à l’international et aussi dans certains hôpitaux, notamment en Belgique. Nos activités au Maroc, où le confinement est de mise, ont fait don de 3 M€ pour le fonds d’État dédié aux plus démunis.
LD-LPM : Et la logistique ?
J.-P. P. : Nous transportons au total 10 Mt de marchandises par an. La problématique est de pouvoir livrer au bon moment, au bon endroit. Et le coût des transports a tendance à augmenter. Nous sommes déçus par l’attitude de certains transporteurs. D’autres ont décidé de ne plus charger. Globalement, nous n’avons pas de soucis majeurs sur ce sujet mais nous n’excluons pas que cela puisse venir. La situation est un peu plus difficile pour les matières premières qui viennent de l’extérieur du pays, avec les fermetures de frontières.
* Groupe Avril est un spécialiste des huiles et protéines pour l’alimentation humaine et animale.