Marchés
Des opportunités pour la filière Blé-Farine-BVP en Afrique
Si la baguette standard reste l’aliment de base pour la majorité des Africains, les plus aisés sont avides de pains, viennoiseries et pâtisseries à la française, de qualité.
Si la baguette standard reste l’aliment de base pour la majorité des Africains, les plus aisés sont avides de pains, viennoiseries et pâtisseries à la française, de qualité.

« Le marché africain est vraiment demandeur de pain, viennoiserie et pâtisserie, mais preneur de produits de qualité, haut de gamme, qui surfent sur les tendances mondiales actuelles », a affirmé Radhia Kamoun, PDG de Pâtisseries et gourmandise, lors du Forum Europain, le 6 février à Villepinte. Et Paul Kitissou, consultant expert du marché africain, de confirmer : « Il y a quelques années le pain servait de support, pour saucer ou élaborer des sandwiches. Aujourd’hui, dans les pays nantis, les gens sont demandeurs de pain Plaisir et Bien-être, que l’on peut manger nature, comme le pain “dolé” au Togo et au Sénégal qui contient une plante séchée, le moringa, très riche en vitamines et minéraux. » C’est ainsi que, depuis quelques années, des enseignes françaises reconnues s’installent dans les pays africains, et fabriquent des produits de qualité de type baguette de tradition française, pâtisserie élaborée dans les règles de l’art. « Cette production touche les populations d’expatriés et la classe sociale haute africaine », précise Lionel Villepontoux, directeur industriel des Grands moulins de Dakar, qui sent un changement de mentalité de la population africaine, avec une recherche de nouveautés. « Et contrairement au Français qui achète de la viennoiserie le samedi et le dimanche, l’Africain, amateur de croissants, peut en acheter quotidiennement, s’il en a les moyens. Et cela devient un marché important. »
S’adapter aux habitudes alimentaires locales
« La consommation de pain au quotidien est très importante en Afrique, puisqu’elle peut atteindre 100 kg/an/personne dans certains pays », indique Radhia Kamoun. « Près de 90 % du pain vendu concerne de la baguette industrielle de 70 cm de long, très alvéolée, où le volume l’emporte sur la qualité, détaille Lionel Villepontoux. En parallèle, on trouve dans plusieurs pays du pain pétri à la main ou au pied avec l’eau du puits, et cuit au four à bois. Ce pain de 30 cm, à la mie dense et à la croûte foncée, peut représenter une importante consommation (de 1 à 10 sacs de farine par jour, selon les villages). »
Si un professionnel veut s’installer dans un pays africain, il doit bien étudier le marché local, et s’adapter aux besoins et aux habitudes alimentaires de sa population. « Il y a deux types de panification sur le marché africain selon qu’il s’agisse d’un pays anglophone ou francophone, en lien avec son passé colonial, explique Lionel Villepontoux. En Afrique de l’Ouest, on trouve une consommation de produits de BVP de type français. Dans les pays anglophones, comme le Ghana, le Nigeria et le Cameroun, on trouve plutôt des pains de mie en caissette. »
Dans les pays africains francophones, le blé est importé d’Europe, pour partie de France. De plus, certains gros meuniers importent également du blé états-unien ou canadien pour le mélanger à l’origine européenne, et pouvoir sortir des gammes de farines diversifiées adaptées à la BVP. Mais « en Tunisie, parce que le blé est importé par l’État et la farine subventionnée, nous avons une seule référence de farine pour l’ensemble des utilisations en BVP, remarque Radhia Kamoun. C’est donc le savoir-faire du professionnel qui fait la différence ».