Marché mondial des grains
L'existence d'un supercycle haussier des prix des grains n'a pas l'unanimité au Global Grain
Divers analystes et traders se sont exprimés lors du Global Grain à Genève du 16 au 18 novembre, rappelant que le marché est certes tendu actuellement, mais pourrait se détendre en 2022.
Divers analystes et traders se sont exprimés lors du Global Grain à Genève du 16 au 18 novembre, rappelant que le marché est certes tendu actuellement, mais pourrait se détendre en 2022.
Un panel d’analystes - composé notamment d’Erin Collier, économiste de la FAO, et Mark Jekanowski, responsable de la division prospective agricole de l’USDA - a indiqué douter du fait que le marché mondial des grains s’inscrive dans un super cycle haussier, lors du Global Grain le 17 novembre.
Une hausse des prix davantage « conjoncturelle »
Erin Collier a expliqué que le haut niveau actuel des prix est davantage conjoncturelle, lié à des achats de panique de la part de divers pays importateurs, souhaitant augmenter leurs stocks de précaution, et au manque de lots de blés de qualité dans le monde.
La mise en place des taxes à l’exportation sur le blé tendre par la Russie a ajouté de la tension, tout comme la flambée des prix des engrais et la baisse de la production de blé au Canada et aux États-Unis. « L’UE et l’Argentine seraient en capacité de leur prendre des parts de marché au sein des grands pays importateurs », précise Erin Collier.
De bonnes récoltes de blé attendues en Argentine et en Australie
Toutefois, d'importantes récoltes lors des campagnes à venir soulageraient les bilans. Sachant qu’elles s’annoncent bonnes en Argentine et en Australie dès 2021/2022 pour le moment. Malgré les précipitations frappant l'Australie, en pleine moisson, « nous nous attendons toujours à une récolte australienne de blé fantastique, à 32 Mt pour 2021/2022. Les rendements sont supérieurs à nos attentes dans certains secteurs, notamment le Queensland. Les pluies pourraient en revanche dégrader le profil de la protéine », s’est exprimée Amelia Brown, responsable de la division Grains d’Abares (bureau australien des ressources agricoles et économiques, dépendant du ministère national de l’Agriculture).
Attention néanmoins, les inquiétudes augmentent quant aux effets des pluies sur la qualité des blés australiens. Les prix sur le contrat blé tendre Euronext grimpaient de plus de 8 €/t sur les échéances décembre et mars, lors de la séance du 22 novembre, en réaction à ces craintes. Reuters indique que des traders ont trop vendu de blé de qualité australien, et sont désormais "short".
Hausse attendue des soles canadienne et états-unienne de blé en 2022
Ensuite, « la production canadienne de blé (tendre et dur) est attendue en hausse entre 2021/2022 et 2022/2023 », a déclaré Tony McDougall, directeur adjoint du département canadien à l’Agriculture et l’Agroalimentaire (AAFC), et participant au panel. Ceci en raison d’un rebond des surfaces, d’un an sur l’autre, de 6 % pour le blé tendre et de 10 % pour le blé dur, pour un volume total attendu à 22 Mt (dont 5 Mt de blé dur).
Aux États-Unis, Mark Jekanowski explique de son côté que « la production de blé rebondirait en 2022, avec 49 millions d’acres semés », contre 46,7 millions d’acres en 2021, selon les prévisions à long terme (2020 à 2030) de l'USDA.
Autres facteurs potentiellement baissiers évoqués par les analystes : les difficultés économiques actuelles de la Chine, susceptible de réduire quelque peu ses importations de grains ; la faiblesse des taux d’intérêt (qui pourraient remonter néanmoins), favorisant l’investissement des producteurs de grains.
Lors d’un autre panel réunissant essentiellement des traders le même jour, Oleg Kryukovskiy, responsable Trading au sein de GTCS, signale que les prix « peuvent potentiellement régresser à partir d’avril 2022 ».