Transport
[Coronavirus Covid-19] Droit de retrait : un impact limité sur la logistique de marchandises
Si le recours au droit de retrait est peu exercé dans la chaîne logistique agroalimentaire, l’absentéisme préoccupe davantage les dirigeants des entreprises, en cette crise sanitaire liée au Covid-19.
Si le recours au droit de retrait est peu exercé dans la chaîne logistique agroalimentaire, l’absentéisme préoccupe davantage les dirigeants des entreprises, en cette crise sanitaire liée au Covid-19.
« Lorsque la situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, le salarié [...] peut alors exercer son droit de retrait et interrompre ses activités, tant que l'employeur n'a pas mis en place les mesures de prévention adaptées », indique Service-Public.fr, le site officiel de l’administration française. Face aux risques de contamination des camionneurs par le Covid-19, les syndicats CFDT, FO et CFTC du transport routier ont appelé les chauffeurs à exercer, « individuellement », leur droit de retrait, à partir du lundi 30 mars, en cas de « manquements » aux mesures de protection sanitaire contre l'épidémie. Cet appel n’est guère suivi, selon les organisations syndicales, interrogées par l’AFP. Un avis partagé par Fabrice Accary, directeur général de l’AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret) : « Le droit de retrait n’est pas une problématique dans les transports pour l’instant. Soit les entreprises ont fermé leurs portes, soit le personnel de la chaîne logistique est conscient de l’importance vitale de leur travail et chacun des maillons prend ses responsabilités ».
Limiter les risques de contamination au maximum
« Dans les transports, les annonces de droit de retrait lancées par certaines centrales syndicales s’appuient sur des problématiques de protection individuelles, d’accueil, d’alimentation et d’hygiène des chauffeurs. Le travail fait collectivement par l’Etat et les organisations professionnelles pour trouver des solutions et les mettre en place rapidement commence à porter ses fruits », explique Fabrice Accary.
Ainsi en témoigne Pauline Huon, responsable Communication externe de Fret SNCF : « Il n’y a pas eu à ce jour [le 1er avril, NDLR] de demande de ce type ayant engendré des annulations de trains de fret », affirme Pauline Huon, responsable Communication externe de Fret SNCF. La direction et l’encadrement de l’entreprise Fret SNCF ont mis en place les mesures de protection de ses salariés et de prévention contre l’épidémie, en fournissant à leurs équipes les produits permettant de respecter les gestes barrières (savon et gel HA pour le lavage des mains, lingettes et spray pour nettoyer les surfaces des cabines notamment) . « Si les mesures ne sont pas bien appliquées, nous interrompons l’activité le temps de les mettre en œuvre. Dans tous les cas, nous restons dans le dialogue avec les salariés et leurs représentants », précise Pauline Huon.
Une autre entreprise ferroviaire raconte : « Nous n’avons pas eu d’exercice de droit de retrait - bien que des intentions eut été recensées concernant l’exposition aux risques - car nous avons mis en place des points journaliers réunissant chaque fonction support de l’entreprise afin d’identifier toutes les situations à risques et les limiter au strict nécessaire à la continuité de service. Nous avons ainsi réglementé notre organisation en adoptant des règles de prévention, comme les gestes barrières, la mise en place télétravail, l’interdiction de prendre des équipages en formation, la privatisation de chambres d’hôtel en circuit fermé, la réduction du plan de transport, l’ajout de voitures de services afin de limiter les utilisations de trains de voyageurs, le nettoyage hebdomadaire des cabines des locomotives, la mise en place d’une logistique d’approvisionnement en lingettes, gels hydroalcooliques, gants, produits désinfectants, etc. » Résultat : « A date, nous réalisons ce que nous nous sommes engagés à faire pendant la période », se réjouit l’entreprise ferroviaire.
L’absentéisme, un point d’attention des dirigeants
« S’il reste quelques points d’attention [de la part des entreprises de transport], ils sont plus liés aux risques d’absentéisme qu’au droit de retrait. Tous les modes de transport sont touchés », insiste Fabrice Accary. Pour tenter d’y remédier, « des guides sont en cours d’élaboration pour accompagner entreprises et salariés à mettre en place des moyens pour se protéger », ajoute le représentant de l’AUTF. Une réunion à la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM) était encore prévue, lundi 30 mars, avec les professionnels de la logistique et les syndicats pour mettre au point un « guide des bonnes pratiques » de protection des salariés, selon l’AFP.
De leur côté, l’Ania, la Coopération Agricole et quatre des principales organisations syndicales de salariés de l’agroalimentaire (FGA-CFDT, FGTA-FO, CFE-CGC AGRO, CFTC-CSFV) diffusent, depuis le 26 mars, le guide des bonnes pratiques pour la mise en place du plan de continuité d’activité dans les entreprises de l’alimentation. De fait, l’exercice au droit de retrait semble davantage présent dans les entreprises agroalimentaire. Et Anthony Gasse, commissionnaire Transport de CLP Le Mans, cabinet de courtage en matière première agricole pour les professionnels de l'alimentation animale, meuniers, organismes stockeurs et industriels, de témoigner :« Je n’ai pas entendu parlé de droit de retrait dans les transports mais chez les clients de nos clients ».