Commerce international de grains
Conflit Russie/Ukraine (MAJ) : quelles conséquences sur les exportations de céréales et d'oléagineux ?
La situation s’est dégradée avec la signature par Vladimir Poutine de l’acte de reconnaissance des deux républiques séparatistes du Donbass et l’annonce de l’envoi de l’armée russe en soutien.
La situation s’est dégradée avec la signature par Vladimir Poutine de l’acte de reconnaissance des deux républiques séparatistes du Donbass et l’annonce de l’envoi de l’armée russe en soutien.
Depuis plusieurs semaines, les évolutions de la situation géopolitique entre la Russie et l’Ukraine tiennent le marché en haleine. Selon divers analystes privés, une potentielle escalade, débouchant sur une invasion russe du territoire ukrainien, aurait deux principales conséquences sur le marché des grains : une perturbation des exportations de deux des plus gros producteurs/fournisseurs mondiaux de grains et d'oléagineux, et une hausse des prix du gaz encore plus intense, jouant sur les coûts de production.
La situation s’est dégradée avec la signature par Vladimir Poutine de l’acte de reconnaissance des deux républiques séparatistes du Donbass le 21 février (le Donetsk et le Lougansk) et l’annonce de l’envoi de l’armée russe en soutien. Des colonnes de blindés russes entraient dans la zone, indiquait la presse française le matin du 22 février. Une marche de plus vers un conflit ouvert avec l’Ukraine.
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Perturbations des échanges sur la mer Noire
Un conflit généralisé entre la Russie et l’Ukraine ébranlerait une artère cruciale du commerce mondial des grains, avec un renchérissement du prix des céréales à la clé, à savoir la mer Noire : restrictions des déplacements de bateaux, voire bateaux coulés, destructions possibles d’infrastructures portuaires, blocus… « Toute escalade des tensions entre la Russie et l'Ukraine pourrait avoir de graves répercussions sur le marché, la part des deux pays dans le commerce mondial du blé étant presque le double de ce qu'elle était lorsque la Russie a saisi la Crimée à l'Ukraine en 2014 », renchérit Fahad Vaipel, vice président d'Olam, lors du Paris Grain Day, le 28 janvier. Sans oublier qu’en plus de ces deux pays, la Roumanie et le Kazakhstan utilisent la mer Noire pour expédier leurs marchandises (via les ports russes pour le Kazakhstan).
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Renchérissements des produits agricoles
Sergiy Nevskyy, courtier Commodities et consultant d'ATS Agro, rappelle, lors du Paris Grain Day, que l'Ukraine est également un important exportateur d'huile de tournesol. « Le marché n'a pas encore intégré dans les prix la possible invasion russe de l'Ukraine. Bien entendu, si escalade il y avait, les cours de l'huile flamberaient. »
Toutefois, les analystes présents lors de l'évènement espèrent que la solution diplomatique sera privilégiée. « Un conflit entre les deux pays n'a pas de sens économique », croit Thomas Deevy, analyste de Cerealcom Dolj.
Jacques Attali est moins optimiste concernant un apaisement des tensions Russie/Ukraine. « Les Russes réclament aujourd’hui des Américains et de leurs alliés qu’ils réaffirment leur engagement ancien de ne jamais admettre l’Ukraine dans l’Otan, et qu’ils s’engagent, en plus, à ne pas installer d’armements nucléaires stratégiques dans les autres pays européens frontaliers de la Russie. Ce que les Américains, et leurs alliés européens, refusent évidemment absolument de promettre. Les Russes peuvent alors penser que c’est aujourd’hui le meilleur moment possible pour prendre militairement ce qu’on refuse de leur accorder diplomatiquement », écrit-il dans une tribune le 28 janvier.
Le conseil de sécurité de l'ONU se réunit, aujourd'hui 31 janvier, pour tenter de trouver une issue diplomatique au conflit.
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Nouvelle hausse des prix du gaz russe, qui alimente l'industrie européenne des engrais azotés
Un conflit agirait également sur le marché de l’énergie. Reuters rappelle le 24 janvier que « l’Europe dépend de la Russie pour environ 35 % de son gaz naturel, principalement via des gazoducs qui traversent la Biélorussie et la Pologne vers l’Allemagne. Nord Stream 1 va de son côté directement sur l’Allemagne, et d’autres traversent l’Ukraine ». Si le prix du gaz augmente, les coûts de production des grains renchériraient en Europe et dans le monde, sachant que le gaz est un composant essentiel dans la fabrication d’engrais azotés.
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Baisse encore plus drastique de la hryvnia et du rouble
Autre conséquence d’un éventuel affrontement militaire généralisé : une intensification des replis du rouble et de la hryvnia par rapport au dollar, rappelle Reuters. Si la situation dérapait et devait durer, la compétitivité de ces origines sur la scène mondiale se renforcerait davantage, mais les possibilités restreintes d’exporter liées au conflit armé ne leur permettraient guère d’en profiter. De plus, cela renchérirait les coûts locaux des intrants pour produire, affectant les capacités d’investissements de ces pays à plus long terme si les hostilités perduraient, et donc d’exportations de grains.