Aller au contenu principal

Nutrition animale
Comment maîtriser les prix des aliments ?

La détente des cours s’est accélérée, mais la flambée pourrait repartir. Arvalis et l’Unip ont tenté d’apporter des leviers d’action pour modérer les coûts

LA GRANDE VOLATILITE des prix de cette campagne atypique a affecté tous les corps de métiers de la filière, y compris en aval, les fabricants d’alimentation du bétail et les éleveurs. Ceux-ci doivent maintenir les tarifs des aliments stables, tout en conservant une régularité de l’approvisionnement. Après avoir évoqué les OGM, les coproduits, les biocarburants,… lors des sessions précédentes, Arvalis et l’Unip ont consacré leur 5 e séminaire dédié à la filière Alimentation animale le 23 septembre, aux leviers d’action pour maîtriser le coût des aliments.

La volatilité risque de perdurer

Pour la 3 e fois après les campagnes records de 1994/95 et 1997/98, les stocks devraient être plus élevés en cette fin de campagne qu’au début. Un facteur qui a conduit au glissement des prix rappelle François Luguenot de Louis Dreyfus Négoce, qui a donné des pistes de prévisions : « On assiste à une détente brutale des cours liée au scénario optimiste sur la récolte ». Le rendement moyen mondial attendrait 30 q/ha, un record! Des résultats à tempérer tout de même car, « la situation n’est pas forcément idyllique sur l’ensemble de la planète ». Si la récolte en blé serait plus que satisfaisante, ce n’est pas le cas pour les céréales secondaires. En cause? L’augmentation de la consommation d’éthanol, mais aussi la progression des cheptels en Chine et en Inde. Certains importateurs ont par ailleurs subi des fluctuations gigantesques de leur besoins, entre autres sur le croissant fertile. Et la Chine, facteur d’instabilité jusqu’à présent, met en place une réelle politique agricole et réduit ses importations de blé. Donc selon F. Luguenot, « ce qui se passe en ce début de campagne est peu cohérent ». Il martèle : « les fondamentaux ne vont pas changer sur le moyen terme. On est toujours sur une planète qui consomme plus qu’elle ne produit. » Les prix pourraient ainsi se retendre rapidement.

Jouer sur les matières premières d’opportunité

Le principe de la formulation est de satisfaire les besoins nutritionnels des animaux avec le mélange de matières premières (MP) le moins cher. Comment faire quand tous les prix augmentent ? Pour réduire au quotidien le coût des aliments, « il faut affiner les besoins nutritionnels, travailler les programmes alimentaires au plus juste, pour ne pas gaspiller », résume Mireille Huard (CCPA). Pour les volailles, l’incorporation de +/- 1 % d’énergie coûte ainsi environ 3 €/t d’aliment.

Il est également primordial de travailler sur l’incorporation des MP et des additifs. Par exemple, privilégier l’utilisation d’additifs plus concentrés, c’est à dire liquides, en usine. Le travail sur les « matières premières d’opportunité », ou de substitution, est aussi un aspect clé. En nutrition animale « il n’y a pas de fidélité par rapport aux MP. On incorpore la plus intéressante », même si elle est nouvelle sur le marché ou était peu utilisée auparavant. Remplacer le maïs ou le blé par les produits américains (sorgho ou maïs), ou les drèches de distillerie permet un impact direct de quelques euros en formulation. Mais c’est l’impact indirect baissier sur les autres MP qui est le plus important. La souplesse de formulation est un atout indéniable dans un contexte de crise comme celui de 2007/08, mais elle n’est pas toujours suffisante lorsque le prix moyen de la majorité des MP a augmenté de 40 à 60 % sur une campagne.

Réincorporer les graisses animales?

Les graisses animales ont toutes les caractéristiques d’une MP d’opportunité intéressante. La plupart des freins à leur utilisation, mis en place après la crise de l’ESB, ont en effet été levés ou sont sur le point de l’être. Elles représentent un potentiel de plus de 135.000 t (2007), avec de nombreux intérêts, dont un gain économique non négligeable, notamment en alimentation porcine et volailles. Elles pourraient donc séduire de nouveau les Fabs. Il reste cependant un frein majeur : les consommateurs n’ont pas oublié la crise de la vache folle et restent réticents à l’idée de donner des graisses animales aux herbivores. La substitution doit donc être prise en compte de manière globale, pas seulement en terme de prix. L’aspect environnemental n’est pas à négliger : relancer le pois local pourrait être une alternative aux tourteaux de soja et de colza, avec un coût environnemental moins élevé. Mais le prix du pois est bien loin d’être compétitif…

Le levier clé selon M. Huard est « d’intégrer la volatilité des prix dans les pratiques d’achats. La formulation doit participer aux décisions ». Il ne faut pas attendre de solution miracle, mais privilégier la concertation au sein de la profession, agir sur les systèmes de production et les habitudes des consommateurs.

Les plus lus

Le soja présente des prix plancher en raison d'une offre sud-américaine pléthorique

Le retour en force des tourteaux de soja argentins en Europe acté en 2024 devrait en effet se reproduire en 2025 en mode XXL.…

Graines de soja 2024-2025
L’USDA surprend avec une baisse des rendements de soja aux États-Unis

Le département états-unien à l'Agriculture (USDA) a rendu son verdict le 10 janvier dans son premier rapport de 2025, avec un…

Martín Biscaisaque, céréalier et président de la filière argentine du blé (Argentrigo), à Buenos Aires.
Des exportations d'orge brassicole argentine en retrait sur le marché brésilien

La qualité médiocre des lots d’orge récoltés ces jours-ci en Argentine retarde et limite les embarquements de grains destinés…

Plusieurs premières pages de la presse française sur l'investiture de Donald Trump
Donald Trump prend son temps sur les taxes douanières

Ce lundi 20 janvier 2024 a marqué le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Lors de son premier…

Couverture du rapport intégré 2023-2024 d'Arterris.
Arterris enregistre une baisse de son chiffre d’affaires en 2023-2024 malgré une hausse de la collecte

Le chiffre d’affaires de la coopérative agricole occitane Arterris s’est replié entre les campagne commerciale 2022-2023 et…

François Cholat, président du Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale.
« Le volume de 2,7 millions de tonnes de soja importé en France lors de la saison 2022-2023 sera difficile à réduire », selon François Cholat, président du Snia

Entretien avec François Cholat, président du Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia).

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne