Bruxelles pas pressée sur l'étiquetage
La Commission européenne a pris beaucoup de retard dans la publication de 2 rapports attendus sur la possibilité d'étiqueter l'origine de certains produits transformés, comme le lait et les céréales. Un premier projet montre que Bruxelles est réticent à la mention du pays d'origine.
La Commission européenne a annoncé le 20 avril, à l'occasion de la réunion des ministres de l'Agriculture à Luxembourg, qu'elle publierait dans les prochaines semaines ses deux rapports sur la possibilité de rendre obligatoire l'étiquetage du pays d'origine des produits laitiers et des produits non transformés, comprenant un seul ingrédient ou des ingrédients constituant plus de 50 % d'une denrée alimentaire. La Commission aurait dû présenter au plus tard en décembre dernier ces deux rapports. Mais, a expliqué le commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, les services bruxellois ont mis plus de temps que prévu pour intégrer dans ces rapports les conclusions d'un certain nombre d'études externes.
Un premier projet du rapport de la direction générale de la Santé, concernant les produits non transformés comprenant un seul ingrédient ou des ingrédients en constituant plus de 50 %, conclut que, si l'UE allait au-delà des règles volontaires actuelles en matière d'étiquetage, cela entraînerait des coûts de production plus élevés, une hausse des prix des denrées alimentaires et l'augmentation des ventes locales du fait d'un « nationalisme alimentaire ». Cette étude porte sur la farine, le riz, les légumes verts préemballés, des produits transformés à ingrédient unique comme le sucre, les frites et les huiles végétales issues d'une seule plante, et des produits dont l'ingrédient principal représente plus de 50 % (purée de tomates, jus de fruits, pain). Pour Bruxelles, mieux vaudrait envisager de seulement étiqueter l'origine “UE” ou “non-UE”. Un tel dispositif aurait l'avantage de garantir une information aux consommateurs tout en préservant le marché intérieur. La mention du pays d'origine se traduirait par un prix plus élevé pour les consommateurs et aboutirait à une segmentation du marché. De plus, pour les produits transformés, la faisabilité d'une telle option serait très difficile à accorder avec la saisonnalité de certains produits, comme les fruits dont l'origine change selon le moment de l'année. Les ministres devraient se pencher sur les conclusions de ces rapports à l'occasion du Conseil agricole du 16 juin.