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Blé : perspectives de production 2006/07

SELON LE DERNIER rapport du Conseil international des céréales (CIC), les semis de blé d’hiver touchent à leur fin dans l’hémisphère Nord, les travaux des champs étant toujours en cours en Afrique du Nord et en certains points de l’Asie. Les conditions sèches ont freiné les semis dans la CEI et dans certaines régions d’Europe, et ont entravé les progrès sur les terres non irriguées d’Afrique du Nord, d’Amérique du Nord et de certains pays d’Asie.

Recul estimé des semis mondiaux de 3 Mha

Quelque 70 % de la superficie mondiale sous blé et plus des trois quarts des emblavements de l’hémisphère Nord concernent le blé d’hiver. Les estimations préliminaires suggèrent que les semis de blé d’hiver pourraient reculer d’environ 3 millions d’hectares (Mha), soit 2 %, par rapport aux 151 Mha ensemencés pour la moisson 2005. S’il n’existe guère de prévisions officielles disponibles à ce stade, des indications suggèrent que les replis significatifs signalés en Russie et en Ukraine ne seront pas compensés par les ensemencements plus importants en Chine, aux Etats-Unis et, peut-être aussi, en Inde. Aucun changement notable n’est attendu en Afrique du Nord, alors que dans l’UE, les emblavements affichent une légère régression. Toutefois, dans plusieurs pays, une proportion non négligeable des céréales d’hiver ensemencées ne sont pas moissonnées à cause des dégâts du gel ou d’autres facteurs, ce qui rend difficile de prévoir les superficies définitives. Aux Etats-Unis, par exemple, les semis de blé d’hiver pour la moisson 2005 ont reculé de 9 % mais, du fait d’un taux d’abandon étonnamment faible cette année-là (17 %, contre 29 % en 2002), la superficie effectivement moissonnée ne faisait que 2 % de moins que celle de 2004. Dans d’autres pays, y compris la Russie et l’Ukraine, davantage de terres pourraient, quant à elles, être ensemencées sous blé de printemps.

Hausse de 3 à 5 % des emblavements français

En Europe de l’Ouest, les pluies ont bonifié l’établissement des cultures semées en hiver à l’exception de la péninsule ibérique où les niveaux d’humidité du sol restent médiocres. Des températures supérieures à la normale tout au long du mois de novembre ont permis d’achever les semis et ont stimulé le développement des plants. Dans l’Union européenne, les agriculteurs en Italie du Nord ont l’intention d’accroître leurs semis de blé tendre, mais la superficie sous blé dur, principalement dans le centre et le sud du pays, pourrait diminuer. En France, on rapporte que les agriculteurs ont semé plus de blé tendre que l’an dernier en raison des prix très faibles du maïs ; la hausse est estimée de l’or-dre de 3 à 5 %. Le maintien des déficits hydriques en Espagne et au Portugal devrait réduire la superficie sous blé. Au Royaume-Uni, les emblavements devraient diminuer au profit du colza, en raison de la faiblesse des prix et du fait de la hausse des coûts du carburant et des engrais. On ne s’attend à aucun changement majeur des superficies, que ce soit en Autriche, en Finlande ou en Allemagne. Ailleurs en Europe, des conditions plus sèches en Bulgarie et en Roumanie ont amélioré les progrès des semis.

Une surface ukrainienne en repli de 21 %

Dans la CEI, l’établissement des semis est resté généralement médiocre en Ukraine du fait du temps sec, bien que les régions méridionales aient enregistré quelques précipitations éparses. Les semis tardifs et le piètre établissement des cultures augmentent les risques de dégât du gel et peuvent se traduire par des rendements plus faibles. Le blé d’hiver n’a été planté que sous 5,0 Mha environ, plus qu’on ne s’y attendait au départ mais 21 % de moins que l’an dernier (6,3 Mha). Les semis de céréales d’hiver en Russie ont aussi été entravés par un automne anormalement sec et chaud. L’essentiel des précipitations à la fin octobre et en novembre sont tombées trop tard pour les semis mais elles ont contribué à un meilleur établissement des cultures. Le total des semis nationaux de céréales d’hiver, du blé pour l’essentiel, devrait se replier aux alentours de 13,6 Mha, contre 14,3 Mha l’an dernier.

Aux Etats-Unis, le blé d’hiver se développe bien, l’émergence étant le plus souvent en avance sur la normale, hormis dans le Pacifique Nord-Ouest où elle est à la traîne. Malgré tout, l’état des cultures n’est pas aussi bon que l’an dernier. Au 20 novembre, 56 % des cultures étaient considérées en bon voire excellent état, niveau plus ou moins conforme à la moyenne sur cinq ans mais en baisse par rapport au taux exceptionnellement élevé de 76 % observé l’an dernier. Ceci s’explique par la sécheresse dans les plaines du Sud et du Centre, où il faudrait davantage de précipitations pour les cultures de blé Hard Red Winter. Des pluies récentes ont profité aux régions sous Soft Red Winter qui jusque-là manquaient d’eau, notamment dans les principaux états producteurs du Sud.

En Chine, la superficie sous blé d’hiver est officiellement estimée en hausse de 1 % sur l’an dernier, bien que cette hausse soit inférieure aux espérances initiales. Après plusieurs semaines de conditions fraîches et humides, un temps plus sec et plus chaud en novembre a permis d’achever les semis de céréales d’hiver dans la grande plaine du Nord et a favorisé l’établissement des semis. En Inde, au début de novembre, les pluies de mousson se sont estompées dans la plupart des régions, laissant des systèmes d’irrigation dotés d’approvisionnements en eau adéquats. Des pluies de mousson décevantes ont été signalées dans le Nord-Ouest, mais les régions productrices du Sud ont bénéficié de précipitations abondantes. Certaines indications suggèrent que la superficie plantée pourrait être légèrement supérieure à l’an dernier, en raison des prix plus élevés. Le Pakistan a reçu des pluies insuffisantes, ce qui laisse le total des précipitations à long terme à un niveau très inférieur à la normale.

En Iran et en Syrie, les pluies automnales sont arrivées exceptionnellement tard, ce qui a retardé les semis dans les principales régions productrices. Les pluies de novembre ont été propices aux cultures récemment plantées mais il en faudrait davantage. Les semis ont bien avancé dans les régions productrices du centre de la Turquie, dans des conditions généralement favorables, mais plus récemment, un temps plus froid que de coutume risque de nuire au développement initial des cultures.

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