Bioéthanol : chauds les agréments !
L’AGPB, l’AGPM et la CGB demandent que les nouveaux agréments soient exclusivement octroyés à l’éthanol.
LA PRODUCTION de bioéthanol doublera cette année en France, indique Scop Info, la récente lettre d’information des cultures arables, copubliée par l’AGPB, l’AGPM et la Fop. Une occasion pour les exploitants d’obtenir, enfin, le développement de son incorporation directe dans le super.
L’ETBE dans le collimateur
La production française de bioéthanol passera de 100.000 à 200.000 tonnes en 2005. En vue de ce doublement, qui se réalisera sans investissement nouveau, le gouvernement va octroyer en mars des agréments supplémentaires aux producteurs de biocarburants. Ces derniers permettent de supporter une taxation réduite des biocarburants.
L’AGPB, l’AGPM et la CGB demandent que ces nouveaux agréments soient exclusivement octroyés à des unités de production d’éthanol (distilleries). L’utilisation de l’éthanol en incorporation directe dans les essences, démarche qu’ont déjà testée des distributeurs indépendants de carburants et dans laquelle ils sont prêts à s’engager, pourrait ainsi se développer.
Dans le passé, les agréments ont été quasi exclusivement attribués à la production d’ETBE (Ethyl-tertio-butyl-éther), additif à l’essence obtenu par l’industrie pétrolière ou chimique à partir d’isobutylène (produit issu du raffinage) et de 47 % d’éthanol. Il y a là deux inconvénients.
D’une part, l’éthanol est payé moins cher que s’il était incorporé en direct. L’industrie pétrolière ou chimique fait en effet pression pour l’acheter au prix le plus bas, afin de compenser le coût supplémentaire que représente sa transformation en ETBE.
D’autre part, les bilans écologique et énergétique de l’ETBE sont beaucoup moins intéressants que ceux du bioéthanol, ce dont conviennent tout à fait le ministère de l’Industrie et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Logique, puisque l’ETBE est majoritairement issu d’un produit pétrolier et qu’il demande un stade supplémentaire de transformation.
L’AGPB, l’AGPM et la CGB demandent au gouvernement de prendre tout particulièrement en compte cette réalité, au nom du développement durable, dans l’octroi des agréments.
Faisabilité à nouveau confirmée pour le bioéthanol en direct
Le groupe Dyneff, premier pétrolier indépendant français, implanté dans la partie sud de notre pays, a procédé avec succès à trois vagues d’essais d’incorporation directe de bioéthanol dans l’essence entre avril et novembre 2004, indique l’AGPB dans sa dernière lettre d’information. Chaque fois, trois stations-service du département de l’Aude ont commercialisé une essence dans laquelle avaient été mélangés 5 % de bioéthanol pur sur l’un des sites de stockage du groupe, celui de Port-la-Nouvelle. Quelque 100.000 litres de ce mélange ont ainsi été utilisés par les automobilistes qui ont fréquenté ces stations. L’objectif de l’opération était de contrôler que le mélange ne posait aucun problème, entre autres sur le plan de la consommation. Le personnel des stations-service avait à cet effet reçu la consigne de faire remonter toute éventuelle réclamation. Il n’y en a eu aucune. En France, la commercialisation à grande échelle de tels mélanges dépend des agréments qu’attribuera le gouvernement pour le doublement de la production de bioéthanol décidé pour 2005.