Elections états-uniennes/Marché des grains
Avec ou sans Biden, la Chine s'approvisionnera !
Dan Basse (AgResource), Dave Hightower (The Hightower Report), et Louis Rose (Rose Commodity), ont analysé les potentielles conséquences de l’élection de Joe Biden sur le marché des grains.
Dan Basse (AgResource), Dave Hightower (The Hightower Report), et Louis Rose (Rose Commodity), ont analysé les potentielles conséquences de l’élection de Joe Biden sur le marché des grains.
« Je ne vois pas dans l’élection de Joe Biden de gros changements, du moins à court terme. La Chine achète ce dont elle a besoin (soja, maïs…), là où c’est le moins cher, conflit commercial ou non », s’est exprimé Louis Rose, cofondateur du cabinet Rose Commodity, lors d’un webinaire organisé par le média Agrimoney le 19 novembre 2020.
En plein conflit commercial en 2019, la Chine avait certes drastiquement réduit ses achats de soja états-unien. Mais si Pékin avait agi de la sorte, c’est parce que le Brésil était en mesure de répondre à ses besoins, ce qui n’a plus été le cas ces derniers mois, alors que le conflit perdurait (malgré une certaine détente fin 2019/début 2020), et est revenu vers le soja nord-américain. Dan Basse, dirigeant d’AgResource, ajoute que la demande chinoise devrait rester dynamique durant les prochains mois, engendrant une potentielle hausse des surfaces états-uniennes de soja l’an prochain, « de 9 millions d’acres », alerte-t-il, ajoutant que la Chine pourrait importer 102 à 103 Mt de graines de soja lors de la présente campagne, et 25 Mt (ou plus) de maïs.
De son côté, Dave Hightower, dirigeant du cabinet The Hightower Report, ne s’attend pas à une prompte signature d’un accord définitif entre la Chine et les États-Unis malgré l’élection de Joe Biden. « La Chine veut être la première puissance mondiale et laisser le moins de terrain possible aux États-Unis dans sa zone d’influence ». L’analyste fait référence au plus important accord de libre-échange au monde, soit le partenariat régional économique global (RCEP), signé le 15 novembre 2020 entre la Chine et quinze pays d’Asie et d’Océanie. De leur côté, les États-Unis voudront maintenir leur première place, et préserver ce qu’ils ont pu obtenir lors du conflit commercial. Mais cela ne devrait guère avoir de conséquences sur les ventes états-uniennes de grains à la Chine, estiment les analystes, pour les raisons énoncées précédemment.
Moins de soutiens directs aux farmers ?
Côté politiques agricole et environnementale intérieures, Dan Basse estime que le soutien direct aux agriculteurs états-uniens décidé sous la présidence de Donald Trump, pourrait s’avérer moins important sous le mandat de Joe Biden. Néanmoins, ce dernier pourrait accorder davantage de soutiens indirects, en fonction d’objectifs plus « verts » : usage réduit d’intrant, soutien accru à l’incorporation de biocarburant…
Pour Dave Hightower, la politique environnementale de Joe Biden dépendra « de son attitude face à l’extrême gauche présente dans le camp démocrate. S’il cède à leurs exigences, les États-Unis privilégieront des énergies plus vertes mais moins compétitives que le charbon par exemple, susceptible de générer de l’inflation, et une perte de valeur du dollar ». L’analyste estime que les taux d’intérêt nationaux devraient rester bas, afin de soutenir l’économie du pays, autre motif de maintien d’un faible niveau du dollar par rapport aux monnaies concurrentes, et stimulant la compétitivité du soja états-unien sur la scène mondiale.