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Logistique
Basses eaux du Rhin : un fort renchérissement du fret fluvial à venir

La baisse du niveau du Rhin pourrait coïncider avec les besoins de dégagement du maïs alsacien, dont la récolte débute tout juste.

En 2018, le Rhin a connu un épisode de basses eaux, long et intense.
© CFNR Groupe Rhenus

Le niveau du Rhin diminue depuis une quinzaine de jours. « Le fleuve a déjà perdu entre 1,50 m et 2 m d’eau [en date du 21 septembre]. Et, sans pluies suffisantes, le mouvement va s’aggraver de jour en jour, à raison de quelques centimètres quotidiennement », indique Jean-Laurent Herrmann, conseiller technique pour la voie d’eau. Et d’ajouter : « Si jusque-là il n’y avait pas de réelles conséquences sur le transport des grains par voie d’eau, aujourd’hui, il devient pénible de naviguer sur le Rhin, avec l’apparition de contraintes financières inhérentes. Les coûts du fret fluvial vont augmenter de manière importante. Et que ce phénomène de basses eaux arrive alors que la récolte de maïs débute, ce n’est pas l’idéal ».

Pas d’amélioration prévue à court terme

« Le fret sur le Rhin a renchéri de l’ordre de 2 €/t en semaine 38. Les coûts du transport fluvial sur cette voie d’eau devraient continuer de croître de manière assez importante dans les prochaines semaines », s’inquiète Jean-Laurent Herrmann. « Plus les eaux sont basses, moins les bateaux peuvent être chargés [en lien avec leur tirant d’eau], d’où le besoin de plusieurs péniches pour transporter le même volume de marchandises, ce qui raréfie la disponibilité en cales », explique-t-il.

Le spécialiste de la voie d’eau ne voit pas comment la situation pourrait s’améliorer à court terme car les prévisions météorologiques ne prévoient que quelques averses en semaine 39, qui ne changeront pas la donne. « Il faudrait avoir des précipitations plus importantes et régulières pour que le niveau du Rhin remonte significativement », souligne Jean-Laurent Herrmann.

Quid de la commercialisation du maïs alsacien ?

Les coupes de maïs démarrent en Alsace (cf. encadré). « Si une partie de la récolte approvisionne les amidonneries de la région, le plus gros volume est transporté, via le Rhin, principalement vers les fabricants d’aliments pour animaux hollandais et belges, mais également vers quelques amidonneries européennes », détaille l’expert de la voie d'eau.

« Nous n’avons pas d’inquiétude concernant le transport de notre maïs sur le nord-UE pour le moment. Mais en cas de capacités de stockage insuffisants au plus fort de la récolte, des livraisons de dégagements pourraient être nécessaires et le phénomène de basses eaux pourraient alors poser problèmes », témoigne André Streicher, responsable Commercialisation des grains à Armbruster Frères SA. De plus, « certains de nos clients européens, utilisateurs de maïs (amidonnerie, fabricants d’aliments pour animaux), sont réticents à s’approvisionner dans le nord-est de la France par la voie d’eau, après leur mauvaise expérience de 2018, où nous avons connu un épisode de basses eaux sur le Rhin, long et intense », continue-t-il. Ils seraient enclins à privilégier l’origine Sud-Ouest par le transport maritime, voire les marchandises en provenance de la zone mer Noire. « Alors que le fret fluvial est d’ordinaire un point fort en termes de coûts logistiques, sur le Rhin, cela devient un facteur pénalisant », regrette André Streicher.

Une récolte de maïs pénalisée par la sécheresse estivale en Alsace

« Notre récolte 2020 de maïs a tout doucement démarré en cette semaine 39, sur des parcelles non irriguées qui ont souffert de la sécheresse estivale, avec des rendements moyens à médiocres », déclare André Streicher, responsable Commercialisation des grains à Armbruster Frères SA. Mais le gros de la collecte s’effectuera d’ici une semaine à une dizaine de jours, avec la récolte des parcelles irriguées, qui devraient donner de meilleurs résultats. « Nous estimons que la récolte 2020 devrait avoisiner, voire être légèrement supérieure à celle de 2019 en termes de volumes, mais avec une grande hétérogénéité d’une zone à l’autre », prévoit André Streicher.

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