Alimentation animale : « Nous sommes soumis à des facteurs d’incertitude, face aux évolutions règlementaires », indique Hervé Vasseur, président de Nutrinoë
Cette année, Nutrinoë, l’association des fabricants d’aliments de l’ouest, organise son assemblée générale en même temps que celle du Snia (Syndicat national des industriels de l'alimentation animale), le 4 juillet à Lorient (Bretagne). Cette collaboration permet à cet évènement régional d'obtenir une vraie dimension nationale autour du sujet "Territoires d’élevage", indique Hervé Vasseur, le président de Nutrinoë.
Cette année, Nutrinoë, l’association des fabricants d’aliments de l’ouest, organise son assemblée générale en même temps que celle du Snia (Syndicat national des industriels de l'alimentation animale), le 4 juillet à Lorient (Bretagne). Cette collaboration permet à cet évènement régional d'obtenir une vraie dimension nationale autour du sujet "Territoires d’élevage", indique Hervé Vasseur, le président de Nutrinoë.
La Dépêche Le petit meunier : Nutrinoë, l’association des fabricants d’aliments de l’ouest, tient cette année son assemblée générale avec celle du Syndicat national des industriels de l'alimentation animale (Snia) : c’est une nouveauté ?
Hervé Vasseur : Absolument, mais cela tombait sous le sens de mettre nos forces en commun pour faire un évènement de taille. Le Snia organise en effet alternativement son assemblée générale annuelle à Paris et en Région. Nous avons de nombreux échanges avec les syndicats nationaux, La Coopération agricole Nutrition animale et le Snia participent d’ailleurs alternativement à nos réunions de conseil d’administration tout au long de l’année. Pour le Forum de la nutrition animale, nous innovons cette année en organisant des moments d’échanges avec nos collègues des autres régions de France. Et nous sommes heureux de recevoir plus de 200 personnes ce jeudi 4 juillet à la Cité de la Voile Eric Tabarly à Lorient. Nous construisons cette année un évènement régional à résonnance nationale autour du sujet "Territoires d’élevage", notamment de l’acceptabilité sociale de l’installation de jeunes éleveurs, ce qui est vital.
LD-LPM : Quelle est l’actualité de la nutrition animale bretonne ?
H. V. : 2023 a été une année de baisse de volumes globalement mais avec de grandes disparités entre espèces et des points d’optimisme. Notamment s'agissant des aliments pour poules pondeuses et pour ruminants qui sont en croissance. Les cours du lait et des œufs sont bons. En pondeuses, nous nous reprenons après l’Influenza aviaire en Côtes-d’Armor. En ce qui concerne la volaille de chair, les volumes reviennent à une certaine normalité après l'épidémie d'Influenza aviaire qui a frappé les Pays de la Loire et qui nous a permis à l’époque de récupérer des tonnages : il est donc logique que nous baissions. Quant au porc, c’est autre chose : malgré la bonne tenue des cours, nous ne reviendrons probablement pas aux tonnages des années précédentes. Au total sur les quatorze dernières années, la Bretagne a perdu environ 20 % de ses volumes puisque nous avons fabriqué l’an dernier 6,828 Mt contre 8,601 Mt en 2009. Nous connaissons donc des ajustements industriels logiques, avec la fermeture de certaines usines.
LD-LPM : Comment se présente l'année 2024 ?
H. V. : Nous sommes un peu dans la même tendance selon les espèces, mais la baisse s’atténue puisqu’elle est de -2,1% sur les onze premiers mois de la campagne, c’est-à-dire de juillet 2023 à mai 2024, mais seulement de -0,3 % sur les cinq premiers mois de 2024. Les éleveurs ont retrouvé un peu de sérénité et une rentabilité encourageante avec des cours des viandes, du lait et des œufs corrects. La nutrition animale a pu aussi répercuter à la baisse les évolutions des cours des matières premières après avoir pris de face les effets de la crise en Ukraine, même si, ces deux derniers mois, les cours repartent un peu à la hausse. Nous sommes toutefois tous soumis à des facteurs d’incertitude, notamment dans le contexte électoral français et face aux évolutions règlementaires.
LD-LPM : À six mois de l’entrée en vigueur du Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts, prévue au 30 décembre 2024, conduisant à l'utilisation de soja non déforestant, le Snia a alerté les autorités sur l’urgence de clarifier les conditions de son application dans les plus brefs délais. Dans ce contexte, vous n’avez toujours pas accès à des cotations de tourteau de soja pour janvier 2025 ?
H. V. : Effectivement, comme nos syndicats nationaux l’ont de nouveau dénoncé récemment, nous ne pouvons toujours pas nous positionner or les délais courent pour l’établissement des plannings de mise en place en volailles, notamment pour la dinde. Et nous ne pouvons pas satisfaire les éleveurs de ruminants qui voudraient pouvoir se couvrir sur la longueur pour leurs aliments avec un tourteau de soja à moins de 400 euros la tonne.
LD-LPM : Du côté de la logistique, quelle est la situation bretonne ?
H. V. : Les grèves portuaires ont tendu les approvisionnements en début d’année puis en mai, mais les adhérents de Nutrinoë ont pu s’approvisionner au fil de l’eau. Du côté de la Région, nous avons eu des échanges très positifs à propos de sa stratégie ferroviaire et portuaire. Dans sa publication de fin 2023, elle confirme notamment l’importance de la nutrition animale pour les ports bretons. Quant aux dérogations de circulation pour les week-ends et jours fériés, quoique tardives cette année, elles ont bien fait l’objet d’arrêtés zonaux en avril pour les ponts de mai puis pour l’été et la fin de l’année.