Spécial Nutrition animale
Algues, un vrai potentiel

Qu’elles se marient aux saveurs des pommes de terre nouvelles de Noirmoutier quand elles s’appellent Wakame ou Dulse, qu’elles soient mises en avant comme source d’agrocarburant de seconde génération, ou qu’elles permettent de valoriser les digestats de méthanisation…, les algues, macro comme micro, s’installent dans notre quotidien. Elles constituent sur le papier des sources intéressantes de nutriments et sont d’ailleurs utilisées depuis longtemps comme matières premières pour les poissons d’élevage. La grande diversité des algues, qui se trouvent non seulement dans la mer et les eaux douces, mais aussi sur terre (micro-algues), et leurs compositions sont alléchantes.
Des algues rouges à 30-40 % de protéines
Quelque 750 espèces naturelles de macro-algues colonisent par exemple nos côtes, dont six ou sept présentent un intérêt pour la nutrition animale, pour peu qu’elles soient exploitées fraîches, c’est-à-dire avant d’échouer sur le littoral. Certaines algues rouges contiennent autant de protéines qu’une légumineuse (de 30 à 40 % de leur matière sèche). La production mondiale de macro-algues (qui pourrait frôler les 20 millions de tonnes) est surtout asiatique, sachant que l’Australie et la Nouvelle-Zélande s’y intéressent de près. La France en produit presque 70.000 t par an, dont plus de 60.000 t de goémon, ramassées en Bretagne pour les alginates. Nous en importons au moins 100.000 t, quasi exclusivement pour l’alimentation humaine.
Mines de micronutriments
Les micro-algues sont principalement utilisées pour leurs micro-nutriments. Vitamines, anti-oxydants, caroténoïdes et oligo-éléments sont, par exemple, valorisés par Génial, qui propose un aliment conçu sur les principes de la “nutrigénomique” pour les vaches laitières. Les chlorelles (vertes) sont très riches en lipides. Les Dunaliella contiennent jusqu’à 14 % de bêta-carotènes. Des extraits sont utilisés pour colorer les jaunes d’œuf. Les spirulines sont connues pour leurs acides gras polyinsaturés, notamment les omégas 3 et leurs 50 à 70 % de protéines. Les algues sont aussi source de molécules à action antibiotique ou immunostimulant, comme le béta 1,3 glucan pour lutter contre certains virus... Le porc digère particulièrement bien les protéines de chlorelle. Et elles pourraient remplacer jusqu’à un quart des protéines de soja dans l’alimentation des volailles. Mais pour l’instant, aucun volume n’est réellement disponible pour les acheteurs.