La volaille relativement épargnée par l’accord commercial UE-Mexique
Après un accord de principe trouvé en avril 2018, l’Union européenne et le Mexique ont achevé le 28 avril dernier le processus de modernisation de leur accord de libre-échange.
Après un accord de principe trouvé en avril 2018, l’Union européenne et le Mexique ont achevé le 28 avril dernier le processus de modernisation de leur accord de libre-échange.
L’aboutissement des pourparlers de libre échange commercial entre l’Union européenne et le Mexique arrive en total contretemps par rapport à l’actualité focalisée sur la Covid-19, laquelle a remis en avant la question de l’origine de l’alimentation des Européens dans toutes ses dimensions (souveraineté, sécurité sanitaire, autonomie…). Mais, il est le résultat d’un long processus qui ne concerne pas uniquement les produits agricoles.
Un accord commercial existait entre l’Union européenne et le Mexique depuis le début des années 2000. Les négociations de modernisation ont démarré en mai 2016, juste avant l’élection de Donald Trump, partisan d’un mur à la frontière des deux pays. La Commission européenne a voulu saisir cette opportunité avec l’objectif affiché de libéraliser les échanges au maximum,dans les deux sens avec un souci de réciprocité. Avec le protocole signé le 28 avril, "la libéralisation totale des échanges atteindra plus de 85 % des lignes de tarifs douaniers qui n'avaient pas été libéralisées" indique le communiqué de presse de l’Union européenne.
Cette annonce a fortement fait réagir des syndicats agricoles minoritaires et des organisations politiques opposés par principe à ce type d’accord, symbole d’une mondialisation jugée néfaste. Du coté des professionnels de la viande bovine, Interbev estime que les produits mexicains ne présentent pas de garanties sanitaires suffisantes et demande au président Macron de s’opposer à l’accord, ainsi qu’à toute prochaine ouverture du marché européen aux pays tiers
Des opportunités pour la VSM
Les professionnels avicoles européens ont préservé l’essentiel, à savoir le filet de poulet. Pendant les négociations en amont, ils ont réussi à convaincre la Commission européenne de ne pas lâcher le filet de poulet.
Presque tous les produits avicoles mexicains importés par l’UE seront donc libéralisés, à l'exception des filets (mais avec un droit préférentiel sur un contingent de 10 000 tonnes) et des ovoproduits (droit préférentiel sur 5 000 t d'équivalent-œufs pour les jaunes).
Les conditions d'accès au marché mexicain seront nettement améliorées pour la volaille européenne. La viande désossée mécaniquement (VSM) sera complètement libérée et les cuisses de poulet seront exemptes de droit jusqu’à 20 000 tonnes. La concurrence commerciale risque d’être rude sur le marché des cuisses largement occupé par les nord-américains qui se délestent des morceaux que ne prisent pas leurs consommateurs. En revanche, il y a sans doute plus d’opportunités à saisir en VSM, estime Paul Lopez le président de l’Association européenne des abatteurs de volailles (Avec). En effet, les Mexicains consomment énormément de saucisses fabriquées à base de VSM, notamment issue de volaille.
Pour être définitivement adopté, l’accord devra être traduit dans les vingt-sept langues de l’UE et ratifié par le Parlement, ainsi que par le Conseil européen.
Les autres produits animaux concernés :
Importations mexicaines
- Viande de bœuf : 10 000 tec (tonnes équivalent carcasse) de contingent introduit en 5 ans avec 7.5% de droits de douane ;
- Abats de bœuf :10 000 tec de contingent en 5 ans avec 7.5% de droits ;
- Porc : libéralisation, sauf pour le jambon congelé (contingent de10 000 tec)
Exportation européennes
- Fromage: 20 000 t sur les affinés et 5000 t sur le frais en 5 ans ;
- Produits laitiers : 50 000 t en 5 ans sur lait écrémé en poudre ;
- Porc : libéralisée.
En savoir plus :
Présentation de l'accord sur le site de l'Union européenne
Les données spécifiques aux échanges agricoles avec le Mexique