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La coupure automatique rang par rang optimise la pulvé et soulage le conducteur

Largement démocratisée en grandes cultures, la coupure de rang par GPS peine à se démocratiser en viticulture. La concession Ravillon a franchi le cap en proposant en amont la prestation d’arpentage.

Depuis 2017, Tecnoma propose sur ses pulvérisateurs Vectis Precijet et cellules de pulvérisation Millésime le système Vititop. Intégrant un terminal Isobus, il donne accès à toutes les applications liées au GPS (guidage, coupure automatique de rangs, modulation de dose à partir d’une carte de préconisation) et à la localisation intraparcellaire. Pourtant, les ventes de coupure de rangs par GPS n’ont pas décollé.

En effet, à la différence des grandes cultures où l’agriculteur commence par faire le tour de sa parcelle avec son pulvé, délimitant ainsi la zone géographique à traiter, le viticulteur ne détoure pas et attaque directement les rangs. Cela impose de réaliser en amont un arpentage de toutes les parcelles, ainsi que le renseignement géolocalisé de tous les points pouvant nécessiter une zone non traitée, comme les zones résidentielles ou les cours d’eau.

L’arpentage centimétrique préalable à la coupure automatique

L’arpentage centimétrique doit être réalisé à l’aide d’une antenne GPS RTK, la seule offrant une répétabilité, c’est-à-dire un géopositionnement stable dans le temps. Plus économiques, les autres solutions finissent par dériver au bout de quelques dizaines de minutes, ce qui n’est pas gênant en grandes cultures où peu de temps sépare le détourage des allers-retours à l’intérieur de la parcelle. C’est plus gênant en vignes étroites, où une erreur de 50 cm peut faire croire au terminal qu’il se situe dans le rang d’à côté et peut donc amener le chauffeur à ne pas se placer dans le bon rang.

Préalable au fonctionnement de la coupure automatique de rang en viticulture, cette phase d’arpentage constitue donc le frein majeur. Pour passer ce cap, le concessionnaire champenois Ravillon propose l’arpentage en prestation. « Nous avons deux offres, détaille Pierre Gauyacq, le spécialiste agriculture de précision du concessionnaire. La première est la solution clé en main, qui comprend la location du matériel (50 €/ha) et un forfait à l’heure. La seconde, plus économique, comprend la location du matériel, une journée de formation et une journée de travail informatique d’intégration des données collectées (600 euros pour ces deux jours) : la prise des mesures est alors effectuée par le viticulteur lui-même. »

Le concessionnaire ne s’est pas arrêté là. La concession Ravillon propose des kits de rééquipement pour transformer des cellules de pulvérisation déjà en fonction en appareils high-tech équipés de la coupure de rangs par GPS. « Nous avons équipé quelques appareils sept ou neuf rangs, explique Pierre Gauyacq. Essentiellement des Tecnoma Isobus et des Berthoud équipés de l’option TUVR. » Les appareils dotés de trois ou cinq électrovannes se voient équipés de dix électrovannes sur les appareils neuf rangs et huit sur les sept rangs. En effet, un pulvé neuf rangs traite huit rangs complets et deux demi-rangs à chaque extrémité. « Ensuite, on rajoute, selon le besoin, une vanne de régulation, le DPA et un terminal Trimble qui va piloter toutes ces électrovannes en fonction de la position géographique de l’antenne GPS. Au total, il faut compter entre 7 000 et 20 000 euros selon l’équipement d’origine et le type de signal GPS (cf encadré).

Quatre cuves au lieu de cinq

Premier bénéfice de cet investissement comprenant l’arpentage précis au centimètre près : les surfaces mesurées sont les vraies surfaces de vigne, ce qui n’est pas le cas de la parcelle cadastrale. Lors des achats de produits, ainsi que lors de la préparation des bouillies, l’opérateur n’achète et n’utilise que la juste quantité de produits nécessaire. Pas besoin de rabe pour les pointes, puisque le système gère les coupures rang par rang au centimètre. Avec des parcellaires biscornus, l’économie en produits phytosanitaires peut vite monter. « Nous avons des clients qui, pour traiter leur parcellaire, ne remplissent plus que quatre cuves au lieu de cinq, explique Pierre Gauyacq. C’est tout de suite quatre heures de main-d’œuvre en moins, et quatre heures de GNR d’économisées. »

C’est en effet dans les parcelles biscornues et/ou en pointe que les économies sont les plus importantes. « Avec une rampe où l’on coupe trois rangs manuellement, sur une pointe qui court sur un peu plus de 40 mètres, le chauffeur attendra d’atteindre le dernier rang avant de couper ces trois rangs, poursuit Pierre Gauyacq. Dans cette situation, la coupure rang par rang occasionne tout de suite une économie d’un demi-are. »

L’automatisation de la coupure intègre en outre les ZNT : différentes cartes pour une même parcelle sont sélectionnables selon la distance à respecter. Le système ferme également le demi-rang extérieur lors du passage en bordure, mais aussi le ou les rangs concernés lorsque le chauffeur se trompe de rang, s’il renfile trop vite le passage suivant. À l’inverse, s’il reste un rang non-traité, il est matérialisé à l’écran. Pas de risque d’oublier non plus une parcelle, surtout quand on traite 40 à 90 parcelles par jour : l’opérateur visualise sur son terminal sa carte des parcelles réalisées et restant à faire. Depuis son ordinateur de bureau le chef d’exploitation visualise exactement où en sont ses salariés : un petit boîtier réactualise via le cloud la situation des travaux de pulvérisation.

Une tranquillité d’esprit à la pulvé

Par ailleurs, en cas d’orage ou de fin de cuve, l’opérateur enregistre la position où il s’est arrêté et y reviendra précisément par la suite. En traitant, il peut marquer des points remarquables (pied d’esca, piquet cassé), qu’il pourra facilement retrouver. Il est également possible de marquer la position d’obstacles, de zones plus pentues où il est conseillé de travailler à plus faible vitesse, le tout dans un but de limiter les casses, notamment pour les chauffeurs inexpérimentés. Ces risques sont également réduits en bout de rang, le chauffeur ayant toute son attention libérée pour effectuer son demi-tour et relever ses rampes. Au final, outre le bénéfice environnemental et économique d’une utilisation réduite et optimisée des phytos, les utilisateurs retrouver une certaine tranquillité d’esprit à pulvériser.

Enfin, le système est ouvert à la modulation de doses intraparcellaires. « À partir d’une carte de mesure de vigueur via le Physiocap, on peut déterminer deux zones, l’une naturellement riche où l’on mettra moins d’azote, l’autre plus pauvre où on engraissera davantage, tout en respectant la dose à l’hectare à l’échelle de la parcelle, explique Pierre Gauyacq. De même, le vigneron qui connaît bien ses vignes peut délimiter au sein de sa parcelle une zone qu’il sait plus sensible au botrytis et qu’il traitera différemment.

Deux choix de positionnement GPS

Pour la coupure de rangs par GPS, Ravillon offre le choix entre deux signaux de positionnement GPS. Le signal RTK s’appuie sur le réseau de balises RTK de la concession : il offre une précision centimétrique et la répétabilité dans le temps. Le second signal, baptisé RTX, est dit différentiel. Sa précision est de 10 cm sur un intervalle de temps court, mais peut atteindre 50 cm sur le long terme. « Dans cette situation, le chauffeur se place au début de la parcelle sur un point de repère et recale la position sur son terminal pour retrouver de la précision », explique Pierre Gauyacq. La précision de 10 cm suffira ensuite pour traiter le reste de la parcelle avec précision. La réception du signal RTX est environ 10 000 euros moins cher à l’achat que le RTK.

 

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Un exemple avec la famille Goffinet

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