« La chèvre était en détresse respiratoire malgré des poumons roses bébé »
Nicolas Damas, vétérinaire caprin dans le Maine-et-Loire, a découvert son premier cas de tumeur nasal dans un élevage de chèvres. Il incite ses confrères à penser à autopsier les nasaux en cas de détresse respiratoire.
Nicolas Damas, vétérinaire caprin dans le Maine-et-Loire, a découvert son premier cas de tumeur nasal dans un élevage de chèvres. Il incite ses confrères à penser à autopsier les nasaux en cas de détresse respiratoire.



« Dans un élevage que je suis, il y a historiquement de la pasteurellose, comme dans de nombreux élevages caprins. L’éleveur a commencé à vacciner ses adultes mais il continuait à avoir de la mortalité et des chèvres qui s’essoufflent. En autopsiant une des chèvres, j’ai vu que ses poumons étaient nickels, de couleur rose bébé. Là je me suis dit : il y a autre chose. J’ai ouvert les cavités nasales, et je suis tombé sur des tumeurs bien visibles. Ce sont des sortes de poches de liquide avec une paroi un peu dure qui obstruent les naseaux. C’est la gêne mécanique qui entraîne des difficultés respiratoires, puis une insuffisance respiratoire et de l’emphysème pulmonaire.
Réforme des animaux excréteurs
J’ai contacté Caroline Leroux de l’Inrae de Lyon. Cette spécialiste des rétrovirus caprins a proposé un dépistage que nous avons réalisé avec des écouvillons nasaux sur 80 des 250 chèvres bio du troupeau. Une quinzaine de chèvres sont porteuses, mais pas forcément malades. Nous devons maintenant voir avec l’éleveur la suite à donner. Dans tous les cas, il y aura la réforme ou l’isolement immédiat des animaux symptomatiques car ce sont eux les plus excréteurs. Si, par la suite, on voit que la prévalence augmente, il faudra envisager des mesures plus drastiques comme la réforme des chèvres porteuses.
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L’autopsie des nasaux
Je me suis spécialisé dans l’élevage caprin il y acinq ou six ans et c’est la première fois que je suis confronté à un cas. Maintenant, dès qu’il y a un problème respiratoire, j’ouvrirai aussi les nasaux lors de l’autopsie. Sur un troupeau de 300 chèvres, il y en a toujours 10-15 qui meurent par an. Souvent on pense en connaître la cause, mais sans autopsie, on peut passer à côté de choses importantes. »