« Je déprime des parcelles de pâture et de fauche »
Bernard Druesnes, en individuel dans le Nord, avec 56 hectares de prairie permanente pour 80 vaches laitières et leur suite.
Bernard Druesnes, en individuel dans le Nord, avec 56 hectares de prairie permanente pour 80 vaches laitières et leur suite.
« Il y a trois ans, j’ai changé ma façon de gérer les 14 hectares de prairie directement accessibles aux laitières et les 12 hectares d’herbe de l’autre côté d’un chemin, suite aux conseils de la chambre d’agriculture du Nord et du réseau Patur’Ajuste. Avant, je sortais les vaches vers le 10 avril. Maintenant, je les sors au mois de mars dès que le sol est portant, et uniquement l’après-midi pendant deux à trois heures la première semaine, pour que les vaches ne rasent pas trop la prairie ; je vise 5-6 cm de hauteur d’herbe minimum. Les semaines suivantes, j’augmente la durée de pâturage.
Avec le déprimage, les graminées tallent mieux, et la fléole, qui est la plus précoce, est consommée jeune. Donc, il y a moins de refus en début de campagne. Avant, je passais tôt le broyeur, et deux à trois fois par an. En 2019, je n’ai pas du tout broyé.
Cette année, il y avait quasiment le double d’herbe à la mi-mars par rapport à l’an dernier. Du coup, j’ai sorti un lot de génisses pleines avec les vaches laitières. Quand la portance est limitante, je fais passer les animaux plus vite. En ce 9 avril, les parcelles qui n'ont pas pu être déprimées seront pâturées.
Environ 5 à 8 hectares sont fauchés pour être ensilés. Je déprime ces parcelles en premier. L’herbe y est plus serrée et les rendements de fauche sont aussi bons que dans les parcelles non déprimées car plus loin et dispersées.
En pleine pousse de l’herbe, les vaches restent deux à quatre jours dans les paddocks (2 à 3 ha chacun). Je vise au moins 6-8 cm de hauteur d'herbe en sortie de pâturage ; je regarde là où c'est le plus pâturé et je mesure au doigt. S'il y a des refus, je ne les broie plus. Ils referont quelques repousses vertes et finiront pas être consommés. En été, cela maintient un peu de fraîcheur au sol et évite que la prairie grille. Cela évite les trous et le salissement. À l'automne, cela amène des fibres et équilibre les repousses riches en eau. Quand l’été est sec, je vise une hauteur d'herbe encore plus haute pour éviter qu’elle ne grille.
Avant l’hiver, j’essaye que les animaux ramassent au mieux l’herbe, pour ne pas laisser de refus. Sinon, l’herbe ne redémarre pas bien le printemps suivant. En 2019, j’ai laissé pâturer les laitières jusqu’au 10 décembre.
Enfin, je ne passe plus la herse pour ébouser pendant la saison, car j’ai constaté que les bouses se décomposent mieux d’elles-mêmes depuis que je ne fais plus de déparasitage systématique sur les génisses et que je ne déparasite plus les vaches. »