Guerre en Ukraine – Vers une hausse des exportations de maïs ukrainien pour la prochaine campagne ?
D’importants volumes de maïs de la récolte 2021-2022 sont entreposés dans les silos en Ukraine, et pourraient être disponibles pour 2022-2023, d’après Ukragroconsult.
D’importants volumes de maïs de la récolte 2021-2022 sont entreposés dans les silos en Ukraine, et pourraient être disponibles pour 2022-2023, d’après Ukragroconsult.
Les expéditions ukrainiennes de blé tendre, d’orge, de tournesol (l’huile surtout) sont toutes attendues en baisse entre 2021-2022 et 2022-2023 à cause de la guerre dans le pays… sauf le maïs. « Les exportations de maïs retrouveraient un niveau normal en 2022-2023 et supérieur à celui de 2021-2022, à près de 28,5 Mt, contre 19,3 Mt l’an passé », a déclaré Serguey Feofilov, dirigeant du cabinet Ukragroconsult le 6 avril lors d’un webinaire.
Comment est-ce possible, alors que les semis sont perturbés, que les futurs rendements pourraient être revus à la baisse et que les infrastructures d’exportations risquent de tourner au ralenti pendant encore quelques temps ? (dégâts dans les ports, les routes, les ponts etc.). Serguey Feofilov y répond : « Il y a énormément de stocks, le maïs étant essentiellement une culture d’exportation depuis les ports de la mer Noire, actuellement à l’arrêt. La récolte a été énorme en 2021-2022, et il faudra l’écouler en 2022-2023 ».
Près de 15,6 Mt de maïs 2021-2022 bloquées en Ukraine, prêtes à être écoulées en 2022-2023
En effet, le potentiel national d’exportation de maïs sur 2021-2022 était estimé avant-guerre à 35 Mt par Ukragroconsult, grâce à une récolte pléthorique de 41,9 Mt. Avant le début l’invasion russe, seules 17,3 Mt environ avaient pu sortir du pays, soit la période allant de juillet 2021 à février 2022. Près de 1,1 Mt ont tout de même pu être expédiées en mars, et 1 Mt pourraient être exportées sur avril-juin, selon l’analyste. Cela laisserait un stock total pour commencer la campagne commerciale 2022-2023 à 15,6 Mt.
La logistique ukrainienne sera donc mise à rude épreuve, bien qu’une baisse notable de la production soit attendue entre 2021 et 2022. « Dans quel état sera le maïs à l’issue de la guerre ? Combien de temps les grains vont-ils rester dans les silos ? Difficile de prédire l’avenir ! Nos prévisions peuvent changer », prévient Serguey Feofilov.
Un phénomène étrange est constaté, mais somme toute assez logique : « alors que les prix sont en hausse dans le monde, ils ont fortement baissé en Ukraine. Les exportations sont bloquées au moins jusqu’à juillet, et nous avons des soucis de stockage », témoigne Serguey Feofilov.
Environ 40% à 45% de la production de maïs nationale se situe traditionnellement dans les zones de combats, soit le nord et l’est du pays, rappelle Serguey Feofilov. « Il s’agit de la culture pour laquelle nous avons le plus d’incertitudes concernant les semis », complète-t-il. Les chiffres annoncés sont donc à prendre avec prudence.
Semis de maïs à 3,3 Mha en 2022, contre 5,46 Mha en 2021!
Les assolements devraient reculer de manière significative d’un an sur l’autre, passant de 5,46 Mha à 3,3 Mha. Les rendements sont attendus à 5,8 t/ha (7,67 t/ha en 2021) pour une production à hauteur de 19 Mt en 2022, selon Ukragroconsult, qui rappelle que le maïs est sensible à la fertilisation. « Les agriculteurs ukrainiens ont pour habitude de vendre d'importantes quantité de graines, dont du tournesol courant février-mars, afin d'obtenir du cash rapidement et de pouvoir acheter des semences et des fertilisants pour les cultures de maïs. Mais cette année, c'est plus difficile pour eux de procéder ainsi, limitant leur capacité d'achat d'intrants », alerte Serguey Feofilov.