Comment fonctionne l’assurance prairie ?
Guillaume Suc - L’assurance prairie assure un capital défini à partir du besoin fourrager de l’exploitation. L’éleveur détermine lui-même la quantité d’herbe à assurer en fonction de son cheptel, des autres apports fourragers hors prairies (maïs ensilage…) et des achats d’aliments. Le prix assuré est fixé par l’éleveur et correspond au prix moyen de rachat en fourrages sur l’exploitation, en tonnes de matière sèche. Il décide également du seuil de risque qu’il souhaite prendre, entre 20 et 30 %.
Les souscriptions s’effectuent de novembre à mi-mars pour une couverture jusqu’au 30 novembre de l’année. L’ensemble des modalités se fait en ligne.
L’assurance prairie se base sur une couverture indicielle qui permet de suivre la quantité d’herbe produite tout au long de la campagne à partir d’un suivi par satellite. On détermine un indice de référence historique sur les cinq dernières années, après retrait de la meilleure et de la plus mauvaise, pour éviter une vision de sous ou de surestimation du potentiel de production.
Si l’indice de l’année estime une perte supérieure à votre référence historique et au seuil d’intervention choisi, une indemnité sera automatiquement versée au souscripteur sans déclaration préalable.
Ce contrat est subventionné par les pouvoirs publics dans le cadre de la PAC jusqu’à 65 %.
Où en est l’évolution des souscriptions ?
G. - S. - Lors du lancement de l’assurance prairie, nous avons volontairement choisi de limiter le nombre de souscripteurs afin d’améliorer le produit dans une logique de coconstruction.
Delphine Létendart - Aujourd’hui, le dispositif fonctionne parfaitement mais rencontre une contrainte principale à son développement : il est en compétition avec le fonds de garanties des calamités agricoles, proposé par l’État. Ce dernier, qui exclut les éleveurs assurés, part d’une situation différente pour la mesure des pertes et dispose de modalités de seuil et de franchise distinctes. Les souscripteurs d’une assurance prairie ont ainsi un sentiment d’inéquité.
Tous les acteurs travaillent sur le sujet pour trouver des solutions et les conditions nécessaires au développement de l’assurance prairie.
Ainsi, sur le territoire, tous prescripteurs confondus, moins de 2 % des prairies sont assurées.
Quel est le profil des éleveurs ayant d’ores et déjà souscrit un tel contrat d’assurance ?
D. - L. – On assure des prairies sur l’ensemble du territoire, avec une légère tendance supérieure dans la partie Est de la France. Le profil des souscripteurs est assez varié mais on trouve principalement des éleveurs de bovins, lait, viande ou mixte avec une moyenne à 150 UGB pour 110 hectares de SAU. Le seuil de déclenchement de l’assurance généralement choisi est en moyenne à 25 %. Le contrat étant personnalisable, le coût est variable. Toutefois, les cotisations s’élèvent en moyenne à 21 euros/UGB et 31 euros/hectare avant subvention, soit respectivement à 10 et 14 euros, subvention déduite. Le taux de subvention est en moyenne d’environ 50 % et peut atteindre 65 % pour les contrats sans garanties complémentaires.
En 2019, année climatique très sèche, quel a été le taux de déclenchement de l’assurance ?
D. - L. - L’année dernière, la moitié de notre portefeuille a déclenché automatiquement une indemnisation avec une perte pouvant aller jusqu’à 75 % du potentiel de production. Ceci prouve bien que la protection du besoin fourrager des prairies fonctionne en cas d’aléas climatiques.
Une protection du besoin fourrager efficace en cas d’aléas climatiques
17 événements climatiques sont garantis
Coup de chaleur, coup de froid, coup de soleil, excès d’eau, excès de température, gel, grêle, humidité excessive, manque de rayonnement solaire, pluies torrentielles, pluies violentes, poids de la neige ou du givre, sécheresse, températures basses, tempête, tourbillon, vent de sable…