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Cyrille Paris, Gaec de la Vinette(1) à Challes (Sarthe)
Un positionnement de la graine à peser au-delà du rendement

Arvalis ne relève pas d’effet intéressant du positionnement des plants de maïs sur le rendement. Mais le twin-row ou les écartements faibles peuvent présenter d’autres intérêts.

Des gains en moyenne de plus de 5 % en rendement en 2011, et de plus de 3 % en 2012. C’est ce que permet la technique du semis de maïs en twin-row (ou rangs jumeaux) par rapport à des semis en simple rang. Les résultats proviennent des essais du semencier Dekalb avec sept de ses variétés, en partenariat avec le constructeur de semoirs Monosem. Le twin-row consiste en un semis double rang avec les graines disposées en quinconce. « Les plantes se font moins concurrence entre elles. Le chevelu racinaire est alors plus dense, ce qui assure un développement végétatif plus rapide et plus important », communique la société Dekalb. Au final, il y a augmentation de rendement avec le twin-row.

Précision : la technique s’accompagne d’une augmentation de densité de semis. Les résultats enregistrés en 2011 et 2012 l’ont été avec des peuplements plus importants de 20 % en twin-row par rapport aux semis classiques. Le gain de rendement obtenu ne serait-il dû qu’à cette augmentation des doses de semis à l’hectare ?

Moins de resalissement par les adventices en twin-row

Arvalis a travaillé la question du twin-row entre 2013 et 2015 sur deux sites (Alsace et Charente-Maritime) avec quelques variétés en ajoutant des essais d’écartements entre simples rangs. « Cette architecture du peuplement, comme la qualifie Damien Brun, spécialiste des semis chez Arvalis, est une façon de répartir les graines dans la parcelle en jouant sur les distances entre rangs, les densités de semis et les positionnements en ligne ou en quinconce. "

" En Alsace, sur la variété DK4590, nous n’avons vu aucun effet du positionnement des graines entre semis en ligne ou en twin-row mais juste parfois un effet densité avec des rendements supérieurs à 100 000 grainspar hectare par rapport à des doses inférieures, explique-t-il. Au Magneraud (Charente Maritime), les résultats sont similaires avec deux autres variétés, DK4795 et DK4814, qui répondent à l’augmentation de densité par un accroissement de rendement. Mais le twin-row n’était pas significativement différent d’un semis classique à 80 cm d’interrang. »

Damien Brun relève cependant un effet spécifique du twin-row : les salissements tardifs par des adventices y étaient moins importants qu’en semis classique. Le spécialiste d’Arvalis n’exclut pas qu’il peut y avoir un effet de réponse variétale contrastée à la technique de semis. « Il faudrait tester un nombre conséquent de variétés pour mettre cela en évidence, ce qui serait énorme à mettre en place et monstrueux en termes de répétitions de données. Ce n’est pas envisageable au final. » Dekalb a réalisé les tests avec ses propres variétés, référencées sur leurs réponses au twin-row avec des augmentations de densités de semis. « Effectivement, DK4590 est présenté comme répondant bien à cette technique. À notre sens, ce maïs réagit positivement à l’augmentation de densité mais quel que soit le rangement des graines, en lignes simples ou en quinconce », juge Damien Brun.

Pas de contre-indication sur les écartements faibles

Les écartements entre lignes de semis ont déjà fait l’objet d’expérimentations dans les années 1980-1990 par Arvalis. L’institut technique a testé deux écartements sur trois sites d’essais de 2013 à 2015. Encore une fois, les résultats sont soit équivalents entre les semis, soit au détriment du plus faible écartement (55 ou 50 centimètres) par rapport à un interrang classique de 75 ou 80 centimètres. Dans ce cas, le résultat n’est pas statistiquement significatif. Même si cela n’a pas fait l’objet de mesures dans des essais, Damien Brun note que sur les interrangs faibles, on peut gagner sur l’aspect désherbage en théorie. " Le couvert végétal se refermant plus rapidement, les adventices sont freinées dans leur développement en réceptionnant moins de lumière et elles sont plus vivement en concurrence avec la culture." À défaut de gagner en rendement, on peut au moins faire des économies sur le désherbage.

Des semoirs à écartements variables

Un écartement faible peut répondre à des questions pratiques. Des betteraves, colzas ou encore des sojas se sèment à des écartements de 40-50 centimètres. Pour gagner du temps dans ses travaux, un agriculteur peut faire le choix de ne pas changer les réglages de son semoir entre les semis de ces différentes cultures. Mais les constructeurs ont mis au point des châssis télescopiques avec des versions hydrauliques de leurs semoirs permettant de sortir ou de rétracter des éléments semeurs et les passer de 50 à 70 centimètres d’écartement. Cette adaptation rapide du semoir à une culture donnée répond à des besoins régionaux où la diversité culturale est importante, comme en Poitou-Charentes avec les maïs, sojas, tournesols et colzas.

« Je suis passé au twin-row pour augmenter mes rendements »

« J’ai recours à la technique du semis de maïs en twin-row depuis deux ans. Les maïs sont semés en double rang, avec une distance de 20 centimètres entre rangs et des pieds en quinconce, avec un semoir Monosem Twin-row Sync-row à quatre rangs dédoublés. La vitesse de semis, 7-8 km/h, est inchangée par rapport à mes semis précédents classiques. Le semoir est doté du système Monoshox et de roues plombeuses pour chacun des rangs. Les doubles rangs sont séparés de 55 centimètres, ce qui remplace ma technique précédente de semis en ligne conventionnel avec un interrang de 75 centimètres. Le passage au twin-row a été motivé par la recherche d’augmentation de rendement. J’ai constaté chez un voisin l’efficacité de la technique ainsi que sur les parcelles de l’exploitation où des essais ont été réalisés avec des variétés Dekalb. De fait, des variétés se comportent mieux que d’autres avec le semis en twin-row. Je les choisis en conséquence en ne modifiant pas les indices (280 à 400) et la densité de semis a été augmentée de 10 % pour passer de 93 000-94 000 pieds à l’hectare à 105 000 pieds. En 2015, j’estime avoir gagné 10 à 20 % de rendement (130 q/ha en irrigué avec des maïs ramenés à 15 % d’humidité) avec cette nouvelle orientation par rapport à des semis classiques. Je précise que les augmentations de densités ont été également testées en conventionnel, sans résultat probant. En 2016, les productions ont été moindres du fait des conditions climatiques particulières et des attaques importantes de ravageurs (géomyzes). Il est difficile d’en tirer des conclusions. Je remarque un salissement par les adventices moins important sur ces maïs en twin-row. Le passage à l’autoguidage a apporté une grande précision dans le semis, ce qui facilite ensuite le passage du tracteur pour les applications d’herbicides et la fertilisation. »

(1) Trois associés dont Pierre-Yves Legeay et Christophe Christians. 350 ha dont 75 ha de maïs grain. Vaches allaitantes et poulets de Loué.
Laurent Dufour, agriculteur(1) à Saint-Genis-sur-Menthon (Ain)

« Des modulations intraparcellaires de semis en fonction de la RU du sol »

« Les sols que nous cultivons mon père et moi sont extrêmement hétérogènes. À titre d’exemple, sur une même parcelle en bord de rivière, on passe d’un limon argileux à 40 % d’argile à une gravière superficielle avec des réserves utiles de 180 mm à 17 mm. Cette hétérogénéité se ressent au niveau des rendements avec, par exemple, de 80 q/ha à 180 q/ha de maïs d’un bout à l’autre de l’une de nos parcelles. Ce constat de forte hétérogénéité ainsi que mon penchant pour l’agriculture de précision m’ont incité à faire faire des cartes de sols par mesures de résistivité (Geocarta) associée à des profils de sols en différents points de nos parcelles. Ces cartes montrent notamment les variations de réserve utile du sol (RU) dans les différentes zones. J’en tire profit pour des modulations d’apports d’azote et aussi de densités de semis de maïs. Sur un champ de 40 hectares, j’applique quatre densités de semis échelonnées entre 92 000 pieds et 70 000 pieds à l’hectare, les densités les plus basses étant là où la RU est la plus faible avec moins d’enracinement possible. Je sème des maïs d’indices de précocité entre 450 et 550 points entre début avril et début mai. J’utilise un semoir Monosem NX à huit rangs à 80 cm. La variation de densité depuis ma cabine de tracteur est possible en chargeant ma carte de sol via une clé USB sur ma console Greenstar 2630 John Deere. Les outils suivent la technologie Isobus. La même console pilote la carte de préconisation de doses de semis et le semoir. Je ne pense pas réaliser d’économies sur les doses de semis puisque ma dose moyenne ne change pas, mais j’ai la sensation d’optimiser le potentiel de mes parcelles. En revanche, j’ai beaucoup gagné sur la modulation d’apports azotés sur colza. »

(1) Avec son père André. 532 hectares (ou 432 ??) en trois sites dont 90 de maïs grain.

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