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Stockage des céréales à la ferme : sept points clés pour maîtriser les coûts de son installation

Se doter d’une solution de stockage des céréales à la ferme est un investissement conséquent. Il convient de raisonner les coûts de son installation au plus juste en fonction de ses besoins.

Installation de stockage à la ferme, plaine céréalière, cellules extérieures
Le niveau d'équipement choisi doit correspondre aux besoins et aux capacités de financement de l'exploitation.
© Agriconsult

« Il n’y a pas un profil type de l’agriculteur stockeur. » C’est ce que constate Samuel Simonin, directeur général d’Agriconsult, entreprise spécialisée dans la conception et l’installation de bâtiments de stockage des céréales. Les exploitations concernées sont de toutes tailles, aussi bien en conventionnel qu’en bio.

D’après une enquête réalisée par Arvalis et l’institut BVA en 2023 auprès de 2 000 agriculteurs, 53 % disposent d’une capacité de stockage, 11 % des agriculteurs ayant déjà des capacités de stockage pensent investir à nouveau et 7 % de ceux qui ne sont pas équipés envisagent de le faire.

La réussite de son projet de stockage passe par la maîtrise du coût de son investissement. Ce qui ne veut pas forcément dire aller au moins cher, mais surtout de trouver un compromis entre sa situation initiale (présence d’un bâtiment existant ou non), ses besoins et ses capacités financières.

Diluer le coût par la taille

Opter pour une taille de silo suffisamment grande est un moyen de réduire le coût de la tonne logée. « Cela va permettre de réduire les frais fixes », confirme Dimitri Privé, dirigeant de la société éponyme, spécialisée dans la construction de silos de stockage pour les grains. Il faudra trouver un compromis entre les capacités d’allotements que l’on souhaite et le coût d’une multiplication du nombre de cellules ou de cases de stockage. Si on a la place suffisante et la possibilité d’investir, il peut être intéressant de prévoir une installation plus importante que ses propres besoins pour proposer des solutions de stockage à ses voisins agriculteurs ou à des coopératives et négoces du secteur.

Adapter le niveau d’équipement

Élévateur, fosse de réception, boisseau, pont-bascule, séchoir, appareils de suivi du tas… Le niveau d’équipement peut faire évoluer fortement le coût d’une nouvelle installation. Difficile de donner un montant moyen, tant le chiffre peut différer en fonction du projet. D’après les entreprises du secteur, cela peut aller de 100 euros à 300 euros la tonne et même grimper à 500 euros la tonne si l’on ajoute des installations de nettoyage et de triage.

Avant de se lancer, il faut donc déterminer le tonnage que l’on va stocker et la vitesse de travail que l’on souhaite atteindre. Souvent, les agriculteurs recherchent une bonne vitesse de travail lors du remplissage du silo pour avancer rapidement lors des travaux de récolte. À la reprise, cela dépendra de la façon dont est expédiée la marchandise. Un boisseau pourra être utile pour préparer le chargement en amont du remplissage de la benne, qu’il s’agisse d’un transporteur disposant de peu de temps ou d’une livraison à la coopérative ou au négoce par l’agriculteur. Ces aspects sont à mettre en perspective de la main-d’œuvre disponible et du temps que l’on pourra consacrer à la constitution du silo à la moisson et lors de la reprise de la marchandise au cours de l’année.

Prendre en compte la main-d’œuvre liée à l’installation de stockage

Que l’on est un salarié ou pas, il peut être utile d’estimer le temps humain que va nécessiter la nouvelle organisation liée au stockage. « Les agriculteurs ont tendance à négliger leur propre temps de travail dans le calcul », constate Samuel Simonin. Il donne l’exemple du stockage à plat avec utilisation d’un chargeur télescopique pour constituer le tas ou pour la reprise. « Si c’est l’exploitant qui effectue cette tâche, c’est du temps qui pourrait sans doute être utilisé pour des missions à plus forte valeur ajoutée », souligne le responsable. Cet aspect est à prendre en compte dans le choix de la cellule ou du stockage à plat ainsi que dans le niveau d’automatisation que l’on va mettre en place.

Adapter son projet à son débouché

Si les grains que l’on stocke sont destinés à un débouché spécifique tel que la filière CRC, Label rouge ou bio, il ne faudra pas lésiner sur les moyens pour préserver la qualité de la production et respecter le cahier des charges de la filière concernée. La gestion a posteriori d’un problème de conservation (humidité) ou de présence d’insectes peut coûter très cher, voire compromettre la vente de la récolte pour le débouché à valeur ajoutée pour lequel l’utilisation d’insecticides peut par exemple être interdite.

Ne pas négliger le coût du génie civil

Le coût d’un terrassement ou d’une dalle béton n’est pas négligeable. Dans le cas d’une installation neuve, ce coût sera moins élevé pour des cellules extérieures que pour un stockage à plat, car la dalle béton concerne seulement l’emprise du silo et non pas toute la surface d’un bâtiment dont seulement une partie accueille des grains.

Estimer ce que l’installation va rapporter

Un stockage à la ferme est un investissement pour toute la carrière. « L’installation va pouvoir être rentabilisée sur 30 ou 40 ans, c’est un élément à prendre en compte dans le calcul pour faire les bons choix », avance Dimitri Privé. En outre, une installation de stockage donne une valeur et une attractivité supplémentaires à l’entreprise agricole dans une perspective de transmission. « C’est un investissement conséquent, mais il ne se raisonne pas qu’en matière de coût, avance Samuel Simonin. Il faut aussi se demander combien cela va nous rapporter. L’objectif reste que l’agriculteur puisse dégager de l’excédent brut d’exploitation (EBE) supplémentaire grâce à son installation. »

Financer son projet avec du photovoltaïque

Parmi les solutions pour maîtriser les coûts de son bâtiment de stockage à la ferme figure le couplage avec l’installation de panneaux photovoltaïques (projets de stockage à plat). Cette solution permet généralement d’autofinancer le projet sur 20 ans (la partie panneaux se rentabilise généralement sur 7 ou 8 ans) pour une surface de panneaux de 1 200 m2. Cette solution suppose généralement un emprunt bancaire. Si les encours sont déjà trop lourds, il est possible d’avoir recours à un investisseur qui finance et loue le bâtiment à travers un bail emphytéotique de 30 ans. Il percevra alors les revenus liés à la vente d’électricité.

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