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Semis de blé tendre : les recommandations pour réussir cette étape en 2024

Après un automne 2023 qui a bouleversé les repères, Jean-Charles Deswarte, ingénieur chez Arvalis, rappelle les fondamentaux pour décider de la date de semis du blé tendre et pointe les précautions à prendre cette année. 

Semis de blé.
« Il est indispensable d'adapter la date de semis du blé tendre à la variété choisie et à l'état sanitaire de la parcelle », indique Jean-Charles Deswarte d'Arvalis.
© S. Leitenberger


 

Quels sont les critères qui permettent de déterminer la date de semis du blé tendre ?

La première règle est de raisonner la date de semis du blé tendre en fonction de la variété choisie 

Une variété tardive se sème tôt, une variété précoce se sème tard. On commencera début octobre par les variétés les plus tardives, pour poursuivre par les intermédiaires et finir par les plus précoces.  

Si on sème trop tôt des variétés précoces, on expose la culture à un risque de gel d’épis à montaison. Si on sème trop tard des variétés tardives, la culture sera en difficulté pour faire face aux éventuels stress thermiques du printemps et il y aura un risque d’échaudage.  

Il faut donc raisonner la date de semis selon la variété et les risques qu'elle encourt face aux accidents climatiques. Semer des variétés de précocité différentes à la même date est une erreur. 

À la variété de blé tendre se superposent des contraintes d’ordre agronomique  

Plus on sème tôt, plus on va être soumis à des risques de complications sanitaires (viroses, pressions des adventices…). Il faut donc évaluer le risque sanitaire de la parcelle et raisonner la date de semis en fonction de celui-ci.  

Un semis précoce est à réserver aux parcelles propres. Si on sème tôt une parcelle sale, elle sera difficile à nettoyer. En semant tard, l’agriculteur aura le temps de faire des faux semis, et d’appliquer éventuellement des herbicides. 

Raisonner la date de semis du blé tendre en fonction du risque de virose 

Sur des parcelles historiquement touchées par des pucerons et des cicadelles, si on sème tôt, qui plus est des variétés sensibles, il faudra être très réactif pour maîtriser les ravageurs. Ce n’est pas toujours possible. En semant plus tard, on évitera les périodes favorables aux pucerons.  

En résumé, semer son blé tendre tôt, c’est éventuellement avoir plus de biomasse et de rendement, mais c’est aussi s’exposer à davantage d’accidents sanitaires. A contrario, semer tard permet de limiter le risque de maladies et de salissement, mais la culture aura moins de temps pour s’installer et son système racinaire sera moins profond. La culture sera potentiellement moins performante.  

Au final, on retiendra que pour limiter les risques, il ne faut pas semer toutes ses parcelles en même temps. Cela serait s’exposer à des accidents sanitaires pouvant survenir de façon simultanée et donc à des difficultés pour les contrer.

 

Quelles sont les précautions à prendre cet automne 2024 pour semer ses blés tendres ?

Attention au salissement des parcelles 

Pour cette campagne qui démarre, nous avons des inquiétudes concernant le salissement des parcelles.  

Dans certaines régions, comme le quart nord-est de la France, deux tiers des parcelles de blé tendre ont été semées à l’automne 2023 dans les temps, mais les pluies qui ont suivi ont généré de grosses difficultés pour désherber et les parcelles sont restées sales. Ainsi, cet automne, certains blés vont être semés sur des précédents qui ont beaucoup sali et réensemencé les parcelles en adventices.  

Nous craignons que certains agriculteurs corrigent les choses de façon excessive, qu’ils sèment trop tôt et que leurs blés soient très vite soumis à une forte concurrence des adventices. 

Étaler les semis de blé tendre 

Le message d’Arvalis est donc de ne pas semer trop tôt, d’étaler les chantiers de semis pour avoir des cultures à des niveaux de développement différents et maîtriser ainsi plus facilement les adventices. Les passages pluvieux de ces jours vont avoir pour vertu de faciliter les faux semis et de retenir les agriculteurs de sortir les semoirs.  

Il faut garder en tête que toutes les parcelles de l’exploitation ne sont pas équivalentes. Dans les parcelles propres, il n’y a pas de contrainte, dans les parcelles sales, il faut gérer les adventices avec un travail superficiel, voir un labour si nécessaire. Un semis réalisé trop tôt en présence d’adventices peut être plus pénalisé qu’un semis tardif réalisé dans de bonnes conditions. 

Effectuer un diagnostic de la structure de son sol  

Nous craignons aussi qu’il y ait des structures de sols dégradées suite aux mauvaises conditions d’intervention de la campagne précédente. Dans certains milieux, le labour permettra de restructurer les sols et il sera plus facile de semer derrière. Dans d’autres cas, il faudra faire un diagnostic de l’état structural de son sol avant de décider de semer, notamment si on fait le choix d’un semis simplifié. 

In fine, une fois que la date de semis est déterminée, il faut choisir une densité de semis adaptée. Sur un semis précoce avec une parcelle bien préparée, il n’y a pas besoin de densités élevées. Si on a la main trop lourde, cela entraîne un risque de verse plus tard. Par contre, en cas de semis tardif, il y a davantage de risque de perte de plante et il faut semer plus dense. 

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