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Second pilier : peu de place pour les grandes cultures dans le Centre

Avec un PDR qualifié par beaucoup de "vert", la région Centre-Val-de-Loire a misé sur l’agroécologie, le bio, le travail en coopération… mais sans cibler particulièrement les grandes cultures, soutenues au final par d’autres mécanismes.

Seul un quart du budget consacré aux Maec dans le Centre profite aux exploitations de grandes cultures.
© S. Leitenberger

Selon une analyse réalisée en début de programmation par l’APCA (chambres d’agriculture), le plan de développement rural (PDR) du Centre fait partie des plus « verts ». Si l’on excepte les ICHN (Indemnités compensatoires de handicaps naturels) sur lesquels les régions n’ont pas de flexibilité, le conseil régional a mis une énorme part de son budget sur les Maec (Mesures agroenvironnementales et climatiques) qui totalisent 79 millions d’euros (M€) sur 345 M€ dans la troisième version de la maquette financière. « Nous pensions au départ que l’on ne ponctionnerait pas ce budget à hauteur des prévisions, se rappelle Benoît Tassin, directeur adjoint de la chambre d’agriculture régionale. En fait si, mais la demande vient essentiellement des exploitations en polyculture élevage. » La Maec système grandes cultures n’a été contractualisée en 2015 que sur sept territoires du Cher, soit sur 27 exploitations et 3600 ha. Dans une région où les cultures de vente couvrent 72 % des surfaces et concernent la moitié des exploitations, c’est peu. « Beaucoup d’animateurs très au fait du contenu de la mesure ne l’ont pas encouragé sur le terrain car ils ne voyaient pas comment les agriculteurs pourraient satisfaire ses exigences », observe Nathalie Renoux, conseillère à la chambre d’agriculture du Centre.

Un budget Maec bien géré mais peu tourné vers les grandes cultures

La version « zone intermédiaire » de la Maec n’a pas davantage rencontré son public (949 ha et 8 fermes, toutes en Champagne-Berrichonne). « Très peu de territoires ont été ouverts, constate Nathalie Renoux. Et seul l’État cofinance. » Pour les agences de l’eau (Seine-Normandie et Loire-Bretagne sur la région), la mesure manque d’ambition. Les Maec unitaires ont été elles aussi réservées à quelques territoires, principalement le parc naturel régional de la Brenne. 424 exploitations en bénéficieraient, chacune sur quelques hectares. « Il s’agit en fait de faire durer dans le temps une protection particulière historique », décrit Nathalie Renoux. Au final, le Centre a su préserver son budget Maec. « Nous avons été limités sur le nombre de territoires ouverts, et nous avons dû recibler certaines mesures de façon plus précises, mais cela a porté ses fruits », observe la conseillère. Il n’y a pas de trou à combler pour la fin de programmation.

Le PDR a également fait une bonne place au bio (mesure 11), doté de 34 M€, grâce à une hausse de 50 % du budget initial lors de la dernière révision budgétaire. Seul problème, les cofinancements manquent. Comme ailleurs, l’agence de l’eau Seine-Normandie soutient largement le bio (voir page précédente), mais elle ne couvre qu’une petite partie du territoire. L’acteur principal est l’agence de l’eau Loire-Bretagne, or elle ne finance plus le maintien. Dans le Loiret et l’Eure-et-Loir, départements à cheval sur les deux bassins, les inégalités territoriales sont parfois flagrantes.

À côté de ces postes importants, le soutien aux investissements via la mesure 4 — qui intègre le PCAE, (Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations) — apparaît plus marginal, même si la région a rallongé son budget de 9 M€, le portant à 26,3 M€. Surtout, cette mesure bénéficie peu aux céréaliers. « Les ¾ du budget partent vers l’élevage, observe Benoît Tassin. Il faut des cofinanceurs, or l’État manifeste traditionnellement un souci plus marqué pour l’élevage et les agences de l’eau ne financent que certaines mesures sur certains territoires. » En productions végétales, les dossiers ont du mal à totaliser un nombre de points suffisant pour être examinés. « Il faut un projet global », souligne le spécialiste. Au-delà de l’investissement physique strict, il doit comprendre idéalement un changement de système et/ou la création d’un peu d’emplois. Sur 264 dossiers reçus lors du deuxième appel à projet de 2018, seuls 42 étaient portés par des exploitants de grandes cultures.

Le PDR du Centre a du mal à trouver une dynamique chez les céréaliers.

La "coopération" bien développée

Particularité de la région Centre-Val-de-Loire : alors que d’autres ne l’ont pas ouverte, elle a choisi de consacrer 4,5 M€ à la mesure 16, dite de coopération entre acteurs des zones rurales. Selon le cabinet Oreade-Brèche, qui s’est penché sur tous les PDR pour évaluer leur participation au projet agroécologique du ministère de l’Agriculture, c’est l’une des contributions les plus élevées. L’idée est, entre autres, de faire émerger des groupes opérationnels dans le cadre du PEI (Programme européen pour l’innovation).

Un contrat Cap filière qui fédère

Pour mieux soutenir les exploitations céréalières, la région a mis en place depuis plusieurs années un contrat Cap filière grandes cultures. Négocié avec la profession, il est conçu indépendamment de Bruxelles. Ce programme d’action sur quatre ans (mars 2017 à mars 2021) mobilise 2,9 M€ du budget de la région. Il vise notamment à soutenir l’expérimentation, le conseil et le diagnostic dans les exploitations, certaines filières comme le blé dur ou la betterave. Objectif : que tout le monde travaille dans le même sens et en concertation.

en chiffres

Le PDR du Centre

25 080 exploitations agricoles

2,3 millions d’hectares de SAU

345,9 M€ sur 2014-2020, dont 28,5 M€ transférés du premier vers le second pilier

28 % des fonds consacrés aux ICHN (mesure 13), 23 % aux Maec (mesure 10), 12 % à l’installation (mesure 6) et 9 % à la préservation de la biodiversité (mesure 7)

150 €/ha de SAU issus du Feader, 16e position sur 22 régions

Source : ODR, ministère de l’Agriculture, Inra

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