Parler du produit avant la culture
Boris Verne, agriculteur installé en 2006 dans le Jura, aime parler de son métier aux personnes qu’il croise. Pour lui c’est un enjeu d’avenir. En intervenant à la radio locale, dans des foires ou à des salons, il a l’impression de donner du sens à ce qu’il fait.
Boris Verne, agriculteur installé en 2006 dans le Jura, aime parler de son métier aux personnes qu’il croise. Pour lui c’est un enjeu d’avenir. En intervenant à la radio locale, dans des foires ou à des salons, il a l’impression de donner du sens à ce qu’il fait.
Boris Verne n’a pas la langue dans sa poche. Il aime parler de son métier, que ce soit à sa famille, ses voisins, ou à de parfaits inconnus. « Dès que je vois des personnes interpelées par ce que je fais dans mes champs, je m’arrête et je leur explique mes pratiques, raconte cet agriculteur jurassien. Je prends le temps de communiquer avec ceux qui veulent en savoir plus sur mon métier. » Cet agriculteur, qui a suivi une formation sur la communication avec le syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA), reste pragmatique dans ses échanges. « Je leur explique pourquoi je sors mon pulvé à 4 heures du matin, raconte-t-il. Je leur dis que je préférerais être dans mon lit, comme tout le monde, mais qu’à cette heure, j’optimise mes apports de phytos, ce qui est mieux pour mon portefeuille et pour l’environnement. » Membre des JA de Bourgogne-Franche-Comté, Boris Verne a monté, avec ses collègues, un plan de communication en partenariat avec la radio locale France Bleue. Pendant tout le mois de janvier, un agriculteur est intervenu chaque jour à la radio pour parler de sa production. « Le plus difficile, c’est de trouver les agriculteurs qui acceptent de parler de leur métier, confie Boris Verne. Les jeunes sont peu engagés dans la communication, ils ont peur d’être piégés, ça les bloque et finalement, ils se laissent étouffer par les médias. »
Oser s'exprimer à la radio
Boris Verne est donc parti au front pour parler de sa production de colza. Le 25 janvier à 10 heures 44, il était en direct, répondant pendant quatre minutes aux questions du journaliste. L’agriculteur avait préparé son intervention en notant sur un papier ce qu’il devait dire et les sujets à ne pas aborder. « Je voulais absolument éviter de m’embarquer, d’une façon ou d’une autre, sur le sujet des abeilles et des insecticides, avoue-t-il. C’est un sujet où l'on tombe vite dans la technique. Ça n’intéresse pas notre auditoire et on peut facilement se mélanger les pinceaux. » Dans une communication positive, l’idée est de parler de l’intérêt de la culture ainsi que de ses débouchés. « Nous commençons toujours par parler d’un produit fini, pour capter l’attention de l’auditoire, explique l’agriculteur. À la radio, j’ai commencé par parler de l’huile de colza issue de ma récolte et pressée chez un collègue. J’ai ensuite expliqué la façon dont je cultive la graine sur mon exploitation. Avec le grand public, il faut toujours commencer par l’assiette pour aller jusqu’au champ. » Même si ça ne le dérange pas de parler de politique agricole ou de technique, il préfère s'être préparé à l’avance pour avoir les arguments qui font mouche. Aimant le contact humain, Boris Verne est peu à l’aise avec les réseaux sociaux. Il a peur d’être mal compris. « Sortez de chez vous et communiquez, plaide le Jurassien. Le tout, dans la limite de vos activités professionnelles et personnelles bien sûr. »
Les trois conseils de Boris Verne
1 « Ayez de la patience ainsi qu’un peu de répartie. Il faut admettre que certaines personnes ne connaissent absolument rien au milieu agricole et qu’elles soient bourrées de stéréotypes. »
2 « Si on vous pose des questions irritantes, surtout restez calme et expliquez votre point de vue à l’échelle de votre exploitation. »
3 « Lorsque vous ne savez pas la réponse, n’ayez pas peur de le dire. On ne peut pas tout savoir sur tout. »
Un assolement diversifié
273 ha de grandes cultures
11 espèces : colza, blé, orge, maïs, pois d’hiver et de printemps, soja, luzerne, trèfle, féveroles, avoine