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Néonicotinoïdes : clap de fin pour les semences de betteraves

Le ministère de l’Agriculture confirme l’interdiction de l’usage des néonicotinoïdes en France pour enrober les semences de betteraves. Une décision couperet qui laisse la filière sous le choc.

Les producteurs ne pourront pas utiliser des semences enrobées aux néonicotinoïdes pour les semis 2023.
Les producteurs ne pourront pas utiliser des semences enrobées aux néonicotinoïdes pour les semis 2023.
© CGB

Les betteraves sucrières françaises ne pourront pas être enrobées avec des néonicotinoïdes pour les semis de la campagne 2023. Le ministre de l’Agriculture Mars Fesneau l’a confirmé le 23 janvier à l’issue d’une réunion avec les professionnels de la filière betteravière.
 

Pas de dérogation néonicotinoïdes en 2023

La décision inattendue laisse la filière dans l’inquiétude. « C’est une immense déception pour toute notre filière qui plonge les betteraviers dans un grand désarroi », annonce la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) dans un communiqué.

Cette décision survient après que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a conclu dans un arrêt rendu le 19 janvier que les États membres ne peuvent ré-autoriser des molécules « expressément interdites ».

À six semaines des semis de betteraves, il s’agit « d’un coup difficile », a souligné le ministre de l’Agriculture, confirmant que la demande de dérogation pour les NNI ne sera pas soumise au conseil de surveillance le 26 janvier. « En l’absence d’alternatives efficaces déployables en 2023 (qu’elles soient issues du PNRI ou non) la filière se retrouve au pied du mur », considère la CGB qui rappelle que l’épisode de jaunisse de 2020 est encore « dans tous les esprits ».
 

Le ministre promet un soutien financier

Afin de maintenir la pérennité de la filière betteravière en France, Marc Fesneau a affirmé la nécessité de trouver des alternatives, explorées notamment dans le cadre du PNRI, dans lequel 20 millions d’euros ont été investis.

Le ministre s’est engagé à étudier un dispositif d’indemnisation en cas d’épisode de jaunisse. « On sera au rendez-vous pour que la filière ne soit pas mise à mal en la couvrant économiquement, aussi bien les industries que les producteurs », a-t-il affirmé. La CGB n’en attend pas moins : « C’est une nécessité absolue pour rassurer les planteurs, à condition que ces pertes soient totalement prises en charge et de n’avoir ni franchise, ni plafonnement des aides ».

Le ministre prévoit, par ailleurs, de demander à faire activer au niveau européen les clauses de sauvegarde, de façon qu’il n’y ait pas de distorsion de concurrence.

"La jaunisse peut toucher n'importe quelle région"

Alexandre Pelé (Centre-Val de Loire) et Guillaume Wullens (Nord-Pas de Calais), représentants de la CGB, réagissent aux annonces du ministre.

Alexandre Pelé insiste sur le mauvais timing de ce verdict : « 50% des producteurs ont déjà réservé des semences. On utilise à 97% ce produit. » La crainte d’un scénario catastrophique comme en 2020 noircit le tableau : « Nous avions été la région la plus impactée, rappelle le producteur. Les réservoirs viraux dans les porte-graines renforcent notre inquiétude. » L’appréhension est partagée par Guillaume Wullens, son homologue du Nord-Pas de Calais : « Si nous avons été moins concernés en 2020, la jaunisse peut néanmoins toucher n’importe quelle région. Or les NNI représentaient jusqu’ici la protection la plus efficace. Il ne va nous rester que la pulvérisation foliaire. »

Concernant les éventuelles indemnisations évoquées par le gouvernement en cas de pertes liées à la jaunisse, Alexandre Pelé se montre dubitatif : « En 2020, les aides étaient plafonnées et la franchise de 35% ». Reste à savoir si les producteurs, en fonction de leurs contrats d’engagement, ne vont pas opter pour une décision drastique : semer moins de betteraves.

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