La recherche médicale demande la suspension des fongicides SDHI
Très utilisés sur céréales, les fongicides SDHI sont pointés du doigt par des chercheurs en médecine sur les risques pour la santé humaine.
Après le glyphosate et les néonicotinoïdes, l’interdiction va-t-elle toucher les fongicides SDHI ? Nous n’en sommes pas là mais un collectif de chercheurs et médecins de l’Inserm, d’universités et de l’Inra a publié une tribune sur une pleine page dans le quotidien Libération le 16 avril demandant à suspendre cette famille de fongicides. Rappel : les SDHI constituent de loin la principale famille de fongicides utilisée sur céréales pour lutter contre les maladies foliaires. Plus de 70 % des blés et des orges reçoivent au moins un traitement aux SDHI avec des produits connus comme Librax, Aviator XPro ou Elatus Plus.
Blocage d’une enzyme de la respiration cellulaire
Ces fongicides sont des inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDH), une enzyme clé dans le processus de respiration cellulaire chez tous les êtres vivants. Chez l’être humain, des anomalies de la SDH entraînent diverses maladies dont certaines très graves. « Le blocage de cette enzyme induit à long terme un changement de notre ADN qui dérégule des milliers de gènes expliquant la survenue de tumeurs et de cancers. Ces modifications ne sont pas détectées ni testées au cours des tests de toxicité conduits avant la mise en marché des pesticides, affirment les chercheurs. Nous appelons à suspendre l’utilisation tant qu’une estimation des dangers et des risques n’aura pas été réalisée par des organismes publics indépendants des industriels. » L’Anses (1) a annoncé « qu’elle mobilisait son expertise afin de prendre en compte l’ensemble des données scientifiques disponibles sur le sujet et notamment examiner sans délai les éléments évoqués pas les scientifiques lanceurs d’alerte. »
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail