Inondations : les betteraves tardent à sortir de terre
À l’initiative de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), une rencontre entre betteraviers a eu lieu dans le Pas-de-Calais mardi 14 novembre au cœur de la zone touchées par les inondations. Les arrachages y accusent un gros retard.
À l’initiative de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), une rencontre entre betteraviers a eu lieu dans le Pas-de-Calais mardi 14 novembre au cœur de la zone touchées par les inondations. Les arrachages y accusent un gros retard.
Depuis un mois, les chantiers d’arrachages de betteraves sont entravés par les fortes intempéries dans les Hauts-de-France. C’est bien sûr dans le Pas-de-Calais, touché par des inondations d’une ampleur historique, que les difficultés sont les plus grandes même si les chantiers sont ralentis dans l’ensemble de la région. Mi-novembre, entre 40 et 50 % des arrachages ont été effectués dans les Hauts-de-France, contre 75 % normalement à cette date, signale Emmanuel Pigeon, directeur de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Hauts-de-France.
Aujourd’hui nous recevons une délégation de la #cgb pour expliquer ce que les paysans vivent en ce moment après 600 mm en 1 mois .Proposer et anticiper des solutions pour la 2eme partie de campagne betteravière #resilience @G_wullens @SanderFranck @_MissBetter @LeBetteravierFR pic.twitter.com/6azKdXy3hg
— A la ferme DELAPORTE Marc🇫🇷 (@delaporte62) November 14, 2023
Pour faire le point sur la situation, la CGB a organisé une rencontre le mardi 14 novembre à Tubersent, secteur où il est tombé plus de 500 mm de précipitations en un mois pour une pluviométrie annuelle moyenne de 800 à 1 200 mm selon les années. « Et l’année n’est pas finie », lâche Marc Delaporte, l’agriculteur qui a accueilli ses collègues betteraviers sur son exploitation. Il cultive 20 ha de betteraves dont il n’a pu récolter qu’un quart pour le moment. Il relativise toutefois sa situation : « Mes champs ont été relativement épargnés par les inondations, je ne suis pas encore en retard sur mon planning de livraison à Tereos ». Il doit mettre à disposition son prochain silo de betteraves le 20 novembre. Il se dit confiant sur la possibilité d’intervenir d’ici là.
Ce n’est pas forcément le cas pour tous les planteurs en fonction du type de sols et de la topographie de leurs parcelles. « En fonction des situations, il ne sera pas possible d’intervenir dans des conditions acceptables avant un mois, voire un mois et demi », s’inquiète Guillaume Wullens, président de la CGB Nord-Pas de Calais et agriculteur à Nouvelle-Église. Pour sa part, ses champs devraient encore rester inaccessibles pendant plusieurs semaines.
Des usines de transformation au ralenti et des interrogations sur la suite de la campagne betteravière
Sans surprise, les difficultés d’arrachages dans le Pas-de-Calais ont obligé les usines Tereos de ce département (principalement Lillers et d’Attin et dans un moindre mesure celle de Boiry) à réduire leur cadence pour ne pas se retrouver à l'arrêt. Dans une circulaire envoyée aux planteurs le 12 novembre, l'industriel explique avoir organisé « une réallocation des flux d'approvisionnement des betteraves entre Attin, Lillers, Boiry et Origny (02) pour maintenir leur fonctionnement à une cadence adaptée. »
Les planteurs s’interrogent désormais sur la suite de la campagne. En plus du fait que l’activité des usines devra sans doute être prolongée jusqu’à fin janvier, se pose la question de la logistique. « On voudrait des garanties des pouvoirs publics sur l’accessibilité des routes pour aller récupérer les silos de betteraves, avance Guillaume Wullens. On craint l’arrivée du gel et des éventuelles barrières de dégel qui pourrait en découler. »
Éviter la double peine pour les planteurs qui ont du retard dans leurs arrachages
Les représentants syndicaux voudraient aussi éviter la double peine pour les planteurs qui vont accuser des retards de livraison par rapport au planning prévu par l’industriel. « Pour l’instant, la réponse n’est pas claire concernant les conséquences en cas de retard de livraison », constate Fabien Hamot, président de la CGB de la Somme. Se pose aussi la question de l’indemnité compensatrice normalement touchée par les planteurs qui livrent en fin de campagne. Qu’en sera-t-il pour ceux qui devaient livrer plus tôt mais n’ont pas pu à cause des intempéries ? »
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À l’issue de la journée, après avoir circulés dans la campagne encore sinistrée par les inondations, les betteraviers ont tenu à relativiser leurs difficultés, eu égard à la situation de détresse des habitants et des éleveurs du secteur. « Ce ne sont que des champs, souligne Guillaume Wullens. Nous sommes solidaires du reste du territoire. »