Aller au contenu principal

Crise du bio en grandes cultures : « Je veux éviter de vendre ma production de blé au prix du conventionnel »

Régis Marien, installé à Cauchy-à-la-Tour dans le Pas-de-Calais, est producteur de grandes cultures bio depuis deux ans. Face à la baisse des prix, il craint de devoir jeter l’éponge lorsqu’il ne touchera plus les aides à la conversion.

Régis Marien est exploitation bio à Cauchy-à-la-Tour, dans le Pas-de-Calais. Il est certifié depuis deux ans.
Régis Marien est exploitation à Cauchy-à-la-Tour, dans le Pas-de-Calais. Il est certifié bio depuis deux ans.
© R. Marien

« Je suis certifié 100 % bio pour mes grandes cultures depuis deux ans. Dire que je suis inquiet est un faible mot ! Il ne me manque pas grand-chose pour jeter l’éponge ! J’ai d’abord converti une partie de mon exploitation en 2017 pour essayer. Le bio m’attirait mais je craignais d’échouer techniquement. J’ai suivi des formations pour franchir le pas. Elles m’ont appris que la diversification des cultures est la clé en bio donc j’ai beaucoup allongé ma rotation.

Mais mon teilleur ne veut plus de lin cette année car il n’a pas de débouché. Mon contrat de multiplication de semences en céréales s’arrête pour la même raison. Et mon sucrier, qui a baissé sa collecte de betteraves bio l’an passé, risque de l’arrêter totalement cette année car il a trop de stocks. Avec ces cultures en moins, il est compliqué de faire un assolement. J’hésite à mettre un plus d’herbe pour passer l’année, mais cela va dérégler mon système…

Les légumes souffrent aussi : je vends mes choux au prix du conventionnel, donc à perte vu les coûts de main-d’œuvre. Heureusement, en pommes de terre je vends en direct et cela marche bien.

Un marché bio qui n'est plus là

Pour l’instant, je stocke le lin et une partie du blé mais cela ne peut pas s’éterniser. Si je le vends aujourd’hui, mon blé bio part au prix du conventionnel alors que mon rendement a été divisé par deux : en bio je fais 50 quintaux par hectare une bonne année.

J’y croyais et j’ai investi dans 200 000 € de matériel, notamment le Farmdroid qui m’a permis d’avoir des parcelles de betterave propres même en année humide. Le challenge technique qui me faisait peur a été relevé, mais le marché n’est plus là.

Je touche des aides à la conversion pour la dernière année. Quand je ne les toucherai plus, je me poserai vraiment la question : je suis toujours motivé mais il faut bien se dégager un revenu.

Exploitation individuelle, 60 ha en bio : céréales, pommes de terre, betteraves sucrières, lin, pois de conserve, haricots verts, choux, potimarrons, prairies.

Les plus lus

<em class="placeholder">Parcelle en jahère.</em>
Jachères de plus de 5 ans : comment les garder en terres arables en 2025 ?

La question de la requalification des jachères de plus de 5 ans en prairies permanentes restait en suspens après les…

<em class="placeholder">Sol nu après une récolte partielle du maïs grain.</em>
Culture secondaire et PAC : des dérogations à leur implantation dans certaines zones

Le contexte météorologique de cet automne 2024 n’ayant permis, l’implantation des cultures secondaires avant le 1er …

<em class="placeholder">Moisson du Colza dans les plaines cerealieres de la Marne. Agriculteur moissonnant sa parcelle de Colza avec une moissonneuse bateuse Claas 740 Lexion.  Livraison du Colza a ...</em>
Prix du blé et du colza 2024 : quand vendre votre récolte ?

En 2024, l’embellie du prix du colza depuis quelques semaines offre quelques opportunités aux producteurs de grandes cultures…

<em class="placeholder">Prélèvement d&#039;un échantillon de sol pour une analyse en février 2021 dans un champ de colza en Seine-et-Marne</em>
Phosphore : des analyses de sol incontournables pour mesurer cet élément nutritif

Seule une petite part du phosphore présent dans le sol est assimilable par les cultures. Les analyses de sol apportent des…

<em class="placeholder">commerce des matières premières agricoles / échanges commerciaux de la France avec l&#039;Afrique / exportations / port de Rouen / terminal sucrier de Rouen Robust / chargement ...</em>
Accord Mercosur : quels risques pour les filières sucre et maïs ?

En grandes cultures, les filières sucre et maïs sont concernées par l’accord en cours de négociations entre l’Union européenne…

<em class="placeholder">champ de tournesol en fin d&#039;été dans le Cher pas encore au stade de la récolte à cause de feuilles encore vertes et de dos de capitule jaunes</em>
Tournesol : de mauvaises récoltes compensées par de bons prix de vente
Dans de nombreuses régions, la récolte du tournesol a été mise à mal entre parcelles non récoltées, faibles rendements, humidité…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures