Foncier agricole : faut-il investir avant de transmettre ?
Investir dans du foncier peut être intéressant pour consolider son exploitation, sous réserve de conserver suffisamment de trésorerie pour ne pas plomber l’outil productif.
« Quand on peut acheter du foncier, il ne faut pas hésiter à le faire », considère Cyril Dannoux, du Cerfrance BFC. L’intérêt est de conforter l’outil de travail de l’exploitation et de réduire le risque de dépendre de quelqu’un d’autre, en l’occurrence du bailleur. On augmente ainsi sa liberté d’action au moment de la transmission, notamment quand la reprise se fait hors cadre familial.
Garantir l’équité au sien de la famille
S’ajoute à cela une dimension patrimoniale : on investit dans un bien qui prend de la valeur au fil du temps, « même s’il y a toujours un effort à faire pour combler le différentiel entre le montant d’un fermage et une annuité d’emprunt », avance le conseiller. « Investir dans le foncier agricole est plus intéressant fiscalement qu’investir dans l’immobilier », souligne en outre Vincent Tissot, expert foncier en Charente.
La propriété foncière permet d’être davantage maître de son destin mais présente aussi des limites. « Il faut garantir à la fois la sécurité économique pour l’exploitation de l’enfant repreneur et l’équité avec ses frères et sœurs non-repreneurs », signale Hervé Paris du Crédit agricole Champagne-Bourgogne.
Ne pas perdre de vue la dimension économique
La stratégie patrimoniale pourrait même parfois jouer contre le projet économique de l’exploitation. « L’achat de foncier mobilise de la trésorerie qui pourrait être utilisée pour de l’investissement dans l’outil productif », estime Jean-Jacques Gaudiche, cofondateur de la société Terrafine. Il milite pour sa part pour des solutions de portage foncier associées à des baux cessibles pour faciliter tous types de transmission, notamment hors cadre familial. « À long terme, c’est pertinent de détenir du foncier, mais à court terme, le fermage reste intéressant pour préserver la trésorerie de l’exploitation », abonde Vincent Tissot.