Faux semis : cinq conseils pour maîtriser les adventices
Le faux semis nécessite autant d’attention qu’un semis pour mettre les graines d’adventices en conditions de germination. La technique est à raisonner en fonction de leur période de levée, des conditions météo et du temps dont on dispose entre la récolte et la culture suivante.
Le faux semis nécessite autant d’attention qu’un semis pour mettre les graines d’adventices en conditions de germination. La technique est à raisonner en fonction de leur période de levée, des conditions météo et du temps dont on dispose entre la récolte et la culture suivante.
Le faux semis n’est pas une intervention à prendre à la légère. Comme son nom l’indique, il consiste à réaliser une opération avec les mêmes exigences qu’un semis mais sans semer la culture principale.
« Le sol doit être suffisamment fin et rappuyé pour assurer un bon contact sol-graines et provoquer la levée des adventices visées en interculture », indique Ludovic Bonin, spécialiste du désherbage des céréales à paille chez Arvalis.
Scruter la météo avant d’agir pour réveiller les graines
Le faux semis permet de réduire le stock grainier du sol et de limiter l’infestation d’adventices et de repousses dans la culture. Pour ce faire, il faut que les conditions soient favorables à leur germination. « La dormance des graines contenues dans le sol est variable d’une espèce à l’autre. Si les conditions météo sont très sèches, alors les levées sont échelonnées et l’efficacité du faux semis aléatoire, prévient Damien Brun, ingénieur en agroéquipements chez Arvalis. En connaissant le stock semencier de la parcelle, il est envisageable de compléter le faux semis par d’autres leviers agronomiques, notamment dans les parcelles où l’infestation en adventices est importante. »
« Le faux semis ne fonctionne que s’il pleut. S’il fait trop sec, c’est l’échec », confirme Fanny Vuillemin, chargée d’études sur la gestion intégrée des adventices chez Terres Inovia. En situation séchante, mieux vaut patienter et décaler l’intervention pour augmenter les chances de faire lever les adventices et les repousses de cultures. Idéalement, le faux semis se réalise donc avant une pluie.
Laisser le temps aux adventices de germer
Avant l’implantation d’une céréale d’automne, le faux semis permet de réduire les populations de certaines dicotylédones, type géraniums, et de graminées hivernales, ray-grass ou vulpins, dont les levées correspondent aux périodes de semis habituelles (septembre-octobre). « Après le faux semis, il convient de laisser un délai suffisant pour qu’elles germent, soit 15 jours au minimum, avant leur destruction », conseille Ludovic Bonin.
Fanny Vuillemin précise que le temps nécessaire pour détruire les adventices levées avant de réaliser le semis doit également être pris en compte. « La destruction mécanique est tributaire de la météo, prévient-elle. Intervenir par temps séchant permet d’éviter tout repiquage et toute remise en germination des graines après cette intervention et avant le semis de la culture. » Dès le début novembre, le nombre de jours disponibles pour réaliser cette destruction mécanique est limité, ce qui peut amener à décaler la date de semis de la culture. Quant à la destruction chimique, elle est possible juste avant le semis de la culture.
Savoir renoncer si le délai est trop court
Toutefois, pour un blé implanté après un maïs grain, le délai entre les deux cultures est trop limité pour réaliser un faux semis dans de bonnes conditions et ne permet pas des résultats efficaces.
La situation est similaire sur colza pour lequel la réalisation d’un faux semis est déconseillée avant le semis. « À cette période, les conditions sont généralement sèches et le laps de temps pour intervenir court, souligne Fanny Vuillemin. Le créneau n’est pas idéal pour réaliser un faux semis et ne correspond pas à la période optimale de germination des adventices. Il peut avoir un intérêt sur repousses de céréales mais il convient de ne pas trop assécher le futur lit de semences du colza. »
Réaliser un travail du sol superficiel avec les bons outils
Le travail du sol doit être superficiel, 4 à 5 centimètres de profondeur, pour brasser et émietter la terre puis initier les levées d’adventices. Il existe six familles d’outils dont les efficacités varient selon les objectifs recherchés. Les herses de déchaumage, les bêches roulantes, les déchaumeurs à disques indépendants et les vibro-déchaumeurs sont adaptés pour travailler sur une faible profondeur. Quant au cover-crop et aux cultivateurs de deux ou trois rangées de dents, ils conviennent pour une profondeur de travail plus importante. « Le faux semis permet d’obtenir un lit de semences émietté en surface. Plus le travail est creux et plus le sol risque d’être motteux empêchant de faire germer les graines, rappelle Damien Brun. La vitesse de travail de l’outil conditionne la finesse du sol. À titre d’exemple, un déchaumeur à disques indépendants utilisé à grande vitesse, entre 10 et 12 km/h, émiette davantage le sol que s’il est utilisé à 5 voire à 8 km/h. » En plus d’être fin, le sol doit être suffisamment rappuyé pour apporter les bonnes conditions de germination et favoriser le déstockage des graines.
Le nombre de passages d’outils avant l’implantation de la culture dépend de différents facteurs notamment du temps et du matériel disponibles, du travail du sol (labour ou non-labour) et de la météo. S’il fait sec, la multiplication des passages s’avère inutile car les adventices ne lèvent pas.
Gérer les résidus de surface qui peuvent gêner la qualité de travail
Avant une interculture estivale, les résidus de récolte peuvent gêner la qualité du faux semis et rendre le déchaumage inefficace et l’émiettage de la terre difficile. « Si la quantité de résidus est importante, un outil à dents est peu adapté car les risques de bourrage sont trop importants », indique Damien Brun. Dans ces conditions, Ludovic Bonin préconise de hacher et d’enfouir les résidus au préalable du faux semis. « L’idéal est d’utiliser un outil à disques puis un outil à dents. Tout dépend du matériel à disposition et du délai entre les deux cultures », précise-t-il.
Après un colza ou une céréale à paille, il est conseillé de veiller à bien répartir la paille broyée de façon uniforme de manière à éviter la localisation de grosses quantités en surface. L’utilisation de la herse à déchaumage est adaptée à cette opération. Il est possible de la combiner à un rouleau hacheur pour couper les résidus. En revanche, ces outils présentent des intérêts limités pour réaliser un faux semis.