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Des variétés de soja à l'échelle de la grande Europe

Les semenciers augmentent leurs capacités de recherche sur le soja pour répondre à la forte croissance de la culture non seulement en France mais aussi sur toute l’Europe. Encore faut-il faire admettre l’usage de semences certifiées.

Avec le développement programmé du soja en France et en Europe, les semenciers se doivent de répondre à une demande contrastée. Ils ne sont que deux dans l'Hexagone à avoir un programme de sélection propre au soja : RAGT Semences et Euralis Semences. Quels sont les enjeux pour ces acteurs ? « Nous avons renforcé considérablement notre recherche en sélection du soja ces dernières années, notamment sur l’obtention de variétés précoces 000 et 00 pour des régions en France où cette culture se développe : Centre, Bourgogne, Pays de la Loire, Nord du Bassin parisien… mais aussi pour des pays européens comme l’Ukraine, la Russie, l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne… renseigne Bernard Gourgues, chef de produits soja, tournesol et sorgho Europe de l’Ouest chez Euralis Semences. L’Ukraine et la Russie européenne comptent à eux seuls près de 3 millions d’hectares de soja. » La filière soja Danube se traduit par un développement de la culture plus près de nous, avec divers pays attractifs pour les semenciers. Leur intérêt s’étend au-delà des frontières de la France.

Outre l’obtention de variétés précoces, les programmes de recherche portent sur l’amélioration du couple rendement/protéines mais aussi sur la résistance à la verse, la tolérance à des maladies… RAGT Semences et Euralis Semences proposent des variétés sur des créneaux de précocité tardifs également pour les marchés du Sud de la France ainsi que pour l’Italie (320 000 ha de soja) ou la Serbie (200 000 ha). « Euralis Semences est le premier semencier français sur le soja avec près de 50 % de part de marché mais aussi le premier européen grâce à des obtentions leader, comme ES Mentor. Cette variété précoce est cultivée aussi bien en France, qu’en Autriche, en Ukraine, affirme François Paybou, responsable marché technique soja Europe chez Euralis Semences. De plus en plus de variétés sont déposées à l’inscription et, depuis trois ans, nous élargissons nos dépôts à d’autres pays européens que la France, comme en Ukraine ou en Russie où il y a cette obligation pour pouvoir commercialiser nos variétés dans ces pays. »

Des graines de fermes qui ne financent pas la recherche

Il y a un bémol et il est de taille pour les semenciers, l’utilisation très faible de semences certifiées. Elle est quasiment inexistante en Russie et en Ukraine. Même en France, elle est peu développée avec autour de 40 % en moyenne et de forts contrastes régionaux. « La forte proportion d’utilisation de graines de ferme aux semis comme on le voit dans le Sud-Ouest où ce taux atteint 80 % est extrêmement gênante pour pouvoir investir dans les programmes de sélection, souligne François Paybou. Nous trouvons plus de profitabilité dans les régions au Nord de la Loire où les semences de ferme sont moins importantes et les contrats pour les débouchés de qualité incitent à l’utilisation de semences certifiées. Dans des pays comme la Hongrie et la Roumanie (200 000 ha à eux deux), il y a également ces incitations fortes dans le cadre de leurs filières. »

L’optimisme reste de mise. « Toutes les analyses projettent un manque de protéines sur les marchés pour les années à venir et nous sommes passés de 3,3 millions d’hectares sur le continent européen en 2013 à 5,5 millions d’hectares en 2016 », rapporte François Paybou. Le soja européen a le vent en poupe.

Exigences fortes en eau

« La clé pour réussir son soja est de bien choisir sa parcelle avec une bonne disponibilité en eau et de ne pas oublier de l’inoculer ! » Cette dernière remarque peut sembler aller de soi mais Charlotte Chambert, référente nationale pour le soja chez Terres Inovia, tient à la repréciser. Car contrairement au pois protéagineux et à la féverole, le soja a besoin qu’on lui amène les bactéries fixatrices d’azote dans le sol, de l’espèce Bradyrhizobium japonicum en l’occurrence. Disponibles dans le commerce, divers inoculants sont prévus à cet effet.

« L’espèce ne souffre pas de blocage sur le plan technique », selon la spécialiste de Terres Inovia. Elle a néanmoins ses exigences, en premier lieu d’importants besoins en eau sur une période courte de culture. Les apports sont cruciaux entre fin juin (stade 1re fleur) et début septembre (stade 1re gousse brune). Soit la culture peut être irriguée, auquel cas elle valorise très bien les apports avec 8 à 10 q/ha de gain pour 100 mm d’eau apportés. Soit elle doit être installée sur des sols à réserve utile élevée et dans des contextes régionaux pas trop secs.

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