Des herbicides trop limités pour remplacer le glyphosate
Sans herbicide systémique efficace, la gestion des vivaces et des graminées en interculture s'annonce plus difficile.
Sans herbicide systémique efficace, la gestion des vivaces et des graminées en interculture s'annonce plus difficile.
« Le retrait du glyphosate pose la question de la gestion des vivaces en interculture pour lequel il se montre très efficace. Le 2,4 D est un autre herbicide utilisable en interculture et performant contre des vivaces, mais seulement sur les dicotylédones comme le chardon et le liseron. Le chiendent par exemple ne peut être détruit par cette spécialité », précise Ludovic Bonin, Arvalis. En pratique, les mélanges de glyphosate avec du 2,4 D sont assez courants pour lutter contre les vivaces justement. Le dicamba est une autre molécule herbicide au mode d’action voisin de celui du 2,4-D (perturbateur de la régulation de l’auxine, hormone végétale de croissance) utilisable en interculture. Quant au produit Basta F1, herbicide total à base de glufosinate-ammonium, décision a été prise fin 2017 de le retirer du marché.
Face aux graminées en interculture, il n’y a rien de similaire pour remplacer le glyphosate, si ce n’est des produits à base de diclofop-méthyl ou de quizalofop-p éthyl, homologués, selon la terminologie officielle, en « zones cultivées », c’est-à-dire en interculture. « Mais certains des produits contenant ces matières actives ne sont plus commercialisés, signale Ludovic Bonin. Par ailleurs, leur utilisation en interculture présente peu d’intérêt, surtout en présence de graminées résistantes à des produits de la famille des fops. »
Intérêt à trouver avec les produits de biocontrôle
Il reste un produit de biocontrôle, l’acide acétique (vinaigre) autorisé en interculture. Selon Ludovic Bonin, « il faut des doses très élevées et des concentrations importantes d’acide acétique pour obtenir une efficacité acceptable, avec un coût largement plus élevé qu’une dose de glyphosate ». À base d’acide pélargonique, la spécialité Beloukha figure aussi sur la liste des produits de biocontrôle. Déjà autorisé pour le défanage de la pomme de terre, ce produit était pressenti pour une homologation en interculture mais il n’en prend pas le chemin. Conçu par la PME bretonne Osmobio, un autre produit « naturel » est mis en avant pour remplacer le glyphosate. Il est à base d’extraits végétaux mais il n’a pu passer le cap de l’autorisation par l’Anses. Le dossier est incomplet selon l’agence qui a transmis un communiqué sur cette affaire fortement médiatisée(1). Qu’un herbicide soit naturel ou non, un dossier d’homologation complet est nécessaire avec les coûts que cela comporte. La disparition du glyphosate va ouvrir le champ libre à l’homologation de nouvelles spécialités herbicides pour l’interculture. Firmes multinationales ou PME vont-elles s’engouffrer dans la brèche et mettre les moyens pour déposer des dossiers d’homologation ? Rendez-vous dans trois ans.