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Culture intermédiaire : semer son couvert avant moisson

Réussir l’implantation de sa culture intermédiaire sous le couvert de la céréale nécessite de respecter plusieurs conditions et quelques règles. Intérêts : des gains sur les charges de mécanisation et le temps de travail.

La culture intermédiaire (radis ici) bénéficie de l'environnement humide du couvert de la céréale pour commencer à lever avant la moisson.
La culture intermédiaire (radis ici) bénéficie de l'environnement humide du couvert de la céréale pour commencer à lever avant la moisson.
© Chambre d'agriculture de l'Ariège

Gagner du temps et économiser de l’argent font partie des principaux objectifs quand on sème une culture intermédiaire sous couvert de céréale avant sa récolte. « Par rapport à une implantation de couvert après récolte, le gain de temps permis par cette technique est important grâce à un débit de chantier élevé. En outre, les charges de mécanisation sont réduites », présente Antoine Galland, d’Agro-Transfert ressources et territoires. « Ce semis à la volée dans le précédent cultural évite d’effectuer un travail du sol préliminaire comme c’est le cas pour un semis post-moisson », remarque Gaétan Leborgne, de la chambre d’agriculture des Hauts-de-France. La charge de travail post-récolte est diminuée.

Les semis peuvent être réalisés rapidement avec des équipements de type Delimbe ou des épandeurs à engrais. Pour Amélie Chevalot, de la chambre d’agriculture de l’Ariège, « il n’y a pas besoin de matériel spécifique pour faire ce semis et cela ne coûte pas cher ». Les équipements doivent cependant être réglés en hauteur de façon à pouvoir épandre les graines au-dessus du couvert de blé.

Outre la réduction globale de la charge de travail, le semis avant moisson assure un meilleur développement du couvert d’interculture. « Sa productivité est améliorée par la durée de végétation dans une période de jours longs et des sommes de températures élevées », précise Antoine Galland. Les graines semées bénéficient de la fraîcheur produite par la culture en place comme une céréale, mais une pluie intervenant après le semis sera utile pour assurer le bon développement du couvert.

Semer moins de trois semaines avant moisson

Des règles de décision sont indispensables à la réussite de ce semis. Pour Antoine Galland, il faut proscrire les parcelles avec forte présence d’adventices dicotylédones et vivaces au moment de la récolte. « Quant à la date, idéalement, le semis devra se faire moins de trois semaines avant la récolte de la céréale. » Amélie Chevalot conseille un semis « dès que la céréale commence à jaunir, quand elle n’épuise plus la réserve d’eau du sol et qu’elle donne accès à la lumière pour la germination des graines. Cela équivaut à une date de semis vers le 15 juin dans le secteur de grandes cultures de l’Ariège. Si c’est semé trop tôt, c’est voué à l’échec. »

La conseillère insiste sur l’importance de semer en prévision d’une pluie d’au moins 15-20 mm. « Il y a souvent de l’eau avant la moisson, souligne-t-elle. C’est beaucoup moins le cas au cœur de l’été. » En prévision de ce semis, il est déconseillé d’utiliser des herbicides à base de sulfonylurées dans la céréale au printemps, sous peine de voir des effets négatifs sur la germination du couvert. Après moisson de la céréale, la bonne répartition des pailles et menues pailles favorisera l’homogénéité de développement du couvert.

Des couverts avec une bonne vigueur au démarrage

À cause d’un manque d’eau, il peut arriver qu’une culture intermédiaire végète longuement après moisson. « Il faut savoir être patient. Le couvert peut ne germer qu’après les premières pluies significatives post-récolte », remarque Antoine Galland. Dans le cadre d’expérimentations menées par la chambre d’agriculture d’Alsace sur les couverts d’interculture (observatoire Cricetus), un agriculteur avait cru perdre son mélange de luzerne et de trèfle violet semé précocément en mars 2022 dans sa céréale. Peu de plantes avaient levé à la moisson. Au final, dans un contexte de conditions sèches, le couvert s’est finalement développé tardivement pour produire 2,3 t/ha de MS à l’automne, contre 1,9 t/ha de MS pour un couvert semé post-moisson le 29 juillet.

Le choix des espèces pour le couvert a aussi son importance. « On privilégiera des plantes montrant une bonne vigueur au départ comme les vesces, le radis, la phacélie voire le tournesol, le nyger ou l’orge de printemps, liste Antoine Galland. Il vaut mieux également des espèces (ou variétés) tardives, compte tenu de la précocité de semis, comme les vesces et les trèfles. Des couverts sont à éviter tels que l’avoine rude, la féverole et la moutarde blanche. » Pour des semis avec des épandeurs à engrais ou Delimbe, des graines trop légères peuvent être mal réparties au-delà d’une certaine distance (24 mètres). « Ce fut le cas de la phacélie et du moha dans nos essais », rapporte Antoine Galland.

Une protection de la caille des blés au cœur de l’été

En Ariège, le choix s’est porté sur un mélange assurant un rôle agronomique de structuration du sol et une protection cynégétique. « La composition Coturnix09 se compose de radis chinois (5 kg/ha) et de sorgho fourrager (piper, 15 kg/ha), présente Amélie Chevalot. C’est un couvert facile à semer avec un épandeur d’engrais sur une largeur de 24 mètres, avec des graines arrivant à germer à la surface du sol. » Les sorghos et les crucifères sont les espèces les plus adaptées pour des couverts estivaux dans un département comme l’Ariège qui subit des étés très secs et chauds. « Notre couvert assure dès l’été une couverture végétale servant de refuge à la caille des blés, espèce emblématique de notre région. À l’automne, la production de biomasse peut être élevée et le couvert peut être pâturé. » La fédération de chasse de l’Ariège et le conseil régional d’Occitanie participent financièrement au déploiement de cette technique en réduisant le coût des semences à 30-35 €/ha pour les agriculteurs. Près de 360 hectares de ce couvert ont été semés en 2022.

Agglomérer les semences pour améliorer l’épandage

Selon leur poids ou leur dimension, les graines de couverts se prêtent plus ou moins bien à l’épandage à grande largeur (28 m). La solution : les agglomérer ensemble pour les alourdir et les envoyer sur la largeur requise. Agro-Transfert a testé l’utilisation d’un collant (mélasse) et d’un asséchant (argile bentonite, farine…). La proportion d’argile et de mélasse représente chacun entre un quart et un tiers du mélange total comprenant les semences. Les agrégats produits sont suffisamment solides pour ne pas être détruits lors de l’épandage.

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