Crise de la betterave: les élus régionaux montent au créneau
L’impact de l’épidémie de jaunisse sur betterave s’amplifie devant l’absence de solution technique autorisée. Les Régions défendent la filière, pourvoyeuse de valeur ajoutée dans leurs territoires. Écartant un retour des néonicotinoïdes, le gouvernement planche sur un plan d’aides.
L’impact de l’épidémie de jaunisse sur betterave s’amplifie devant l’absence de solution technique autorisée. Les Régions défendent la filière, pourvoyeuse de valeur ajoutée dans leurs territoires. Écartant un retour des néonicotinoïdes, le gouvernement planche sur un plan d’aides.
Comment la filière betterave française survivra-t-elle à l’été 2020 ? Depuis la propagation du virus de la jaunisse sur betteraves, qui ne cesse de s’étendre, les producteurs emmenés par la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) tirent la sonnette d’alarme et multiplient les initiatives : invitation du ministre Denormandie sur le terrain, banderoles le long des champs, questions au gouvernement à l’Assemblée.
Hier, 100 parlementaires et élus régionaux ont publié une lettre ouverte au Président de la République et les représentants des quatre principales régions de production, réunis en conférence de presse, ont demandé une ré autorisation des traitements de semences et un soutien rapide à la filière. Car le temps presse : sur le terrain, les emblavements se décident maintenant. « Nous demandons au gouvernement d’agir extrêmement vite sur l’accompagnement de la filière pour qu’elle puisse être préservée », a affirmé Othman Nasrou, premier vice-président du conseil régional d’Île-de-France.
Un préjudice de 150 millions d’euros pour les betteraviers
« On espère que le gouvernement va répondre vite. En septembre, il sera vraiment trop tard car les emblavements se décident maintenant », a appuyé Marie-Sophie Lesne, Vice-Présidente de la Région Hauts-de-France.
La perte de rendement est aujourd’hui estimée à 30 % de la récolte par la CGB, pour un préjudice estimé à 150 millions d’euros pour les seuls planteurs. « Si nous ne trouvons pas de solution, la filière va tomber comme un château de cartes », a prévenu Franck Sander, président du syndicat. La filière française du sucre de betterave génère 3,5 milliards de chiffre d’affaires et emploie 45 000 personnes.
Une dérogation pour les néonicotinoïdes bien compromise
Mais le mal n’est-il pas déjà fait ? Le ministre de l’Agriculture a affirmé le 29 juillet que « sans modifier la loi, rien n’est possible » pour réautoriser les néonicotinoïdes en traitement de semences. Car leur interdiction a été entérinée par une loi, d'ailleurs votée par l’actuelle ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Interrogée le 23 juillet au micro de France Inter sur le sujet de la crise de la betterave, la ministre n'a pas évoqué les produits phytosanitaires, mais mis en avant la mise en place de taxes sur les produits importés. Quel parlementaire osera vraiment revenir sur l’interdiction des néonicotinoïdes ?
Quant au plan de soutien massif, dont l’efficacité dépendra du montant et de la rapidité, la mise en œuvre devrait être ralentie par la pause estivale. Elle interviendrait au mieux fin août.
Déjà, de nombreux agriculteurs, échaudés par trois ans de crise et peu enclins à vivre d’aides, n’intègrent plus la betterave dans leurs prochains assolements. En deux ans, la sole a déjà fondu de 13 % et le phénomène ne manquera pas de s’accentuer.
Et lorsque le ministre de l'Agriculture affirme à l’assemblée, le 28 juillet que « Jamais, jamais, jamais » il n’abandonnera le secteur de la betterave, ses mots résonnent comme une chanson de Dalida : « Parole, parole, parole. »