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Colza : désherber mécaniquement en complément des herbicides

Bineuse, herse étrille, houe rotative : les outils de désherbage mécanique permettent de détruire les adventices tout en réduisant l’emploi d’herbicides. Conseils d’utilisation et de stratégies sur colza.

Le binage doit s'effectuer sur un sol bien ressuyé et en l'absence de prévision de pluie pour plusieurs jours.
Le binage doit s'effectuer sur un sol bien ressuyé et en l'absence de prévision de pluie pour plusieurs jours.
© Terres Inovia

Réduire son usage d’herbicides grâce au recours à des outils de désherbage mécanique est possible sur colza. L’intérêt est environnemental mais aussi économique avec souvent des associations d’herbicides qui excèdent les 100 euros par hectare sur colza. Terres Inovia a étudié un désherbage mixte combinant un binage réalisé sur l’interrang avec un traitement herbicide localisé sur le rang, réduisant les quantités de produits utilisés.

« Le traitement localisé sur le rang peut se réaliser en prélevée en même temps que le semis avec un kit de pulvérisation installé sur le semoir. Avec les buses au-dessus des éléments semeurs, les jets de pulvérisation arrivent sur la ligne de semis, explique Fanny Vuillemin, chargée d’études sur la gestion intégrée des adventices à Terres Inovia. Cette technique de l’herbisemis permet de réduire l’IFT herbicide de deux tiers. Suivi d’un binage au stade 4-6 feuilles du colza, ce désherbage mixte donne d’aussi bons résultats d’efficacité que les programmes chimiques classiques avec traitement en plein. »

Pour la technique, il faut avoir semé le colza au semoir monograines, avec un interrang large de 45 centimètres au minimum. En intégrant les charges de mécanisation, de main-d’œuvre et de produit, Terres Inovia chiffre le coût de la technique à 114 €/ha contre 144 €/ha avec le désherbage en plein avec un coût de l’herbicide à 100 €/ha. Dans le cas d’un colza semé avec un semoir classique à céréales, un passage de herse étrille est possible à la place du binage à condition de bien régler l’agressivité des dents et d’être en présence d’adventices jeunes.

Utiliser une rampe de traitement localisé pour réduire l’IFT

La spécialiste de Terres Inovia présente une autre possibilité de désherbage mixte : une impasse à la prélevée, un binage à 4-6 feuilles puis un herbicide de rattrapage de post-levée de type Mozzar, Ielo ou Fox, en ajoutant de la propyzamide s’il y a des graminées à détruire en plus des dicotylédones. Ce traitement se fera en localisé avec une rampe de traitement de type Maréchal ou Sopema. Il y a une baisse d’IFT herbicide mais le coût est du même niveau qu’un désherbage classique. Les deux techniques combinées nécessitent un peu plus de temps de travail que le désherbage chimique.

Le désherbage mixte fonctionne bien en situation d’infestation modérée en graminées sur lesquelles les outils de destruction mécanique manquent d’efficacité. « Par contre, le désherbinage qui consiste à traiter sur le rang de la culture levée et à biner en même temps avec un seul et même outil (désherbineuse) n’est pas conseillé car les conditions favorables à ces deux opérations sont rarement réunies, souligne Terres Inovia. Il faut un sol ressuyé et séchant pour le binage et, pour le traitement, une hygrométrie suffisante et l’absence de vent. »

Une utilisation des différents outils en colza biologique

Le désherbage mécanique peut-il suffire à contrôler les adventices en se passant des herbicides ? « En agriculture biologique, un élément clé est d’utiliser la charrue pour éliminer les adventices après la récolte de la céréale précédant le colza, en mettant en profondeur les graines, explique Jean Arino, conseiller spécialisé en bio à la chambre d’agriculture du Gers. Ensuite, la culture du colza exige de bien affiner la terre. Une préparation fine du sol fait office de faux semis. Juste avant le semis, les mauvaises herbes émergentes pourront être détruites avec un passage de herse étrille ou de herse rotative. Une fois le semis réalisé suffisamment tôt en août, un passage de herse étrille pourra être réalisé à l’aveugle avant que le colza ne lève, à savoir trois jours maxi après le semis », poursuit l’expert. Les graines de colza doivent être semées plus profond qu’en conventionnel, à 1,5 cm, de façon à pouvoir résister aux passages de herse étrille et de houe rotative.

Après la levée du colza, le spécialiste ne conseille pas d’interventions jusqu’à 3-4 feuilles. À ce stade, la houe rotative pourra être passée à vitesse modérée de façon à ne pas arracher les pieds de colza, notamment ceux en retard de développement. Un second passage à 8-10 km/h avec cet outil sera réalisé une semaine après. « La herse étrille est une option à 5-6 feuilles du colza, à condition de passer très doucement (2 à 3 km/h) et avec une agressivité minimale des dents, ajoute Jean Arino. Elle peut être utilisée une seconde fois à 7 feuilles du colza. La bineuse avec guidage visera des adventices arrivées à 4 feuilles. Son utilisation est envisageable la dernière semaine de septembre. »

Seulement 2 % des colzas désherbés mécaniquement

La bineuse scalpe bien les plantes développées et déplace de la terre vers le rang, ce qui a pour effet de recouvrir les adventices qui s’y trouvent et de les épuiser. « Idéalement, un colza à 60 centimètres d’écartement couvre bien tout le rang à compter de novembre, ce qui réduit alors la concurrence des adventices », observe Jean Arino.

Une enquête récente de Terres Inovia révèle que le désherbage mécanique n’est utilisé que sur 2 % des colzas. Mais la proportion est davantage importante dans le Sud-Ouest où trois quarts des colzas sont semés avec des semoirs monograines (contre 24 % sur l’ensemble de la France) et où beaucoup d’agriculteurs utilisent les outils de désherbage mécanique pour leurs soja, tournesol et maïs.

Désherber mécaniquement sur un sol bien ressuyé sans pluie

Sur toutes cultures, il est conseillé d’intervenir sur un sol ressuyé avec un outil de désherbage mécanique, avec absence de pluie dans les jours qui suivent pour éviter que les adventices déracinées se repiquent. Les avantages des herses étrille et houes rotatives sont de pouvoir passer en plein mais cela nécessite de bons réglages pour être bien sélectif de la culture. Selon Fanny Vuillemin, Terres Inovia, la houe rotative semble un peu moins efficace que la herse étrille sur les adventices, « sauf sur sols battants plus ou moins limoneux où l’écroûtement du sol par la houe rotative est bénéfique ».

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