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[Marché] Blé tendre : les prix peuvent-ils monter en 2020-2021 ?

La bonne récolte mondiale 2020 de blé tendre permettra d’alimenter la demande sans pour autant regonfler les stocks assez bas des exportateurs. Dans ce contexte similaire à l’an dernier, les prix du blé tendre pourraient retrouver des prix comparables. Mais gare à l’impact imprévisible du coronavirus sur la demande !

La production mondiale tous blés (hors Chine) est stable par rapport à l'an passé, écartant le risque de bilan mondial très déficitaire.
La production mondiale tous blés (hors Chine) est stable par rapport à l'an passé, écartant le risque de bilan mondial très déficitaire.
© Réussir / USDA et Agreste

Une offre mondiale de blé proche de celle de 2019-2020, des grands exportateurs en mesure d’alimenter la demande, mais en finissant avec des stocks étriqués : vu de loin, la trame de la campagne qui débute ressemble fortement au scénario de l’an passé. « Nous restons a priori dans une situation qui n’est ni explosive, ni très lourde », résume Andrée Defois, présidente de Tallage/Stratégie Grains.

Révisions à la hausse de la production russe

Dans le détail, la configuration diffère toutefois de la saison précédente. Il y a bien sûr la mauvaise récolte européenne, et notamment française, qui limitera fortement la capacité d’export de ces origines. À l’inverse, l’Australie fera son grand retour sur le marché mondial après deux années de quasi-absence. La météo sur l’île continent a été jusqu’ici très favorable à une production abondante, susceptible de remonter au sommet après deux récoltes fracassées par la sécheresse.

La mer Noire, Russie en tête, restera un poids lourd de l’export. La prévision de la récolte russe n’a cessé d’être révisée en hausse ces dernières semaines pour avoisiner 80 millions de tonnes (Mt). L’Argentine était bien lancée pour réitérer le bon score de l’an dernier. L’arrivée du sec pourrait néanmoins abaisser les ambitions de ce pays à l’export.

Une prime au blé européen pour rationner la demande

« Vu sa production, la France va devoir rationner la demande, mais dans un contexte de disponibilité importante chez les concurrents, explique Alexandre Marie, directeur des marchés du groupe Vivescia. On n’attend donc pas un effondrement des prix et l’on peut envisager de maintenir une prime d’une quinzaine de dollars face au blé de la mer Noire. » La Russie occupera vraisemblablement le terrain au moins toute la première moitié de campagne.

Mais, une fois la pression de récolte passée, pas sûr que le géant russe s’engage sur des prix extrêmement agressifs : une grande part de son surplus exportable se trouve à l’intérieur des terres, générant des coûts de fret. De plus, « malgré un plus grand nombre d’origines disponibles cette année, il y aura besoin de tout le monde pour alimenter la demande mondiale, analyse Andrée Defois. Il ne sera donc pas nécessaire que la Russie et l’Australie se fassent la guerre ».

Le retour attendu du blé australien sur le marché asiatique

Sur la deuxième moitié de campagne, l’hémisphère sud prendra le relais, sauf accident de récolte. Au point de faire pression sur les prix ? Cela dépendra du volume final. L’Australie retrouvera très probablement son rang de fournisseur privilégié de l’Asie. Dans ce cas, le blé argentin devra mettre le cap vers l’Afrique du Nord.

De toute façon, l’Europe n’aurait pas été en mesure de tenir ses parts de marchés historiques sur ce marché traditionnel, compte tenu de sa petite récolte. Les exportations françaises devraient ainsi chuter fortement après le record atteint en 2019-2020.

Des prix sous l'influence du taux de change et de la Covid-19

Reste deux inconnues de taille. Le taux de change, bien sûr, mais aussi l’évolution de la situation sur le front de la Covid-19, dont l’impact sur l’économie et sur la demande alimentaire est imprévisible. La solvabilité des États nord-africains pose question. L’Algérie sera-t-elle en mesure d’importer tout ce dont elle a besoin, malgré les prix bas du pétrole asséchant ses finances publiques ? Et les pays très dépendants du tourisme, comme le Maroc, devront-ils appuyer sur la pédale de frein à l’import ? Après avoir scruté les récoltes, il faudra bien vite se pencher sur les rythmes d’achats.

 

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