Céréales : « Il ne faut pas abandonner notre capacité de production », alerte l’AGPB
Lors de leur conférence de presse de rentrée, les représentants des producteurs de blé ont fait le point sur le « millésime encourageant » de 2021 et alerté sur les conséquences des baisses de production qu'entraineraient l'application de la stratégie européenne "de la ferme à la table".
Lors de leur conférence de presse de rentrée, les représentants des producteurs de blé ont fait le point sur le « millésime encourageant » de 2021 et alerté sur les conséquences des baisses de production qu'entraineraient l'application de la stratégie européenne "de la ferme à la table".
Une année particulière. L’AGPB a dressé le 7 septembre le bilan d’une année et d’une récolte pas comme les autres. Tardive, entrecoupée et compliquée, la moisson est parfois tout juste terminée. Si le revenu des agriculteurs devrait doubler cette année sous l’effet d’un couple rendement-prix favorable, Éric Thirouin, président de l’AGPB, a exprimé ses inquiétudes devant une production de blé tendre malmenée par les effets du dérèglement climatique. « Les tensions sur les marchés des matières premières sont dues aux aléas climatiques chez nos concurrents sur le reste de la planète », a-t-il observé. En France, les producteurs se souviennent des raisons qui ont vu l'an dernier la chute de leurs rendements : les caprices du climat.
Le numéro un du syndicat agricole s’est ainsi inquiété de la stratégie Farm to Fork (De la ferme à la table) déployée par la commission européenne, visant à réduire nos émissions de carbone. Ce Pacte Vert pourrait induire une baisse de la production de grains de 10 à 15 % d’ici à 2030, selon des projections établies par le centre de recherche de la Commission européenne. « Cette diminution de la production céréalière, avec pour corollaire une chute progressive mais inévitable de la production alimentaire, engendrera énormément de tensions sur les marchés internationaux et au sein des pays les plus fragiles », selon Éric Thirouin.
La faim contribue aux émeutes
Sur ce sujet, l’AGPB est vent debout. « La stratégie de la commission n’est pas la souveraineté alimentaire », a déploré Éric Thirouin. « Il faut regarder au-delà de nos frontières. Un certain nombre de pays du sud Méditerranée sont chroniquement déficitaires en céréales », a abondé Philippe Eusele, secrétaire général de l’AGPB. Avec la crainte que la hausse des prix ne provoque de nouvelles émeutes de la faim, comme en 2008.
Dans le contexte de réchauffement climatique, le président de l’AGPB a rappelé que l’agriculture était un secteur précieux pour capter du carbone tout en assurant sa fonction nourricière. « Le monde agricole est une victime du réchauffement climatique. Il est aussi la solution. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas abandonner notre capacité de production. Il est indispensable qu’on puisse améliorer notre empreinte sur l’environnement mais il ne faut pas le faire en diminuant nos capacités de production. » En rémunérant les pratiques agricoles vertueuses et responsables, les crédits carbone devraient permettre de faire évoluer rapidement l’agriculture.
Quid de la réduction des phytos, réclamée par toutes les composantes de la société ? « C’est par la recherche et l’innovation qu’on trouvera les solutions pour réduire les phytos. L’enjeu n’est pas de revenir à la binette. On ne trouve déjà personne pour travailler dans les vignes ou les vergers », remarque Éric Thirouin. Vu les tarifs des matériels high-tech, il est à souhaiter que les revenus des céréaliers restent durablement dans le vert.
La réforme de l’assurance pour plus de résilience
Pour sécuriser les revenus des producteurs de grandes cultures malmenés par les aléas climatiques, l’organisation syndicale place beaucoup d’espoir dans la réforme de l’assurance récolte, telle que proposée dans le rapport Descrozaille. Celle-ci devrait se concrétiser dans la prochaine loi de finances.
Les propositions prévoient notamment une articulation entre l'assurance récolte et le fonds Calamité (auquel les grandes cultures seraient de nouveau éligibles), avec un abondement renforcé de l’État. « Nous attendons des actes concrets pour cet automne. L’enjeu est d’accéder au dispositif des calamités et d’avoir une contribution nationale. »