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Betteraves/néonicotinoïdes : un projet d’arrêté contraignant pour les rotations

Le projet d’arrêté encadrant l’usage des néonicotinoïdes en traitement de semences sur betteraves vient d’être publié pour consultation publique. Il inclut des conditions restrictives sur la rotation, comme l’interdiction du colza pendant deux ans après betteraves.

Betteraves touchées par la jaunisse en 2020 - La dérogation pour l'utilisation des néonicotinoïdes va s'accompagner de restrictions fortes concernant la rotation. Reste à savoir si cela dissuadera les planteurs de maintenir leurs surfaces en betteraves. © G. Omnès
Betteraves touchées par la jaunisse en 2020 - La dérogation pour l'utilisation des néonicotinoïdes va s'accompagner de restrictions fortes concernant la rotation. Reste à savoir si cela dissuadera les planteurs de maintenir leurs surfaces en betteraves.
© G. Omnès

La culture du colza, de féverole et de pois interdite pendant deux ans après des betteraves traitées aux néonicotinoïdes (NNI), pendant un an pour le maïs et pommes de terre… La publication du projet d’arrêté encadrant l’usage des NNI risque de doucher un peu le soulagement provoqué au sein de la filière par l’adoption définitive de la loi autorisant les NNI pour trois ans.

Les mesures obligatoires contenues dans l’arrêté soumis à consultation publique par le ministère de l’Agriculture le 4 janvier pourraient en effet dissuader certains planteurs de maintenir les surfaces en betteraves. De quoi également confirmer les craintes des producteurs de plantes riches en protéines, qui s’inquiétaient lors de leur assemblée générale de l’impact sur les surfaces de colza du retour des néonicotinoïdes.

Le ministre de l’Agriculture avait prévenu lors de son allocution à l’assemblée générale de la CGB, en décembre dernier : l’arrêté reprendrait les recommandations émises par l’Anses. Dans son avis publié le 4 janvier, l’agence note que les risques pour les pollinisateurs engendrés par le retour des NNI sur betteraves sont faibles pour la majeure partie des modes d’exposition, à l’exception de la contamination par les cultures suivantes.

La betterave ne constitue pas de danger en elle-même, puisque récoltée avant floraison, et les risques sont jugés faibles en ce qui concerne l’exposition par les adventices en fleurs, les plantes de bords de champ, les flaques ou encore l’exposition via la guttation de certaines cultures.

Une exposition au risque concentrée sur les cultures suivantes

En revanche, souligne l’avis, « sur la base des conclusions de l’EFSA, un risque pour les abeilles domestiques, les bourdons et les abeilles solitaires ne peut être exclu en cas d’exposition de ces organismes à des résidus de thiamethoxam via les cultures suivantes. Il en est de même pour les bourdons et abeilles solitaires exposés via les cultures suivantes à des résidus d’imidaclopride. De ce fait, des mesures d’atténuation du risque doivent être mises en oeuvre afin de limiter l’exposition des insectes pollinisateurs via les cultures suivantes. »

Faute de données suffisantes pour conduire « une analyse fine permettant d’identifier les cultures pouvant entrer dans les rotations pour lesquelles une exposition au nectar ou au pollen ne conduirait pas à des effets inacceptables », l’Anses a appuyé ses recommandations sur un indicateur bâti par l’Institut technique de la santé de l’abeille (ITSAP). Cet indicateur prend en compte le type de ressource collectée, le niveau d’attractivité, et la probabilité de rémanence en fonction du positionnement dans la rotation après semis de betteraves sucrières.

Sur la base de cet indicateur, les préconisations de l’Anses, reprises dans le projet d’arrêté, sont les suivantes :

Après une culture en 2021 de betteraves sucrières dont les semences ont été traitées avec de l’imidaclopride ou du thiamethoxam, seules les cultures suivantes (incluant les cultures intermédiaires) peuvent être semées, plantées ou replantées :

  • À partir de l’année 2022 : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, fétuque (semences), moha, oignon, orge, ray-grass, seigle ;
  • À partir de l’année 2023 : chanvre, maïs, pavot/oeillette, pomme de terre ;
  • À partir de l’année 2024 : colza, cultures fourragères mellifères, cultures légumières mellifères, féverole, lin fibre, luzerne, moutarde tardive, phacélie, pois, radis, tournesol, trèfle, vesce.

Pour la filière colza, voilà de quoi assombrir un peu plus l’horizon : près du quart de la surface nationale de betteraves est suivie, deux ans après, de colza, pratique interdite par l'arrêté après des betteraves traitées aux néonicotinoïdes. Autour de 100 000 hectares sont donc concernés. Environ 25 % de la surface en colza se situe dans les zones betteravières.

Un recours strict aux équipements de protection individuelle

À ces règles sur la rotation, l’arrêté ajoute des exigences sur le port d’équipements de protection individuelle (EPI).

Lors du chargement et du nettoyage du semoir :

  • Gants en nitrile certifiés EN ISO 374-1/A1 ou EN 16523-1 + A1 (type A) ;
  • EPI vestimentaire conforme à la norme NF EN ISO 27065/A1 (combinaison ou ensemble veste + pantalon) ;
  • EPI partiel (tablier à manches longues ou blouse) de catégorie III type 3 (PB) porté sur le vêtement de travail ;
  • Bottes de protection conformes à la norme EN 13 832-3 ;
  • Protection respiratoire certifiée minimum P2 ;
  • Lunettes de protection ou écran facial certifié EN 166 (CE, sigle 3).

Lors du semis :

  • Gants en nitrile certifiés EN ISO 374-1/A1 ou EN ISO 374-2 (types A, B ou C) à usage unique ;
  • Gants en nitrile certifiés EN ISO 374-3 en cas d’intervention sur le semoir ;
  • EPI vestimentaire conforme à la norme NF EN ISO 27065/A1 (combinaison ou ensemble veste + pantalon).

Lors de toute manipulation des semences traitées :

  • Gants en nitrile certifiés EN ISO 374-1/A1 et EN 16523-1 + A1 (type A).

L’arrêté prévoit également de limiter la floraison des adventices dans les cultures suivant les betteraves traitées, de s’assurer que les semences traitées sont entièrement incorporées dans le sol, notamment en bout de sillon, et que l’équipement de semis assure un degré élevé d’incorporation dans le sol et des émissions de poussières réduites au minimum (semoir mécanique ou semoir pneumatique à déflecteur).

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