Analyse de sol : « l’outil Sycas m’aide à traduire les données en préconisations concrètes »
Mis au point pour le GIEE Magellan dans la Nièvre, l’outil Sycas accompagne les agriculteurs dans l’interprétation de leurs analyses de sol, pour planifier au mieux les apports d’engrais et d’amendements.
Mis au point pour le GIEE Magellan dans la Nièvre, l’outil Sycas accompagne les agriculteurs dans l’interprétation de leurs analyses de sol, pour planifier au mieux les apports d’engrais et d’amendements.
Comment rendre intelligible une analyse de sol ? « L’analyse informe sur la quantité d’un élément à fournir sur sa parcelle mais sans préciser quand effectuer l’apport dans une rotation culturale ou sous quelle forme de produit », observe Jérôme Séguinier, agriculteur à Vauclaix dans la Nièvre et président du GIEE Magellan. Soucieux de la fertilité de ses sols, le producteur ne remet pas en cause l’utilité des analyses de sol qu’il réalise tous les trois ans sur ses parcelles. Mais l’arrivée de l’outil Sycas en juin 2021 lui apporte une aide précieuse pour traduire les résultats en préconisations de fertilisation et d’amendement.
Sycas (système de culture et comprendre son analyse de sol) est un tableur fonctionnant sur Excel. « L’idée de l’outil est de piloter ses amendements et sa fertilisation à l’échelle de la rotation culturale, sur la base des caractéristiques de la parcelle et de son analyse de sol », présente Michael Geloen, ingénieur chez Terres Inovia et concepteur de l’outil.
Un plan de chaulage sur la longueur d’une rotation culturale
Les agriculteurs du GIEE Magellan, que Michael Geloen suit, sont en semis direct pour la plupart et effectuent régulièrement des analyses de sol. « Ils n’en exploitent pas forcément les résultats de manière optimale. Comment passer par exemple d’un résultat de pH à une quantité d’amendement basique à mettre dans sa parcelle ? Ce n’est pas toujours évident, remarque Michael Geloen. Les apports sont souvent réalisés de façon empirique. » Fort de ce constat de données d’analyses de sol sous exploitées, il s’est lancé dans la conception de l’outil Sycas. Par ailleurs, l’optique du GIEE est de fournir des outils rendant les agriculteurs autonomes dans leurs décisions.
L’outil Sycas permet de réaliser un plan de chaulage et d’affiner ses apports de phosphore, potassium et magnésium (PKMg). Il propose également un bilan humique simplifié et apporte un diagnostic du statut de la matière organique dans le sol avec, à la clé, des préconisations d’apports organiques selon les produits et les cultures de la rotation que l’on choisit dans des menus déroulants. Il est basé sur les normes Comifer pour le PK, le pH et la plupart des valeurs. Il est disponible en libre accès sur le site de Terres Inovia.
Jérôme Séguinier a participé à la conception de l’outil. Dans le Morvan, l’agriculteur exploite des parcelles avec des sols sablo-limoneux à pH acide, entre 5,5 et 6. « Le sol a tendance à s’acidifier de manière naturelle avec une roche mère granitique. Le pH doit être corrigé. Pour cela, j’apporte du calcaire broyé, explique-t-il. Sur un sol à pH de 6 et une rotation comportant des prairies temporaires, du blé tendre et de la betterave ou maïs sur cinq ans, Sycas m’a calculé le besoin en CaO et la quantité correspondante en calcaire broyé avec un apport conseillé tous les cinq ans dans l’objectif de maintenir le pH à 6. »
Une aide pour planifier les apports de produits organiques et engrais
Pour le fonctionnement de Sycas, il faut au préalable avoir saisi toutes les données caractéristiques de chacune des parcelles que l’on veut suivre (surface, mode de gestion du sol, données de l’analyse de sol). Il comporte des explications ou des informations sur le comportement de son sol.
« Avec cet outil, nous pouvons visualiser les répercussions de nos pratiques, avec par exemple des graphiques simulant l’impact des apports de phosphore et de potassium en termes de balance PK sur chacune des cultures d’une rotation de cinq ans, en fonction des produits utilisés, du type de sol et de sa région, souligne Jérôme Séguinier. Le fumier de mon élevage couvre les besoins d’une partie de mes champs en PK ; pour les parcelles restantes, je dois recourir à des engrais minéraux. Sycas m’aide à planifier tous ces apports. » Un fichier PDF intègre toutes les simulations et ce qu’il est prévu de faire sur sa parcelle.
Le bilan humique simplifié proposé par l’outil lui est utile également. « Mes parcelles se situent à 3 % de matière organique (MO). J’exporte mes pailles et je les restitue sous forme de fumier. Sycas me fournit une simulation de l’évolution de la teneur en MO entre les pertes et les apports chaque année. Cela permet de voir si mes pratiques sont dégradantes ou pas. » L’agriculteur a récemment repris une soixantaine d’hectares de parcelles en prairie dont il s’attend à devoir corriger le pH et la MO. « Dans cette situation, l’outil prend tout son sens. Il m’aidera à orienter mes pratiques au mieux pour améliorer la situation de ces sols. »
EN CHIFFRES
Une ferme tournée vers l’élevage
20 ha de blé ou triticale, 10 de maïs ensilage, 30 de méteil (triticale, avoine, pois fourrager, vesce, trèfle incarnat), 100 de prairies temporaires, 150 de prairies permanentes.
Élevage : 150 mères limousine
15 à 25 cm de profondeur d’un sol sablo-limoneux et de faible réserve utile
45-60 q/ha de potentiel de rendement en blé
Les oligoéléments pris en compte prochainement
Une prochaine version de Sycas devrait être opérationnelle à l’automne 2023. Elle intégrera un module sur les oligoéléments. « Pour certains d’entre eux, nous manquions de références pour le pilotage de leurs apports, comme des teneurs seuils par rapport au type de sol et aux exigences des cultures », relève Michael Geloen, Terres Inovia. L’outil comportera également un module économique pour estimer le coût de ces apports.