« Grâce à la désileuse automotrice en Cuma, nourrir mes 100 vaches laitières me coûte 16 euros les 1 000 litres »
Dans les Côtes-d’Armor, l’EARL du Palais délègue préparation et distribution de la ration des laitières à la Cuma désilage. Entre la facture et le temps libéré, l’éleveur y trouve son compte.
Dans les Côtes-d’Armor, l’EARL du Palais délègue préparation et distribution de la ration des laitières à la Cuma désilage. Entre la facture et le temps libéré, l’éleveur y trouve son compte.
Huit heures, la désileuse automotrice de la Cuma Ménédésil arrive dans la cour de l’EARL du Palais, à Plœuc-sur-Lié. Quinze à seize minutes plus tard, elle doit être repartie. Entre les deux, Éric Moisan, le chauffeur, a préparé et distribué la ration des cent prim’Holstein. À cette cadence, Frédéric Le Gallais maîtrise l’addition. « Je délègue l’alimentation des laitières à la Cuma, qui facture à la minute. Cela me coûte 15,83 euros les 1 000 litres. C’est rentable », cadre l’éleveur.
Fiche élevage
L’EARL du Palais
• 100 prim’Holstein à 34-36 kg de lait
• 1 million de litres de lait
• 2 associés + 1 apprenti
• 120 ha
• Ration des laitières : 32 kg maïs, 3,3 kg d’enrubannage, 1,8 kg de maïs grain sec, 4,8 kg de soja, 350 g de complément minéral liquide, 50 g de sel
• Coût de la ration : 126 €/1 000 l de coût alimentaire + 15,83 €/1 000 l de désilage
Trois minutes pour 200 litres d’eau : « C’est trop long »
« Le coût du désilage est découpé en deux : temps de chargement et temps de déchargement. » Alors, quand Éric Moisan arrive, il faut que les composants de la ration soient prêts pour la mélangeuse automotrice : enrubannage, soja, maïs grain, concentrés, minéraux. « Je prépare la veille, rapporte Frédéric Le Gallais. Tout est pesé et benné à côté de la balle d’enrubannage, au pied du silo. Cela me prend entre cinq et dix minutes. S’il pleut, je couvre avec une bâche. » Le travail de préparation comprend aussi le débâchage du front d’attaque du silo. Car le chauffeur ne sort pas de sa cabine : il charge, désile et pèse une ration enregistrée sur le tableau de bord de la machine.
Ensuite, Éric Moisan ajoute l’eau pour mélanger le bol. « Là je perds du temps, car la pompe n’est pas efficace. Il faut trois minutes pour 200 litres. Avec une autre pompe, ce temps pourrait descendre à trente secondes. » La désileuse met une minute et trente secondes pour aller du silo à la table d’alimentation. Une fois arrivé, le chauffeur entre le code qui bascule le compteur temps en mode distribution. En trois minutes, le bol est distribué. « Il faut que les espaces extérieurs soient aménagés avec de la place pour que la désileuse puisse tourner, et de la hauteur dans les bâtiments pour qu’elle entre. »
Juste avant que la désileuse n’arrive, Frédéric Le Gallais a nettoyé la table d’alimentation. Trois fois rien à enlever. « La ration est prévue pour que les vaches aient à manger pendant vingt-quatre heures. Donc il faut qu’il en reste trente minutes avant le retour de la désileuse. Sinon, c’est que la ration est trop faible. Comme tout est pesé, je sais ce que je fais. » Le samedi, la désileuse distribue pour deux jours. Les trajets entre les fermes sont mutualisés par les adhérents.
« Je gagne une heure par jour »
L’opération coûte, à la journée, « 46 euros hors taxes », chiffre Frédéric Le Gallais. « Si je devais avoir deux tracteurs, un bol mélangeur et que je compte trente minutes de désilage, à raison de 25 à 30 euros par heure par tracteur, cela revient au même prix. Là je gagne au moins une heure le matin car je n’ai pas le travail à faire. » Il poursuit : « Le jour où une vache a un problème, je peux m’en occuper en sachant que le troupeau aura à manger. Cela libère du temps pour nettoyer, nourrir les veaux, etc. »
Depuis douze ans qu’il adhère au groupe, Frédéric Le Gallais ne le regrette pas. « Il faut accepter de payer une facture de 1 600 euros à la Cuma tous les mois. Mais je ne suis pas embêté par l’entretien du matériel, une panne ni quoi que ce soit d’autre. Tout est mutualisé. Et mes vaches mangent une ration de qualité, homogène, bien mélangée. Je pense que cela joue sur la performance laitière. »
Les plus et les moins
+
Tranquillité
Régularité de l’alimentation des vaches
Matériel performant et entretenu
-
Coût d’investissement du matériel
La Cuma Ménédésil : 8,8 millions de litres de lait et 12 adhérents
La Cuma compte deux désileuses automotrices, pour 8 820 000 litres de lait et 936 heures de prestation facturées. Les exploitations adhérentes produisent entre 1,4 million et 350 000 litres de lait. « Nous avons investi dans une deuxième machine, car la tournée était trop grande et finissait à midi. Avec deux machines, nous minimisons aussi le risque de panne », justifie Frédéric Le Gallais, également trésorier de la Cuma. La tournée à laquelle il appartient compte vingt kilomètres. Le chauffeur la réalise entre deux et trois heures, selon la saison et le nombre d’animaux. « Il passe entre quinze et dix-huit minutes par ferme. Je vérifie tous les temps. À une ou deux minutes près, cela ne bouge pas d’un mois sur l’autre. »
Quand l’automotrice est achetée par la Cuma, les éleveurs s’engagent pour la durée d’amortissement. « Nous avons eu des années où nous étions moins nombreux. On a tous augmenté en lait pour diluer les charges. » En 2022, la dernière machine a été achetée au prix de 199 400 euros.