« Vers des vergers 2D plus étroits et plus rentables »
Laurent Roche, ingénieur CTIFL spécialiste de la conduite des vergers de fruits à pépins, nous explique la notion de verger 2D.
A quoi correspond cette nouvelle notion de verger 2D ?
« La notion 2D exprime la volonté de concevoir des haies fruitières plus étroites, mais tout aussi performantes en termes de production et de qualité des fruits. Une haie de faible épaisseur facilite l’ensemble des travaux du verger : la taille, l’éclaircissage, les applications des produits phytosanitaires, et surtout la récolte des fruits en réduisant les temps de travaux. Les conduites en 2D permettent une meilleure maîtrise de la canopée des arbres durant la vie du verger. L’objectif est de disposer d’un volume défini et définitif durant le vieillissement du verger grâce notamment au renouvellement des branches fruitières ou à la taille mécanique. Bien que le terme 2D soit usurpé, celui-ci exprime des haies fruitières plus étroites et mieux adaptées au développement de la mécanisation en arboriculture. »
Quelles sont les innovations qui ont permis cette évolution ?
« Cette évolution est liée au développement de nouveaux cultivars plus colorés, mieux adaptés à la culture en haie fruitière, à l’arrivée d’une nouvelle offre de porte-greffe plus productive. Par ailleurs, la créativité des pépiniéristes permet de disposer désormais de plants fruitiers préformés sur un ou plusieurs axes. Ce type de plants qui offre des anticipés mieux placés nécessite peu ou pas de formation de l’arbre au verger et facilite le développement de la haie dans le plan au lieu d’un volume. L’ingénierie des agro-équipementiers avec l’arrivée de nouveaux outils comme les lamiers, les plateformes polyvalentes, les outils d’éclaircissage mécanique et même des effeuilleuses, participe également à cette évolution. Enfin, les résultats d’expérimentation et les premières expériences professionnelles démontrent que l’on peut encore améliorer la production sur le plan quantitatif et qualitatif dans les bassins de production français. »
Quels seront les changements les plus importants dans ces nouveaux vergers ?
« Les principaux changements seront la conception du verger (distances de plantation entre rangs et entre arbres), l’utilisation de plants préformés biaxes et l’utilisation de nouveaux porte-greffes. On se dirige vers des densités de 2 300 à 2 500 arbres/ha mais avec un nombre d’axes/ha beaucoup plus important. L’objectif est d’optimiser rapidement l’interception lumineuse, accroître la mise à fruits et la production. L’objectif est d’aller vers une simplification de la taille. Ces vergers permettront l’utilisation plus accrue d’outils mécaniques. Pour tous les travaux du verger, des solutions de mécanisation seront développées : désherbage, éclaircissage, effeuillage, des assistances à la taille et à la récolte. Les interventions humaines devraient également être optimisées par le développement de la robotique collaborative « cobotique ». En revanche, l’implantation de ces vergers nécessitera un investissement plus élevé. Mais on peut s’attendre à un niveau de rentabilité plus élevé et plus rapide au regard des premiers résultats économiques déjà obtenus. »