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Patate douce : des pistes pour améliorer la compétitivité de la production française

La production nationale de patate douce est très modeste en comparaison des importations. Devant le succès de ce produit, la pérennité de la filière française est possible si elle parvient à gagner en compétitivité.

En pleine saison de patate douce, la production française ne couvre que 40 % de l’offre totale nationale. © RFL
En pleine saison de patate douce, la production française ne couvre que 40 % de l’offre totale nationale.
© RFL

Le succès actuel de la patate douce ne se dément pas. Désormais, 72 % des détaillants proposent de la patate douce dans leurs rayons, selon un article d’Infos CTIFL consacré à ce produit. Mais la production française est très minoritaire face aux importations. Les volumes importés en France ont triplé entre 2014 et 2017. Ceux-ci représentent environ 46 000 t. Les principaux exportateurs vis-à-vis de la France, les États-Unis (36 %), l’Espagne (25 %) et Israël (10 %), ne sont pas les principaux pays producteurs.

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« L’augmentation de la demande en patate douce, renforcée par l’intérêt des consommateurs pour les productions locales ainsi que le développement de variétés adaptées à notre contexte climatique laissent penser qu’il y a une place pour une production française », soulignent Maxime Davy, Arnaud Magnon (CTIFL) et Thibault Nordey (Terre d’essais), les auteurs de l’article. Ceux-ci précisent que si les premières initiatives de production française de patate douce venaient surtout de producteurs en circuits courts, on observe aujourd’hui un intérêt croissant des organisations de producteurs spécialisés pour approvisionner ce produit en circuit long.

Une compétitivité incertaine

Les données issues du projet CTIFL « Analyse de l’Offre » permettent de visualiser la part de l’origine France dans l’offre au stade détail. « Le calendrier de disponibilité de l’offre française met en évidence deux points marquants, indiquent les auteurs. Même en pleine saison de patate douce, de septembre à janvier, la production nationale ne couvre que 40 % de l’offre totale ». Le marché intérieur pourrait donc absorber davantage de production d’origine française, sous réserve que celle-ci soit suffisamment compétitive. Par ailleurs, le faible taux d’origine France de février à juillet laisse entrevoir un fort intérêt de la conservation.

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Ainsi, sur les 350 points de ventes évalués dans l’étude, la présence dans les rayons de patates douces origine France est inexistante sur les mois de mai à juillet. Durant cette période, les prix de vente au détail sont bons en AB (4,21 € en moyenne) comme en conventionnel (3,30 €). De plus, la production nationale, AB et conventionnelle, présente un prix de vente supérieur de 10 % en moyenne par rapport aux produits d’importation.

Mais l’instabilité de la production et les prix d’importation fluctuant entre 1 et 2 €/kg prix de gros rendent la compétitivité de la filière française incertaine. Un programme d’expérimentation, commun entre le CTIFL et la station Terre d’Essais, a été initié en Bretagne pour quantifier ce risque économique et identifier des itinéraires techniques permettant de le contenir. Cinq axes de travail ont été identifiés pour améliorer les performances de la filière française (voir encadré).

D’après Infos CTIFL n°370 La patate douce française - Vers une filière pérenne ? (Maxime Davy, Arnaud Magnon (CTIFL) et Thibault Nordey (Terre d’essais))

Cinq axes pour améliorer la compétitivité

1. Sécuriser et améliorer la production. La perte de plants lors de la reprise, des attaques de ravageur sur les tubercules et le pourrissement des tubercules lié à une récolte tardive sont les principaux éléments pouvant dégrader le potentiel de production. La sécurisation de la production semble reposer sur le calendrier de production (date de plantation et date de récolte), la gestion des ravageurs et l’utilisation de variétés adaptées (précocité).

2. Réduire les coûts de production. Le coût des plants est le poste de charge le plus important et constitue la première voie de réduction des coûts de la culture. Les producteurs de plants font des efforts en ce sens. Il est aussi possible de produire ses plants à la ferme ou de diminuer les densités de plantation.

3. Améliorer la conservation. Actuellement, la conservation de la patate douce française est difficile à partir de janvier. Améliorer les techniques de conservation aurait pour double avantage d’élargir la période de commercialisation et de limiter les effets délétères liés à la volatilité des prix.

4. Diversifier l’offre. La grande majorité de l’offre actuelle se limite à la patate douce peau orange/chair orange. Etudier les possibilités d’élargir la gamme permettrait à moyen terme de segmenter le marché et renforcer la pérennité de la filière.

5. Soutenir la production AB. En France, les moyens de production et les performances techniques de la patate douce sont très similaires en agriculture conventionnelle et biologique. La plupart des nouveaux acquis techniques obtenus grâce à l’expérimentation sont donc valables pour les deux systèmes. Dans ce contexte, la pérennité de la filière AB semble plus facilement atteignable.

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